Patrick Charlebois est le premier Canadien à gagner le Marathon du Pôle Nord
MONTRÉAL - Le marathonien trifluvien Patrick Charlebois cumule les exploits: en plus d'avoir couru 10 marathons en dix jours, à travers tout autant de provinces canadiennes en 2018, l'athlète a aussi complété sept marathons sur tout autant de continents en sept jours, l'année précédente. Le voilà qui vient de remporter le 18e Marathon du Pôle Nord, devenant ainsi le premier Canadien à réaliser ce fait d'armes.
Cette expédition, considérée comme le marathon le plus difficile au monde, a de plus permis à l'athlète québécois d'intégrer le Marathon Grand Slam Club, qui ne compte que deux Canadiens en son sein. Surtout, le périple lui a permis de jeter un regard neuf sur les impacts des changements climatiques sur la calotte glaciaire.
Au moment de prendre notre appel, l'équipage du Commandant Charcot et ses passagers s'extasiaient devant un ours polaire, aperçu une banquise située tout près, témoigne le principal intéressé.
Depuis le début de leur expédition, il y a une dizaine de jours, les 12 marathoniens qui prenaient part à l'épreuve côtoient des scientifiques qui se trouvent également à bord du Commandant Charcot, un bateau de croisière qui sert aussi de laboratoire pour étudier les impacts des changements climatiques sur le Pôle Nord.
Chaque jour ou presque, les passagers ont pu assister à différentes conférences sur les changements climatiques et l'environnement.
« Je reviens avec un oeil tout à fait différent de ce qui se passe dans le monde. C'est assez exceptionnel, témoigne le Farnhamien d'origine. Selon les scientifiques, en 2030 – ce n'est pas dans 25 ans, 30 ans, 35 ans –, en 2030, courir un marathon au Pôle Nord ça va être impossible, parce qu'ici, ça va être de l'eau."
D'ailleurs, pour parcourir 43 fois la boucle de 1 kilomètre qui constituait le tracé du marathon sur la calotte glaciaire, les participants ont dû revêtir une veste de flottaison. S'il se trouvait entre 6 et 12 pieds de neige sous leurs pas, 200 mètres plus loin, la glace avait laissé sa place à l'océan.
« Les glaces étaient extrêmement fragiles. Elles cédaient sous nos pieds, relate le vainqueur. Mon pied s'est enfoncé à plusieurs reprises d'environ cinq à six pouces dans l'eau. J'ai même vu un moniteur pénétrer d'environ cinq pieds dans la glace. »
Au cours des journées qu'il reste au périple pour ramener les coureurs à bon port, ceux-ci auront l'occasion d'explorer davantage la région arctique, que ce soit en Zodiac, en kayak ou dans le cadre de randonnées pédestres.
Au pôle nord géographique, il faisait quatre degrés Celcius lors de l'événement. « C'est agréable, mais qu'il fasse 4 degrés, c'est quand même assez préoccupant », souligne M. Charlebois.
« Le pôle Nord, c'est l'endroit qui subit le plus les impacts des changements climatiques, poursuit-il. Quand il fait 1 degré de plus chez nous, au Québec, c'est 4 degrés de plus au pôle Nord. »
En plus de le sensibiliser aux changements climatiques, le défi que s'était donné M. Charlebois avait pour objectif de mettre en lumière la cause de la recherche contre le cancer, lui qui s'est associé au groupe Les Lunettes Roses pour amasser 150 000 $.