Qualifiée à 16 ans pour ses premiers Jeux olympiques en 2008, la plongeuse Jennifer Abel a éclaté en sanglots en arrivant à la piscine de Pékin. Quatre ans plus tard, la confiance et l'audace remplacent les larmes de joie à l'approche des Jeux de 2012.

Pour sa deuxième expérience olympique, Abel se présentera à Londres en tant que meilleur espoir féminin canadien au plongeon de trois mètres. Son expérience acquise au fil des années lui permet d'espérer nettement mieux que sa 13e place en terres chinoises.

«C'est certain que je ne vois pas les Olympiques de la même façon. En 2008, j'ai raté la finale par une place donc je veux vraiment y participer cette fois et viser plus haut une fois que ce sera accompli», a raconté Abel au RDS.ca lors du Sommet des athlètes olympiques canadiens.

«J'ai vieilli, c'est beaucoup quatre ans d'expérience en plongeon. Je me connais vraiment mieux comparativement à 16 ans», a renchéri l'athlète au sourire inspirant.

En plus d'aspirer à un résultat différent, Abel sait aussi qu'elle ne réagira pas de la même façon quand elle s'approchera de l'aire des plongeons à Londres.

«À Pékin, c'était ma deuxième compétition internationale senior. Cette fois, je serai habituée, mais je verserai peut-être quelques larmes parce que je vais revivre des flashback de 2008 et on vit les Olympiques seulement une fois aux quatre ans», a confié la plongeuse aux origines haïtiennes.

«C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai pleuré à 16 ans, j'avais déjà réalisé mon rêve. Je n'étais pas là pour gagner la médaille d'or, mais plutôt pour vivre l'expérience et apprendre des autres», s'est souvenue Abel.

Les émotions d'Abel se sont traduites en larmes à son baptême olympique, mais elle est loin d'avoir froid aux yeux étant plutôt reconnue pour le haut degré de difficulté de ses manœuvres.

«On dit que je suis assez puissante dans mes plongeons. La difficulté, c'est un risque et ça peut jouer contre moi, mais il faut donner le tout pour le tout», a évoqué celle qui raffole de la grande camaderie avec ses partenaires de l'équipe canadienne de plongeon.



Le parcours d'Abel sera fort intéressant à suivre en individuel alors qu'un podium est envisageable, mais il s'annonce encore plus prometteur en plongeon synchronisé en compagnie de l'expérimentée Émilie Heymans.

Le paire canadienne a cumulé plusieurs podiums au cours des derniers mois sauf que la constance n'a pas toujours été au rendez-vous. À quelques jours de l'événement ultime, les deux athlètes auront la pression de gravir l'une des trois précieuses marches à Londres.

Près de 10 ans plus âgée que sa partenaire, Heymans possède une réputation de renom en plus de compléter Abel de façon très intéressante au niveau de la personnalité.

«Émilie est très concentrée, elle écoute des films sur son Ipod durant les compétitions. De mon côté, je suis plus du style à écouter de la musique et bouger. Si je reste trop assise, je deviens trop zen ou trop excité. J'aime voir le côté calme d'Émilie, c'est bien pour l'équipe et on s'ajuste ensemble pour arriver au bon niveau d'énergie», a souligné Abel qui cible Heymans, Alexandre Despatie et Greg Louganis comme ses inspirations en plongeon.

«C'est ma troisième partenaire et c'est avec elle que c'est le plus facile. Le synchro, ça doit venir naturellement en apportant quelques correctifs et j'apprends beaucoup d'elle par son expérience. C'est vraiment le fun de la côtoyer et c'est l'une des raisons pourquoi je suis rendue là», a lancé Abel sans hésiter.

La plongeuse au talent indéniable est tombée en amour avec cette discipline grâce à son frère Andy. Environ 16 ans après les débuts de sa petite soeur en plongeon, il porte fièrement un tattoo la représentant en action.

«J'avais 4 ans et mes parents trouvaient très important de savoir nager. Mon frère faisait de la natation je voulais faire comme lui quand je le voyais sauter du tremplin. J'étais encore plus casse-cou quand j'étais jeune; je ne voyais pas le danger et je voulais que mon grand frère soit fier de moi», a relaté celle qui mesure cinq pieds et trois pouces.

«Mes parents trouvaient que j'étais trop jeune à 4 ans pour plonger donc ils m'ont inscrit dans d'autres sports comme la nage synchronisée, mais j'ai eu un coup de cœur pour le plongeon avec les montées d'adrénaline.

Grâce à son sport, Abel a déjà parcouru la planète à la conquête des médailles et elle identifie le Qatar comme son coup de cœur géographique sans avoir besoin d'y réfléchir.

«On était à cet endroit en camp d'entraînement avant les Jeux du Commonwealth en Inde. On forme une grande famille en plongeon et on a découvert à quel point il régnait une culture différente. On est allé dans le désert, on a fait du chameau, on s'est amusé dans l'océan… C'était merveilleux!», a détaillé Abel qui rêve d'une carrière dans le domaine de la télévision.

À l'instar de ses partenaires de la délégation canadienne, Abel espère ressentir la vague d'appui amorcée à Vancouver jusqu'à Londres et elle aimerait sans doute conclure son exigeante mission en sentant l'eau couler sur ses joues … sur le podium.