MELBOURNE - Stanislas Wawrinka a produit un tennis magnifique pour triompher de Novak Djokovic et mettre un terme à la série victorieuse aux Internationaux d'Australie du triple tenant du titre, éliminé dès les quarts de finale en cinq sets 2-6, 6-4, 6-2, 3-6, 9-7, à Melbourne.

Comme l'an passé en huitièmes de finale, les deux joueurs ont dû en passer par un long cinquième set. Il y a un an, Djokovic s'était imposé 12-10 au cinquième set, après 5 h 02 de jeu.

Le scénario a été proche, même si l'effort a été un peu plus bref (4 h) et l'issue différente cette fois-ci. Wawrinka (no 8 mondial), qui avait aussi été battu en cinq sets par le Serbe en demi-finale des derniers Internationaux des États-Unis, a enfin réussi à le vaincre.

Le no 2 mondial restait sur 25 victoires consécutives à Melbourne. Il ne s'y était plus incliné depuis sa défaite en quart de finale en 2010 face au Français Jo-Wilfried Tsonga.

Une autre série plus impressionnante encore a pris fin pour le Serbe. Il avait été au moins demi-finaliste des 14 derniers tournois du Grand Chelem auxquels il avait participé.

Un seul joueur depuis 1925 a fait mieux : le Suisse Roger Federer, avec 23 demi-finales consécutives entre 2004 et 2010.

Deuxième demi-finale en Grand Chelem

On savait Wawrinka capable de battre Djokovic. Il lui restait à le prouver. Le Suisse disputera, à 28 ans, ce qui n'est que la deuxième demi-finale en Grand Chelem de sa carrière, après le US Open 2013 donc.

Il sera opposé au Tchèque Tomas Berdych (no 7), vainqueur un peu plus tôt de l'Espagnol David Ferrer (no 3).

« L'an dernier, je ne l'avais pas achevé et ça avait été très dur », a déclaré le Suisse. « Mais c'est une nouvelle année et je me sentais très bien. J'ai tout essayé, c'est un champion incroyable. Je suis, très, très, très heureux. »

Wawrinka a montré qu'il avait encore progressé sous la férule de l'entraîneur suédois Magnus Norman, demi-finaliste à Melbourne en 2000, avec lequel il a renforcé ses derniers mois sa collaboration.

Il ne s'est pas affolé après la perte du premier set, restant dans ses schémas. Le jeu a vite pris de l'ampleur entre deux joueurs disposant des plus beaux revers du circuit (avec le Français Richard Gasquet).

Impérial derrière son service, Wawrinka a brisé à 4-3 dans le deuxième set pour égaliser à une manche partout. Dans le troisième set, il a été intouchable, prenant deux fois le service du Serbe pour mener 2-1, puis 4-1.

Djokovic a alors fait appel à tous ses instincts guerriers pour s'adjuger le quatrième set, non sans que Wawrinka ait eu deux balles pour « débriser » sur le dernier jeu.

Le Suisse, qui n'avait jusque-là remporté que 2 matchs sur 30 face à des joueurs du top-2, ne s'est pas désuni pour autant. Les deux joueurs sont ensuite partis dans un chassé-croisé infernal.

C'est Djokovic, toujours porté ces dernières années par son refus viscéral de la défaite, qui a finalement craqué le premier, en commettant deux erreurs grossières, la dernière sur une facile volée de revers.

Avec son élimination, un joueur n'ayant jamais remporté de tournoi du Grand Chelem sera en finale. Wawrinka n'a jamais fait mieux donc que demi-finaliste et Berdych a été finaliste en 2010 à Wimbledon.

Djokovic va perdre pas mal de points par rapport à Rafael Nadal au classement ATP. Et il n'a pas entamé de la meilleure des manières sa collaboration avec son nouvel entraîneur, l'ancien champion allemand Boris Becker.

Le Serbe ne s'était plus incliné depuis sa défaite en finale du US Open face à Nadal en septembre. Il avait remporté les 28 rencontres disputées depuis lors.

Berdych accède au carré d'as

Tomas Berdych, tête de série no 7, s'est qualifié pour les demi-finales en usant le coriace Espagnol David Ferrer (no 3) en quatre sets 6-1, 6-4, 2-6, 6-4.

En pleine forme depuis le début du tournoi, le Tchèque accède pour la première fois aux demi-finales à Melbourne, à sa 11e tentative.

Ce faisant, il devient le 23e joueur de l'ère Open (depuis 1968), et le second Tchèque après Ivan Lendl (devenu Américain en 1992), à avoir été au moins demi-finaliste des quatre tournois du Grand Chelem.

Premier Tchèque en demi-finale à Melbourne depuis Jiri Novak en 2002, Berdych a réalisé un tournoi quasi-parfait jusqu'ici.

Il n'avait concédé que 33 jeux jusque-là sans jamais perdre son service. Ferrer a été le premier à y parvenir et a même réussi à lui prendre son premier set de la quinzaine.

Mais cela s'est avéré insuffisant pour l'Espagnol, qui n'a cessé de subir les assauts du Tchèque et que sa légendaire « grinta » n'a cette fois-ci pas suffi à sauver.

« Ç'a été extrêmement difficile, très dur physiquement », a déclaré Berdych. « Au troisième set, je ne jouais pas mon meilleur tennis. C'est le premier set du tournoi où j'ai eu des hauts et des bas. Mais ensuite, je me suis reconcentré pour être solide sur mon service et essayer de faire le bris. »

Après ce succès convaincant, Berdych peut croire en ses chances d'aller au bout.

Mais le Tchèque, finaliste à Wimbledon en 2010, son meilleur résultat en Grand Chelem jusque-là, sait aussi que ses statistiques contre des membres du top-3 ne sont pas mirobolantes.

Il n'a remporté que quatre de ses 15 derniers affrontements du genre et est par exemple très largement dominé par Djokovic dans leurs face-à-face (15-2).