MONTRÉAL – L’Impact s’accrochait à une fragile avance d’un but avec trois minutes de temps réglementaire à écouler au tableau indicateur, samedi dernier, quand Mauro Biello a signifié au quatrième officiel son intention d’effectuer une troisième et dernière substitution.

Dans de pareilles circonstances, son prédécesseur, Frank Klopas, avait l’habitude de jouer une carte conservatrice, priorisant la protection des acquis. Mais à sa première sortie comme nouveau maître à bord, Biello a décidé d’aller dans une direction opposée. À la 87e minute, alors que son club menait 4-3, il a rappelé le milieu de terrain Justin Mapp au banc pour le remplacer par son deuxième meilleur buteur, l’attaquant Dominic Oduro.

Aussi bien s’habituer. Mardi, après avoir dirigé un entraînement dynamique visant à préparer ses troupes pour un difficile voyage sur la côte ouest américaine, Biello a affirmé qu’il s’agissait des premiers signes de la nouvelle philosophie qu’il désire implanter au sein du onze montréalais.

« On a des joueurs avec certaines qualités et je veux que ces joueurs-là s’expriment quand ils entrent sur le terrain, a-t-il dit. La décision de faire quelques changements a pour but d’apporter un peu de fraîcheur au match, mais avec de la qualité. Oui, c’était 4-3 et c’était un match avec beaucoup de buts. Mais je me disais que si on poussait pour aller en chercher un cinquième, ça serait terminé pour Chicago ».

Oduro n’est pas parvenu à faire fructifier la stratégie de son patron, mais a été au cœur de quelques menaces et sa présence a aidé l’Impact à contrôler le jeu jusqu’au dernier coup de sifflet.

« Vous pouvez le voir à l’entraînement : on tente d’attaquer, d’attaquer et d’attaquer encore plus, fait observer le Ghanéen. Et c’est ce que nous devons faire. On dit souvent que la défensive est la meilleure attaque, mais je ne suis pas toujours en accord avec ce dicton. Au soccer, une fois que vous parvenez à marquer, vous êtes en contrôle du match. C’est la mentalité que Mauro essaie de nous inculquer. Quand on tient l’adversaire dans un coin, il faut frapper pour l’achever. C’est ce qu’on a voulu faire lors de notre dernier match. C’est là notre nouvel objectif, la nouvelle direction que l’équipe veut emprunter et je crois que tout le monde adhère au plan. »

« La phase défensive est importante et on va continuer d’y travaille, précise Biello. Mais j’ai dit à mon groupe qu’on doit être une équipe qui croit qu’elle peut compter à n’importe quel moment dans un match et ça, c’est une attitude. Si on a cette attitude, je pense qu’on va avoir une meilleure chance de gagner. »

Biello est en poste depuis à peine une semaine, mais son équipe semble déjà bien imprégnée de son influence. Celui qui a été entraîneur-adjoint pendant plus de cinq ans avant d’obtenir son premier rôle principal semble avoir rapidement su relayer ses objectifs et faire comprendre ses nouvelles attentes à son groupe.

« Depuis que Mauro a pris le relais, l’ambiance n’est plus la même. Tout est très positif, a remarqué le vétéran Nigel Reo-Coker. On croit davantage en nos moyens et on a confiance en ce qu’on peut accomplir plutôt que de se concentrer sur l’identité de nos adversaires. Notre énergie est investie aux bons endroits. »

« Avec Mauro, tout est fait avec rythme, renchérit le gardien Evan Bush. Les entraînements coulent bien, les rencontres coulent bien. Parfois, quand les mêmes personnes sont en place depuis un moment, des habitudes s’installent. Mais Mauro est très ponctuel dans tout ce qu’il veut accomplir, il est très énergique et ça se transmet sur notre rendement sur le terrain. »

Drogba : plus que des buts

La présence de Didier Drogba dans la formation pour la totalité du match contre le Fire de Chicago a bien évidemment donné un bon coup de main à l’Impact dans l’implantation de sa « nouvelle » philosophie. Un attaquant qui remplit le filet adverse à ce rythme – Drogba a inscrit un tour du chapeau à son premier départ en MLS – fera paraître tout entraîneur pour un génie!

L'effet Drogba

Mais la contribution de la légende ivoirienne ne s’est pas fait sentir que dans le tiers offensif. À l’autre bout du terrain, Evan Bush a pu apprécier les nuances du jeu du joueur désigné, qui met régulièrement son imposant gabarit au service de la défensive.

« C’est une bête, s’épate le cerbère. En fait, si vous lui posez la question, il vous dira que c’est l’un des aspects du jeu duquel il retire beaucoup de fierté. Il est un as pour nettoyer la surface sur les coups de pieds de coin et comme gardien de but, c’est un plaisir de pouvoir compter sur lui sur les dégagements. Avant, je devais viser les côtés et être très précis pour arriver à atteindre des joueurs plus petits comme Dilly [Duka] ou [Andrés] Romero. Maintenant, je n’ai qu’à viser approximativement en direction de Didier et je sais qu’il sortira avec le ballon. »

« On en parlait justement dans le vestiaire après le match, raconte Dominic Oduro, tout aussi enchanté par l’efficacité de Drogba dans la gestion du trafic aérien. Chaque fois que je voyais une balle dans les airs, je me régalais en sachant qu’il mettrait la tête dessus. Chaque petite déviation en ma direction a le potentiel d’être une contre-attaque. On l’a pratiqué un peu aujourd’hui. C’est une autre option au besoin, une carte à garder dans notre jeu. »

« C’est peut-être un aspect qui passe inaperçu aux yeux de plusieurs spectateurs, mais pour nous, c’est très important dans notre quête de garder possession du ballon et d’en garder le contrôle dans le territoire ennemi », ajoute Bush.

« Quand un gars comme Didier Drogba, qui n’a pas encore trouvé son rythme et qui n’est pas à 100% de sa forme physique, revient en défensive pour dégager des ballons, ça en dit long sur la mentalité et le leadership qu’il apporte. Ces choses-là vont se transmettre au reste des joueurs », se réjouissait Biello.