ZURICH - La performance individuelle a donc primé sur le palmarès : Cristiano Ronaldo a remporté lundi son deuxième Ballon d'or, après celui de 2008, aux dépens de Franck Ribéry, qui avait pourtant tout gagné avec le Bayern Munich la saison passée.

Jamais Ballon d'or n'avait suscité autant de passion, débats et polémiques. Et ce n'est sans doute pas fini. L'Allemagne, qui adule Ribéry, lui qui a tout remporté avec le Bayern – Bundesliga, Ligue des champions, Coupe d'Allemagne, SuperCoupe d'Europe et Mondial des clubs – n'est pas prête de pardonner ce crime de lèse « Kaiser Franck ». L'ex-joueur de Marseille avait aussi été sacré joueur UEFA de la saison passée.

Ribéry, à l'annonce du lauréat lors du gala, a accusé le coup dans la salle. Il y a de quoi. France Football, qui avait d'ailleurs annoncé le lauréat sur son site internet avant qu'il ne soit connu à Zurich lors de la cérémonie, a précisé que le Français arrive troisième du vote (23,36 % des suffrages), derrière « CR7 » (27,99 %) et Lionel Messi (24,72 %), quadruple tenant du titre qui avait pourtant connu une saison hachée par les blessures.

Cristiano Ronaldo, 28 ans, n'a rien gagné avec le Real Madrid en 2013. Mais ce sont ses statistiques « perso » (69 buts en 59 matchs) qui lui ont valu la récompense suprême. Au même titre que ses performances, enfin, à la hauteur avec la sélection portugaise, comme lors du barrage pour le Mondial 2014 remporté contre la Suède, avec notamment un triplé au retour.

C'est d'ailleurs la prise en compte de ce barrage retour dans les votes qui a fait coulé beaucoup d'encre.

Le président du Bayern Munich, Uli Hoeness, évoquait récemment ainsi à mots couverts dans la presse allemande un complot visant à ce que Ribéry ne gagne pas le Ballon d'Or: « Je crois que quelques personnes ont fait des choses et qu'il ne va pas gagner ».

Changement des dates du vote favorable à « CR7 »?

Hoeness vise ici le changement des dates du vote. Initialement le scrutin pour le trophée (journalistes, sélectionneurs et capitaines des équipes nationales, à part égale) devait être clos au soir des barrages aller en Europe (15 novembre).

Mais arguant d'un « nombre de votes à la date limite trop faible pour être suffisamment représentatif », le suffrage avait été « rallongé de deux semaines (jusqu'au 29 novembre) » par la Fifa et l'hebdomadaire France Football, qui gèrent de concert ce prix.

Or, le barrage retour du Mondial le plus médiatique de la zone Europe, Suède-Portugal, a eu lieu le 19 novembre, et le triplé de Cristiano Ronaldo a fait le tour des télévisions et sites internet. De là à lui rapporter un supplément significatif de voix?

Pas à en croire le directeur de communication de la FIFA, Walter de Gregorio, qui a assuré à quelques heures du dénouement lundi que si le taux de participation est bien passé de 50 % au 15 novembre à 88 % au 29 novembre, « le classement » des trois finalistes était resté « le même » entre ces deux dates.

Certains pro-Ribéry ont vu dans la modification de la fenêtre de votes une sorte de compensation – ce qu'a toujours réfuté la FIFA – après l'incident diplomatique Blatter-Ronaldo.

En visite à l'Université d'Oxford, Joseph Blatter, président de la Fifa, avait été filmé en train de comparer Ronaldo à « un commandant sur le terrain », confiant préférer Messi. Devant le tollé suscité au Real Madrid et au Portugal, Blatter avait dû présenter des excuses.

Aujourd'hui, tout cela est oublié pour Ronaldo, venu à Zurich célébrer l'évènement avec sept membres de sa famille. En larmes sur la scène, il n'a pu terminer son discours de remerciements, étranglé par l'émotion. Il est le roi de la planète football.

L'Allemande Nadine Angerer a pour sa part été sacrée joueuse de l'année 2013 par la FIFA et France Football, lundi à Zurich.

Elle devance les autres finalistes, la Brésilienne Marta et l'Américaine Abby Wambach.

Angerer avait déjà été nommée en septembre joueuse UEFA de l'année. Le trophée remis à la gardienne allemande récompense notamment les deux penalties arrêtés en finale de l'Euro dames remportée par sa sélection face à la Norvège (1-0).

Le plus beau but revient à Ibrahimovic

L'attaquant Zlatan Ibrahimovic a remporté le prix Puskas qui récompense l'auteur du plus beau but de la saison écoulée pour son improbable retourné acrobatique de plus de 30 mètres réussi contre l'Angleterre, en match amical avec sa sélection suédoise le 13 novembre 2012.

Ibrahimovic, qui succède au Slovaque Miroslav Stoch, était en compétition dans une finale à trois avec le Brésilien Neymar et le Serbe Nemanja Matic, et son but a été plébiscité par le biais d'un vote sur internet.

Zlatan, un des joueurs les plus spectaculaires que compte la planète football, a marqué les esprits plus tôt que ses rivaux, en toute fin d'année passée alors que les votes pour le prix Puskas 2012 étaient clos.

Son ciseau réussi à une distance exceptionnelle pour un tel geste a ainsi pu concourir pour 2013 et a supplanté celui de Matic, une puissante volée du gauche en faveur de Benfica contre le FC Porto en championnat du Portugal, le 13 janvier 2013, et celui de Neymar, une superbe volée du droit pour le Brésil contre le Japon en Coupe des Confédérations, le 15 juin 2013.

Créé en 2009, le prix Puskas a récompensé cette année-là un but du Portugais Cristiano Ronaldo, en 2010 un but du Turc Hamit Altintop, en 2011 une réalisation de Neymar et l'an passé celui de Stoch.

Ce sont les internautes qui ont choisi le but d'Ibrahimovic après avoir désigné les trois buts finalistes parmi les dix présélectionnés dans un premier temps par la FIFA.

Les entraîneurs de l’année

Jupp Heynckes, qui a mis un terme à sa carrière l'été dernier après un triplé Ligue des champions-Championnat-coupe d'Allemagne avec le Bayern Munich, a été désigné entraîneur de l'année 2013.

L'Allemand Heynckes était en concurrence dans une finale à trois avec son compatriote Jürgen Klopp et l'Écossais Alex Ferguson, retraité comme lui depuis l'an passé après 26 années passées sur le banc de Manchester United.

L'Allemande Silvia Neid, coach de l'équipe allemande championne d'Europe en titre, a été sacrée chez les femmes.

Elle devance les autres finalistes, l'Allemand Ralf Kellermann (Wolfsburg, vainqueur de la Ligue des champions) et la Suédoise Pia Sundhage (sélection suédoise, demi-finaliste de l'Euro).

Le prix du président de la FIFA décerné à Jacques Rogge

Jacques Rogge, ancien président du Comité international olympique, a reçu le prix du président de la FIFA, décernée à une « personnalité remarquable du sport ».

Rogge, 71 ans, avait quitté son poste de président au CIO en septembre 2013, après deux mandats.

Messi, Ronaldo et Ribéry dans l'équipe-type de l'année 2013

Zlatan Ibrahimovic, Lionel Messi, Cristiano Ronaldo ainsi que Franck Ribéry font partie du « FIFPro World XI », l'équipe-type de l'année 2013.

L'équipe-type FIFPro World XI 2013Outre ces quatre joueurs, le onze-type se compose du gardien Manuel Neuer, des défenseurs Philipp Lahm, Sergio Ramos, Thiago Silva, Dani Alves, des milieux Andres Iniesta et Xavi.

Le trio de finalistes pour le Ballon d'Or Ribéry-Ronaldo-Messi a été logiquement inclus dans ce onze-type à forte connotation barcelonaise, puisque quatre joueurs du Barça le composent (Iniesta, Xavi, Alves, Messi).

Du Bayern Munich, qui a pourtant tout raflé sur la scène européenne et allemande, seuls Neuer et Lahm en sont les représentants aux côtés de Ribéry.

Force montante en Ligue des champions, le Paris SG compte deux joueurs dans cette équipe élue par vote des footballeurs professionnels dans le monde, sous l'égide de la FIFPro, syndicat mondial des joueurs: Thiago Silva et Ibrahimovic.

Deux joueurs du Real Madrid la complètent : Sergio Ramos et Cristiano Ronaldo.

Ballon d'Or d'honneur pour Pelé

Un Ballon d'Or d'honneur a été réservé à l'ancienne gloire du foot brésilien Pelé, a annoncé lundi soir France Football, qui gère les prix avec la FIFA.

« C'est toujours très agréable », a commenté le Roi Pelé dans une vidéo diffusée sur le site de l'hebdomadaire français lundi, avant la soirée de gala officielle.

« Pour des raisons de règlement, le roi Pelé ne figure pas au palmarès du Ballon d'Or. Une anomalie corrigée en 2013 », explique France Football.

Pelé avait lui-même révélé dimanche qu'il allait recevoir un Ballon d'Or. « J'ai gagné trois Coupes du monde, mais à une époque où le Ballon d'or n'existait pas. Mais la FIFA a décidé de m'en accorder un », avait affirmé Pelé aux médias brésiliens depuis Zurich.