Depuis ma dernière chronique, j’ai amorcé une étape importante de mon processus de réadaptation à la suite d’une rencontre avec mon médecin. J’avais déjà recommencé à frapper des balles il y a un peu plus de deux semaines, mais maintenant, j’ai aussi commencé à pratiquer mes services.

Je dois suivre un programme d’exercices très strict pour travailler mon épaule. Ça prend du temps pour retrouver ses sensations, mais je retrouve tranquillement mes repères et je frappe bien. Quand j’ai rencontré un spécialiste, on m’a d’ailleurs dit que je frappais comme si je n’avais jamais arrêté.

Cela dit, même si les nouvelles sont positives, il demeure encore impossible d’établir la date de mon retour au jeu.

C’est parfois difficile de me rendre chaque jour au Stade Uniprix simplement pour m’entraîner, mais je trouve toujours la motivation nécessaire parce que j’ai très hâte d’effectuer un retour à la compétition. Je travaille toujours très fort et je suis très positive devant les défis qui m’attendent.

La relève, un vent de fraîcheur

Entre-temps, j’ai suivi avec attention le parcours des Canadiens à Wimbledon. Je suis particulièrement contente de voir le succès que connaît Eugenie Bouchard. La transition entre le circuit junior et le circuit professionnel est une étape importante et la première année est la plus difficile. Il faut s’acclimater aux nombreux changements et au niveau relevé.

Malgré tout, Eugenie a réussi à vaincre une joueuse de haut calibre en Ana Ivanovic, qui était la 12e tête de série du tournoi. C’est excellent pour la confiance et encourageant pour la suite des choses.

Pour ce qui est de Raonic, ça c’est moins bien passé. Il a commencé en force contre Carlos Berlocq puis a semblé un joueur complètement différent au deuxième tour contre Igor Sijsling. Parfois, on a l’impression de savoir s’il va connaître une bonne journée ou non dès les premiers instants du match. Sa confiance n’est peut-être pas à son meilleur, mais tout le monde a des hauts et des bas. Son passage chez les pros s’est bien déroulé. Il a encore du travail à faire, mais il est encore très jeune et pourtant déjà 15e au monde, et son nouvel entraîneur (Ivan Ljubicic) va grandement l’aider.

Milos RaonicJ’ai longtemps porté le tennis québécois sur mes épaules. On a suivi ma carrière, en plus de celles de Marie-Ève Pelletier, Stéphanie Dubois et quelques autres, mais les réflecteurs étaient toujours dirigés sur les mêmes personnes. De voir de nouveaux visages tels les Raonic, Bouchard, Vasek Pospisil et Françoise Abanda – qui est toutefois blessée elle aussi – est donc un vent de fraîcheur et c’est prometteur pour l’avenir. Sans dire que ça enlève de la pression, parce que je suis toujours exigeante envers moi-même et que je veux tout faire pour réussir, c’est motivant et vraiment le fun de pouvoir partager la scène avec eux.

Il y a eu beaucoup de changement au niveau du développement de notre sport au pays, notamment sur le plan de l’encadrement des athlètes, et ç'a porté ses fruits. On a d’ailleurs pu constater tout le progrès réalisé durant la Coupe Davis et à la Coupe Fédération, alors que le Canada est en train de se tailler une place parmi les meilleurs à l’échelle mondiale.

Un tournoi riche en rebondissements

Raonic n’est pas le seul à avoir vu son parcours écourté. Les têtes de série sont tombées comme des mouches, entre autres en raison de blessures dont quelques-unes ont été causées par des chutes. Le niveau de compétition est rendu si impressionnant, et en plus on passe 12 mois à voyager et à se démener sur les terrains de tennis, ce qui nous rend vulnérables. Aussi, les tournois de Roland-Garros et de Wimbledon se disputent sur deux surfaces différentes à trois semaines d’intervalle seulement. La transition est donc abrupte et on a peu de temps pour s’y préparer.

Alors qu’on retrouve souvent les mêmes prétendants au titre chez les hommes, du côté des femmes, on peut s’attendre à tout. Je voyais Serena Williams aller loin à Wimbledon, mais on aura finalement droit à une finale féminine entre Marion Bartoli et Sabine Lisicki, deux filles que je connais très bien et qu’on ne voyait pas là. Après avoir battu Agnieszka Radwanska, j’aimerais tellement voir Lisicki devenir championne puisque c’est une très bonne amie. Même si elle représente l’Allemagne, elle a du sang polonais tout comme moi et je suis proche d’elle.

Le cas de Kirsten Flipkens est une autre belle histoire de l’édition 2013. L’an dernier, la Belge a été à l’écart du jeu pendant deux mois en raison de caillots sanguins au niveau des mollets. Malgré cette épreuve, elle a effectué un retour en force pour éventuellement atteindre les demi-finales de Wimbledon à l’âge de 27 ans et c’est quelque chose de très inspirant

Dans le tableau masculin, voir Andy Murray l'emporter devant ses partisans à la maison serait aussi un beau moment après sa victoire aux Jeux olympiques sur ce même gazon l'an dernier.

En terminant, je vous invite à consulter mes liens personnels pour suivre l'évolution de ma carrière.

https://www.facebook.com/WozAleks

http://www.aleksandrawozniak.com/

@alekswoz pour Twitter

*Propos recueillis par Audrey Roy