En tant que vétéran de neuf saisons dans l’organisation des Cowboys de Dallas, le Montréalais Louis-Philippe Ladouceur a eu maintes occasions depuis ses débuts dans la NFL en 2005 de se familiariser avec l’engouement médiatique dont fait constamment l’objet l’équipe du Texas. Après tout, on ne les surnomme pas « America’s Team » sans raison.

Le spécialiste des longues remises a appris à vivre avec la part de bénéfices et d’inconvénients de ce perpétuel tourbillon au point de faire le choix avec sa famille, en février dernier, d’y demeurer pour les cinq prochaines saisons en apposant sa signature au bas d’un nouveau contrat avec les Cowboys. Celui-ci assure sa sécurité fiancière jusqu'à 37 ans. D'ailleurs, Ladouceur ne cache pas sa joie d'avoir trouvé la stabilité avec l'équipe qui lui a donné sa première opportunité de se faire valoir.

« Quand tu débutes ta carrière en y passant tes huit premières saisons, tu espères y demeurer. (Cette nouvelle entente), ma famille et moi l’avons bien appréciée car nous sommes bien installés au Texas. C’est un plus pour moi de ne pas avoir eu à me relocaliser », a expliqué l’athlète de 32 ans.

« Il s’est produit un changement de philosophie au sein des unités spéciales. Un nouveau coordonnateur (Rich Bisaccia) est arrivé avec de nouvelles idées, et ça m’intéressait. J’ai toujours eu une bonne relation avec lui, même lorsqu’il coachait ailleurs. On s’est rencontrés et comme l’entente était bonne, j’ai opté de ne pas tester le marché des agents libres. »

Louis-Philippe LadouceurMême s'il faut remonter à la campagne 2009 pour recenser la dernière participation des Cowboys aux éliminatoires, il serait inadmissible pour les partisans de la formation texane de revoir à la baisse leurs attentes envers le club qu’ils chérissent, eux qui ont été gâtés lors de la décennie 1990 avec trois conquêtes du Superbowl en l'espace de quatre ans.

Défaits à leurs deux dernières sorties, les Cowboys se trouvent actuellement dans une situation précaire après 15 semaines d’activités. Leur rendement de sept victoires et autant de défaites leur confère le deuxième rang dans la division Est de la Conférence Nationale, derrière les Eagles de Philadelphie (8-6), de sorte qu’une place dans les séries d’après-saison est loin de leur être assurée.

Dimanche dernier, la troupe de Jason Garrett a été victime d’un effondrement historique sur son propre terrain contre les Packers de Green Bay, bousillant une confortable avance de 23 points en deuxième mi-temps avant de s’incliner 37-36.

 Ladouceur admet d’emblée que la consternation et la déception ont été des sentiments partagés par tous les membres des Cowboys dans les heures suivant ce désastre improbable. Cependant, le Québécois croit que ses coéquipiers et lui possèdent la force de caractère nécessaire pour raviver la flamme lorsqu'ils fouleront de nouveau la pelouse, dans moins de 48 heures.

« Je crois que nous avons tous passé l’épongé sur ce mauvais épisode. La journée de lundi est faite pour ça, tandis que le mardi, on est en mode préparation physique et émotionnelle pour le prochain affrontement. Déjà mercredi, la page était complètement tournée », a-t-il argué.

« Ce genre de match se produit de temps à autres. Les rôles ont déjà été inversés. Il est arrivé que ce soit nous qui revenions de l’arrière de 20 points. Ça fait neuf ans que je suis ici, et ce n’est pas la première fois que ça arrive. »

Des rivaux de section... encore

La première étape vers la rédemption surviendra à Washington ce dimanche, alors que Dallas se mesurera à ses rivaux de division, les Redskins, au FedEx Field. Ceux-ci présentent un dossier de 3-11, mais réservent généralement leur meilleur football aux Cowboys.

« Il y a encore un bout de chemin devant nous. Washington, c’est une équipe qui joue toujours du gros football contre nous, peu importe l’identité de leur quart-arrière », a indiqué l’ancien porte-couleurs du Collège Notre-Dame.

« Il y a quelques semaines, on les a battus sur notre terrain. Maintenant, il ne reste qu’à offrir notre meilleur football et remporter cette partie.

Les deux derniers dimanches du calendrier régulier auront une étrange impression de déjà vu pour Ladouceur et ses coéquipiers. L’an dernier, une défaite de 28-18 contre ces mêmes Redskins durant la 17e semaine a anéanti leurs espoirs d’accéder aux séries, tandis qu’un résultat semblable contre les Giants de New York a eu raison de leurs chances en 2011.

« On dirait que la NFL a compris qu’en mettant à l’horaire des matchs entre rivaux de division en toute fin de saison, les cotes d’écoute augmenteraient! En plus, les enjeux sont grands », s’est-il exclamé.

Louis-Philippe Ladouceur Victoire ou défaite, les Cowboys peuvent compter sur les journalistes et les amateurs de football de la nation au grand complet pour épier leurs faits et gestes durant la période des Fêtes. Le propriétaire et directeur général de l’équipe, Jerry Jones – l’un des personnages les plus flamboyants du paysage sportif –, fait d’ailleurs sa part à cet égard, lui qui ne se gêne jamais pour confier ses opinions, souvent controversées, sur les sujets les plus chauds.

« On est habitués à la présence de M. Jones. Il est le propriétaire depuis maintenant 25 ans. Il a construit les Cowboys tels qu’on les connaît, et il en a fait énormément pour la NFL. C’est vrai que la pression est là, mais l’homme veut gagner, tout simplement. Il fait tout en son pouvoir pour dénicher les meilleurs joueurs disponibles. En tant que joueur, c’est difficile de demander mieux », a noté le gaillard de 6 pieds 5 pouces et 252 lbs.

L'expérience fait son oeuvre

Ladouceur convient qu’à ce stade-ci de la saison, son important bagage d’expérience dans le circuit Goodell peut lui servir à guider les plus jeunes joueurs de l’organisation, particulièrement les membres des unités spéciales.

« Il y a beaucoup de jeunes dans le club. Malgré leur statut de recrue, ils savent très bien ce qui est dans la balance quant à la fin de saison. Mais de temps en temps, ils jettent un œil à ce que je fais pour être certains de faire les bonnes choses. »

Quant aux débats incessants relatifs aux performances de Tony Romo, que nombre d'observateurs accusent régulièrement de crouler dans les instants déterminants des matchs, Ladouceur a bon espoir de voir le général à l’attaque des Cowboys, qui en a vu d'autres, réagir comme un meneur.

« Tony est certainement capable de rebondir. Les médias ont un boulot à accomplir, et nous faisons le nôtre. On ne laisse pas toutes ces distractions nous affecter. Le moral est bon. On sait ce qui est en jeu et on est prêts à aller jouer dimanche », a-t-il conclu.