Des joueurs et leur syndicat chargent l'ATP et la WTA, prêtes à répliquer « vigoureusement »
« Calendrier insoutenable », « mépris envers les joueurs » : une vingtaine de joueurs de tennis professionnel et un syndicat cofondé par Novak Djokovic ont attaqué mardi en justice les instances de gouvernance du sport, l'ATP et la WTA promettant en retour de se défendre « vigoureusement ».
L'offensive judiciaire a été annoncée par un communiqué de l'Association des joueurs de tennis professionnels (PTPA), un syndicat de joueurs cofondé par Djokovic, lauréat de 24 tournois du Grand Chelem, et le Canadien Vasek Pospisil.
Dénonçant un « système corrompu, illégal et abusif », la PTPA et le groupe de joueurs composé notamment de l'Australien Nick Kyrgios ou des Français Varvara Gracheva et Corentin Moutet « ont initié une série d'actions en justice aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et dans l'Union européenne contre les instances de gouvernance du sport », a fait savoir le syndicat.
Dans le viseur des plaignants figurent non seulement l'ATP et la WTA, qui régissent respectivement les circuits masculin et féminin, mais aussi la Fédération internationale de tennis (ITF) et l'Agence internationale pour l'intégrité du tennis (Itia).
Pour le directeur exécutif de la PTPA Ahmad Nassar, « le tennis est cassé. Les joueurs sont piégés dans un système injuste qui exploite leur talent, supprime leurs revenus et met en danger leur santé et leur sécurité. Nous avons épuisé toutes les options pour réformer par le dialogue », d'où le lancement de procédures judiciaires, assène-t-il.
Dans un communiqué publié en fin d'après-midi, l'ATP a reproché à la PTPA de « systématiquement choisir la division » et la « mésinformation ».
« Cinq ans après sa création en 2020, la PTPA peine à endosser un rôle significatif dans le tennis » et « sa décision de lancer des procédures judiciaires n'est donc guère surprenante », cingle-t-elle.
« Nous rejetons fermement les allégations de la PTPA (...) et nous défendrons vigoureusement notre position », conclut l'ATP.
La WTA a jugé « regrettable » l'offensive judiciaire du syndicat et promis elle aussi d'y répondre « vigoureusement ».
Contactées par l'AFP, l'Itia et l'ITF n'ont pas souhaité commenter les procédures judiciaires dont elles font l'objet.
Cocktail et prize money
Dans le détail, les plaignants dénoncent « un calendrier insoutenable », avec des tournois programmées onze mois sur douze, et un « mépris envers les joueurs », contraints de « subir des matchs qui s'achèvent à 3 heures du matin ».
Ces derniers doivent « jouer avec des balles différentes d'une semaine à l'autre », ce qui conduit à des blessures chroniques « au poignet, au coude et à l'épaule », déplorent-ils.
En outre, « les joueurs sont soumis (...) à des contrôles antidopage aléatoires au beau milieu de la nuit et à des interrogatoires » sans avocat pour les défendre, accusent les plaignants.
Alors que certains joueurs ont dénoncé l'indulgence de l'Itia dans les affaires de dopage visant Jannik Sinner et Iga Swiatek, l'instance est accusée d'avoir « suspendu des joueurs sur base de preuves légères ou fabriquées de toutes pièces ».
Les plaignants reprochent enfin aux instances de gouvernance « d'exploiter financièrement les joueurs », bien que les mieux classés d'entre eux amassent des millions d'euros chaque année.
« Les meilleurs joueurs de tennis gagnent une fraction » minime de ce que touchent les stars d'autres sports, regrette la PTPA, dont le comité exécutif comprend notamment l'ex-no 2 mondiale Ons Jabeur ou le double vainqueur en Masters 1000 Hubert Hurkacz.
« En 2024, l'US Open a perçu 12,8 millions de dollars en vendant un cocktail spécial, soit plus que la somme versée aux vainqueurs des tournois de simple masculin et féminin », illustre-t-elle.
Les lauréats du dernier Grand Chelem de la saison ont de fait perçu chacun 3,6 millions de dollars en 2024, soit 7,2 millions au total.
« Ces dernières années, nous nous sommes engagés à augmenter de 400 millions d'euros la rémunération des joueuses », a rétorqué la WTA dans une déclaration envoyée à l'AFP.
La réponse à l'offensive judiciaire de la PTPA mobilisera « du temps, de l'attention et des ressources » au sein de la WTA, « au détriment de nos joueuses et du sport dans son ensemble », assure-t-elle.