Arrêtez-moi une seconde si vous avez déjà entendu cette histoire : William Nylander, un des nombreux jeunes joueurs prometteurs des Maple Leafs de Toronto, un agent libre avec restriction, n'a pas encore signé une prolongation de contrat avec son équipe. Des négociations ont eu lieu en cours de route, sans succès. Malgré tout, les Maple Leafs connaissent un bon début de saison sans lui et même sans Auston Matthews, l'équipe n'a visiblement pas besoin de son apport offensif pour l'instant. En même temps, le temps commence à presser pour les négociations : Les Leafs et le clan Nylander ont jusqu'au 1er décembre 2018 pour en venir à une entente, sans quoi le jeune Nylander ne jouera pas dans la LNH pour la saison 2018-2019. On risque donc de le voir évoluer pour une équipe dans la KHL pour passer le temps.

Si cette histoire vous semble familière, c'est qu'on a déjà vu pareille situation dans la LNH. Lors de la saison 2006-2007, Sean Bergenheim, alors un membre des Islanders de New York, n'était pas parvenu à s'entendre sur une prolongation de contrat avec l'organisation et il a dû s'exiler dans la KHL pour un an, s'alignant avec le Lokomotiv de Yaroslavl. Il reviendra dans la LNH l'année suivante, toujours avec les Islanders, où il y jouera trois autres saisons.

On voit aussi une situation similaire dans la Ligue Nationale de Football, alors que Le'Veon Bell, des Steelers de Pittsburgh, ne veut rien savoir d'un autre "franchise tag", et il n'a pas signé une prolongation de contrat non plus, donc il ne jouera pas de la saison 2018 dans la NFL. Ça n'a visiblement pas dérangé les Steelers, qui assistent à l'émergence de James Connor comme porteur de ballon partant.

Mais revenons au cas de William Nylander. Son cas est plus particulier que celui de Bergenheim, parce qu'il est parmi les jeunes joueurs les plus prometteurs de son équipe. Pour son contrat, il demande beaucoup, beaucoup d'argent : Un salaire annuel de 7 M $ pendant 6 ans. Encore aujourd'hui, les Leafs hésitent à le signer pour un tel montant.

À des égards, ils n'ont peut-être pas tort d'hésiter. Je vous explique.

Les Maple Leafs ont actuellement 67,333,64 $ sur la masse salariale, ce qui leur laisse 12,166,936 $ de libre par rapport au plafond. Donc, suffisamment d'espace pour le signer, pas vrai ? En fait, c'est plus compliqué que ça. Il n'y a pas juste Nylander qu'il faut resigner ; au courant de la saison morte, il faut aussi mettre sous contrat des joueurs comme Auston Matthews et Kasperi Kapanen qui eux aussi vont demander beaucoup d'argent, plus particulièrement Matthews. Et c'est sans compter d'autres futurs UFA comme Jake Gardiner, Ron Hainsey. Ah, oui, j'allais oublier, on a aussi un futur agent avec restriction qui s'appelle Mitch Marner qui lui aussi risque d'avoir un bon montant d'argent. Ça, puis les Leafs paient déjà un gros prix à John Tavares, qui leur offre un bon retour d'investissement.

C'est plus compliqué que ça en a l'air désormais, vous ne trouvez pas ? 

Donc, dans une équipe qui compte déjà sur Tavares, Matthews, Marner, Kapanen, Morgan Rielly, Nazem Kadri et Patrick Marleau, entre autres, où se situe William Nylander dans les plans de Kyle Dubas ? Les Maple Leafs peuvent-ils vraiment se payer qui oui, à un bon potentiel offensif, mais qui demande un salaire un peu trop élevé pour ce que les Leafs peuvent se permettre... ou que le principal intéressé demande trop cher pour sa véritable valeur ?

Si ce n'est pas le cas, Kyle Dubas a deux options devant lui : Il le transige à une équipe qui n'a aucun problème pour payer le salaire demandé, ou encore on va faire une trêve... en ne signant pas d'entente vers le 1er décembre et le laisser aller dans la KHL pour le reste de la saison et ainsi reprendre les négociations à une date ultérieure.

Est-ce qu'il y a un attrape-nigaud ? Bien sûr qu'il y'en a un ! Parce que si Nylander serait forcé à l'exile, il pourrait signer le contrat qu'il veut durant la saison morte... mais il veut également un boni de signature gargantuesque avec ce contrat pour compenser le 25 % de son salaire actuel qu'il va perdre s'il ne signe pas avant le 1er décembre. En fin de compte, ça n'aide pas à renouveler les ententes avec Auston Matthews et Mitch Marner et ainsi respecter le plafond salarial.

En termes québécois, le plan de maître de Brendan Shanahan est en train de prendre le bord.

Si jamais on décide de transiger Nylander, la priorité des Maple Leafs serait d'améliorer la brigade défensive. C'est bien beau l'attaque, mais un peu de stabilité en défense, ça pourrait grandement aider les Maple Leafs à mettre fin à leur disette sans Coupe Stanley. C'est bien beau d'avoir Morgan Rielly comme défenseur étoile, mais il faut aider le gardien Fredrik Andersen à faire son travail d'arrêter les rondelles. Même dans une LNH qui est axée sur la vitesse et l'attaque, la défensive a encore son importance.

Sur cette note, je vous donne la parole, chers lecteurs et cheres lectrices. Que feriez-vous de William Nylander si vous étiez dans les souliers de Kyle Dubas ? Vous allez trouvez un terrain d'entente avec votre joueur avant le 1er décembre ? Vous l'échangez à une autre équipe avec la priorité de s'améliorer en défensive ? Ou encore vous le laissez sur les lignes de côté en ne signant pas le contrat tout de suite vous entendre avec lui plus tard... avec un énorme bonus de signature pour compenser le salaire que Nylander va perdre durant la présente saison ?

La parole est à vous !