NEW YORK, États-Unis - Malgré l'absence de sa reine Serena Williams, le tennis féminin américain a le sourire aux Internationaux des ÉtatsUnis et s'est offert mardi une demi-finale en forme de choc de générations entre l'inusable Venus Williams et l'inattendue Sloane Stephens.

L'aînée des sœurs Williams réalise l'une des plus belles saisons de sa longue carrière : elle disputera sa troisième demi-finale en Grand Chelem de l'année, après les Internationaux d'Australie et Wimbledon, la 23e depuis ses débuts sur le circuit en 1997.

Plus impressionnant encore, elle est devenue, à 37 ans et 85 jours, la joueuse la plus âgée à se hisser dans le dernier carré d'un tournoi majeur depuis Martina Navratilova (37 ans et 258 jours) lorsqu'elle avait disputé les demi-finales de Wimbledon en 1994.

La no 9 mondiale a décroché sa qualification au terme d'un quart de finale spectaculaire face à la Tchèque Petra Kvitova 6-3, 3-6, 7-6 (2).

Elle aurait pu abréger cette rencontre si elle avait converti ses innombrables balles de bris (11), mais la double lauréate des Internationaux des États-Unis (2000, 2001) n'a pris que trois fois le service de son adversaire et a bien failli se faire surprendre.

Car Kvitova l'a bousculée jusqu'au bout, avant de craquer dans le jeu décisif et d'abdiquer après deux heures et 37 minutes de jeu.

Agressée par un cambrioleur

« Cela s'est joué à rien, je suis vraiment heureuse de m'en être sortie », a insisté Williams qui a rendu hommage à son adversaire: « Ce qu'elle a vécu est inimaginable, la voir rejouer à ce niveau est vraiment impressionnant ».

La Tchèque a en effet bien cru sa carrière terminée et a dû attendre six mois d'une douloureuse convalescence pour rejouer : en décembre dernier, elle a été grièvement blessée à la main gauche lorsqu'elle s'est protégée des coups de couteau d'un cambrioleur qui s'était introduit chez elle.

La prochaine adversaire de Williams, Sloane Stephens, a elle aussi réussi un incroyable retour en compétition, bien moins dramatique, après 11 mois d'absence à cause d'une blessure au pied gauche.

Privée de compétition d'août 2016 à juillet dernier, elle a travaillé comme consultante à la télévision pour la chaîne américain Tennis Channel, s'est consacrée à ses études et a vécu la vie normale d'une jeune Américaine de 24 ans.

« Je ne pouvais pas marcher, mais j'ai passé beaucoup de temps avec ma famille, je suis allée à des mariages, j'ai assisté aux matchs de soccer de mes cousins, mais très vite, je me suis rendue compte que le tennis me manquait énormément », a-t-elle expliqué après sa victoire en quarts de finale face à la Lettone Anastasija Sevastova 6-3, 3-6, 7-6 (4).

Tombeuse au tour précédent de la Russe Maria Sharapova, Sevastova, 17e mondiale, a été trahie par ses nerfs, quand Stephens a beaucoup mieux négocié le jeu décisif.

« C'est une adversaire difficile, je croyais avoir pris l'ascendant, mais elle bouge bien, elle frappe fort et elle a des ressources mentales, elle peut aller loin dans ce tournoi », a prédit Sevastova.

Pour la deuxième demi-finale en Grand Chelem de sa carrière, quatre ans après les Internationaux d'Australie 2013, Stephens, 83e mondiale, s'est promis d' « en profiter pleinement »: « Je suis juste heureuse d'être là et de vivre ce qui semblait impossible il y a encore un mois ».

Avec une finaliste assurée, le tennis américain peut même rêver d'un dernier carré 100% américain, puisque CoCo Vandeweghe et Madison Keys tenteront mercredi, respectivement contre la no 1 mondiale Karolina Pliskova et Kaia Kanepi, de rejoindre Williams et Stephens.