Passer au contenu principal

RÉSULTATS

Zorhan Bassong, revenant en équipe nationale : « J'ai envie de tout arracher »

Zorhan Bassong Zorhan Bassong - Getty
Publié
Mise à jour

LONGUEUIL – L'imposant VUS se gare au coin du terrain de soccer principal du parc Laurier, à Longueuil. Dayne St. Clair, l'un des gardiens de l'équipe nationale canadienne, est le premier à en sortir. Il se dirige aussitôt vers l'arrière et offre de donner un coup de main au vidéaste qui sort son équipement du coffre.

Pendant ce temps, ses coéquipiers Nathan Saliba et Zorhan Bassong restent en retrait et observent, penseurs. Que peut-il bien leur traverser l'esprit? Difficile d'imaginer un retour au bercail aussi grisant.

« C'est ici où tout a commencé réellement », dira Bassong en s'asseyant à une table de pique-nique qui borde la grande surface synthétique où s'amuse une poignée de jeunes en cette venteuse soirée d'automne.   

Il fut une époque où Bassong était déposé ici chaque semaine par ses parents. Il lui arrivait parfois de venir à vélo. Jusqu'à l'âge de 14 ans, soit avant son départ pour la Belgique, il a porté les couleurs du CS Longueuil. Il y a pour lui quelque chose de surréaliste de pouvoir revenir ici dans un chandail à capuchon frappé de l'écusson de la fédération nationale.

Surréaliste dans le sens poétique, nostalgique du terme. Pas comme dans « invraisemblable » ou « inimaginable ».

Vous avez peut-être sursauté en voyant le nom de Bassong dans la liste des joueurs convoqués par le sélectionneur Jesse Marsch pour cette fenêtre d'octobre. L'athlète de 25 ans était disparu du radar de l'équipe nationale depuis une brève apparition de deux matchs en 2020. Il avait bourlingué de Montréal à la Roumanie avant de réapparaître cette saison à Kansas City. Les choses semblaient bien aller pour lui, mais au point de revenir en équipe nationale? En toute honnêteté, on ne l'avait pas vu venir.

Lui n'a jamais cessé d'y croire.

« Ça m'a surpris la vitesse, on va dire, concède-t-il. Je savais que si je continuais sur cette lancée, tôt ou tard ça allait arriver. C'est ce que je me disais. J'étais confiant. Je savais que je pouvais le faire. Mais j'avais plus l'impression que ça allait arriver vers 2025. »

La sélection que Bassong a rejoint pour un camp d'entraînement d'une semaine à Montréal suivi d'un match amical contre le Panama à Toronto n'est pas la même que celle qu'il avait intégrée il y a bientôt cinq ans pour des rencontres face à l'Islande et la Barbade. Un premier ménage avait été fait par John Herdman en préparation pour la Coupe du monde de 2022. D'autres vétérans ont quitté depuis et ont été remplacés par des jeunes à l'avenir radieux.

À travers tous ces nouveaux profils, à quoi peut réellement aspirer l'ancien du CF Montréal?

« La vérité, c'est que je ne me suis jamais vu comme un underdog, affirme-t-il avec confiance. Avec mon parcours, peut-être que oui, on peut le voir comme ça. Mais toutes les classes que j'ai faites chez les jeunes, je n'ai jamais été perçu comme ça. Jamais vraiment je ne me suis vu comme ça dans ma tête. Ma place est là. Ma place est là, je la mérite. Maintenant c'est juste qu'il faut que les gens le voient. C'est à moi de le montrer. »
 

Précieuse polyvalence

Bassong aura peu de temps pour laisser une bonne impression à Marsch et ses adjoints. Le Canada ne disputera qu'un match au cours de l'actuel rassemblement et l'entraîneur a déjà mentionné qu'il ne prévoyait pas y inviter tous les joueurs qui sont présents cette semaine à Montréal.

« Le plus important, je pense, quand je vois ce que Jesse a envie d'apporter à cette équipe, c'est les efforts, simplifie-t-il. Tout ce qui est transition défensive, pressing, tout ça, pour lui c'est le plus important. Je ne dis pas qu'il ne faut pas travailler techniquement et tactiquement, mais à ce niveau-là, j'ai envie de montrer que j'ai faim. J'ai envie de tout arracher, de donner le maximum et de tout laisser sur le terrain. Il devra arriver ce qui va arriver. Moi tout ce que je sais, c'est que je vais donner mon maximum et on verra ce que ça va donner. »

En conférence téléphonique la semaine dernière, Marsch a énuméré « l'agressivité » et la présence physique de Bassong parmi les qualités qu'il avait détectées dans son jeu. Il a aussi vanté sa polyvalence, un atout que le jeune québécois traine depuis longtemps dans son bagage.

De bon cœur, Bassong note qu'il était attaquant quand il a donné ses premières foulées sur la pelouse du parc Laurier. « Ensuite, je suis descendu au milieu parce que j'étais gourmand, je voulais toucher plus de ballons », raconte-t-il. En Belgique, son bon pied gauche et ses qualités athlétiques lui ont valu une conversion comme latéral gauche. C'est surtout à cette position qu'on l'a connu lors de son passage au CF Montréal.

Lors de son bref exil en Roumanie, Bassong a de nouveau été utilisé comme numéro 8. À son retour en MLS, le manège s'est poursuivi alors que l'entraîneur Peter Vermes l'a déployé dans le couloir. Sauf qu'en cours de saison, le vénérable stratège l'a replacé devant la défense. Il y a fait sa niche et y a disputé la plupart des 1203 minutes qui se sont accumulées à son compteur.

Cette capacité à faire le boulot à différents postes est un précieux atout qui peut toutefois avoir ses effets pervers. Constamment sur le qui-vive, l'athlète caméléon ne peut accumuler les répétitions et perfectionner son art grâce à un engagement total dans un rôle précis. Mais il se donne une chance d'être considéré où d'autres seraient ignorés.

« J'ai toujours aimé cette polyvalence. Certaines personnes peuvent voir ça comme un handicap. [...] T'es toujours en train de bouger. Quand tu commences à développer des automatismes à un poste, t'es basculé ailleurs et c'est d'autres automatismes que tu dois encore développer. Mais personnellement j'ai toujours aimé ça, être capable de rendre service à l'équipe lorsqu'on a besoin de moi à un poste spécifique, le fait de pouvoir m'adapter à plusieurs systèmes différents, plusieurs schémas tactiques différents. »

Pour s'assurer de ne pas devoir attendre quatre autres années avant d'être revu avec l'Unifolié, Bassong est prêt à tout.