L'hommage du peuple oranje à Johan Cruyff
Soccer vendredi, 25 mars 2016. 17:18 mercredi, 11 déc. 2024. 10:02AMSTERDAM - Des applaudissements nourris à la 14e minute, son numéro fétiche, et cinq buts inscrits : le match amical entre les Pays-Bas et la France (3-2) a été l'occasion vendredi à Amsterdam d'un vibrant hommage au légendaire Johan Cruyff, monument du football mondial décédé à l'âge de 68 ans des suites d'un cancer du poumon.
Le temps s'est soudainement arrêté à l'ArenA pour célébrer la mémoire du plus illustre joueur néerlandais. Alors que les Oranje venaient d'encaisser un deuxième but, l'arbitre allemand Felix Zwayer a interrompu la partie pour laisser le public saluer la riche carrière de Cruyff.
Le stade d'Amsterdam, ville natale de l'ancien meneur de jeu de l'Ajax, a alors applaudi la mémoire de Cruyff pendant une minute. Une chaise recouverte de fleurs et du fameux maillot floqué du no 14 avait également été placée au centre de la tribune d'honneur.
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Bien avant le coup d'envoi, des photos et des vidéos retraçant les grandes heures de son parcours ainsi que des hommages postés sur twitter par des fans du monde entier avaient été diffusés sur les deux écrans géants du stade.
Le finaliste du Mondial-1974, perdue face à l'Allemagne, a longtemps personnifié à lui seul le football néerlandais et sa disparition laisse un vide immense. Les adieux du « peuple Oranje » à Cruyff ont ainsi été à la hauteur de la place singulière qu'il occupe dans l'histoire de la discipline, occultant pour les locaux l'enjeu strictement sportif du match.
Sur la pelouse, les Néerlandais se sont montrés moins inspirés, encaissant très vite deux buts par Antoine Griezmann et Olivier Giroud et peinant à s'approcher des buts français. Mais ils se sont repris en seconde période, égalisant grâce à Luuk de Jong et Ibrahim Affelay, avant que Blaise Matuidi ne donne la victoire à la France (3-2).
Le contexte du match était très particulier: la soirée avait été placée sous le signe du souvenir et du deuil, une minute de silence ayant été observée juste avant le début du match en hommage aux victimes des attentats de Bruxelles mardi, dont le bilan s'élève à au moins 31 morts et 300 blessés.
Hommage du Barça samedi
Plus tôt dans la journée, Cruyff devait être incinéré en toute intimité à Barcelone, selon le journal De Telegraaf pour lequel il tenait une chronique hebdomadaire.
Le Barça, où le célèbre no 14 a bâti une partie de son prestige, va prendre le relais des hommages dès samedi. Un mémorial sera ouvert dans la tribune principale du Camp Nou où Cruyff a officié entre 1973 et 1978 avant de l'entraîner de 1988 à 1996.
Une campagne a même été lancée par des supporteurs du Barça pour remplacer le nom de la mythique enceinte par celui de Cruyff. La ville d'Amsterdam, que le joueur a porté au sommet de l'Europe (1971, 1972, 1973), souhaite également rebaptiser l'ArenA « stade Johan Cruyff », signe de la trace et de l'héritage laissés à jamais par le no 14.
Depuis sa disparition, les louanges n'en finissent pas de pleuvoir. Les Pays-Bas sont ainsi sous le choc et les unes de la presse nationale, largement consacrées à l'évènement, sont sans équivoque : « Icône du siècle », titre vendredi le quotidien populaire Algemeen Dagblad (AD) qui lui a dédié 20 pages alors que pour De Telegraaf, il était « bien plus qu'un joueur ».
Le journal télévisé de la chaîne publique NOS a quant à lui attiré 2,8 millions de téléspectateurs jeudi, très au-dessus de son audience moyenne (1,5 million).
Depuis jeudi, les fans de l'Ajax continuent de se rendre en pèlerinage déposer des bouquets de fleurs, des ballons ou des portraits de la star devant la résidence d'une partie de sa famille à Amsterdam ou au pied de sa statue, située près du vieux stade olympique. Un site internet de condoléances a déjà recueilli plusieurs milliers de messages.
« Nous ne t'oublierons jamais »
Car ce n'est pas un homme comme les autres qui s'en est allé, mais un génie ayant inventé une autre manière de jouer et incarné le fameux « football total » dans les années 1970. Un legs que le monde du ballon rond a salué à sa juste valeur.
« Je ne savais rien du football avant de connaître Cruyff » : la phrase de Pep Guardiola, membre de la « Dream Team » de Barcelone, championne d'Europe en 1992 sous les ordres du Néerlandais, dit tout de l'aura de l'ex-joueur et technicien.
Pour Michel Platini, dont Cruyff fut l'idole de jeunesse, le Hollandais volant était tout simplement « le meilleur joueur de tous les temps ». Gianni Infantino, son ex-N.2 à l'UEFA devenu président de la Fifa, a déploré la mort d'un « joueur magnifique ».
Plus cocasse, le défenseur suédois Jan Olsson, ridiculisé sur un dribble de Cruyff au Mondial-74 et dont les images passent en boucle sur les réseaux sociaux depuis jeudi, a écrit dans le Times : « Je chérirai à jamais ce jour où 20.000 fans néerlandais se sont moqués de moi ».