« Should I stay or should I go? » a chanté The Clash. Partir ou rester, voilà la même question que doivent se poser les triathlètes d’ici qui aspirent aux grands honneurs sur la scène internationale, car l’hiver québécois fait rarement partie des conditions gagnantes pour être au sommet de sa forme aux épreuves internationales qui s’étalent du mois de mars au mois de septembre.

Cinquième à la Coupe CAMTRI disputée en marge des Séries mondiales de triathlon de Montréal samedi, Élisabeth Boutin a fait le choix de partir dans l’Ouest. Pavlos Antoniades, neuvième à l’épreuve masculine, a pour sa part fait le pari de rester chez lui, à Trois-Rivières.

Boutin, originaire de Les Cèdres (Montérégie), partage désormais sa vie entre Victoria (Colombie-Britannique) et Scottsdale (Arizona).

« Victoria, c’est au Canada et je me sens plus à la maison, même si j’ai adoré m’entraîner en Espagne. »

L’exil, est-ce un passage obligé?

« C’est fortement suggéré », mentionne-t-elle en riant lorsqu’on lui pose la question. « Plusieurs du Québec s’entraînent à la maison, mais personnellement, je préfère aller à l’extérieur. Mon emploi, c’est de m’entraîner fort tous les jours et il y des accros qui peuvent apporter des remises en question, sauf que lorsque tu as ça à cœur, ça devient facile (de passer à travers). »

Un des plus beaux espoirs au pays, Pavlos Antoniades, est à l’opposé de sa collègue. Pour lui, il ne fait aucun doute qu’il demeurera dans son patelin afin de poursuivre sa progression.

« La carrière est longue, alors j’y vais au jour le jour. Je fais mon Cégep en trois ans et je suis très bien installé à Trois-Rivières où j’ai un bon groupe d’entraînement et où tout est proche. Je sens que je progresse. Je favorise l’option de rester au Québec pour mes études, car je veux aller en médecine si j’ai les notes… et jusqu’à maintenant ça va très bien! Il y a plusieurs options au Québec et j’aimerais rester ici. »

Le récipiendaire du Maurice Athlète québécois masculin de l'année au Gala SportsQuébec 2015 et 2016 n’a pas l’impression de faire bande à part dans son choix.

« Ce n’est pas parce que je veux être différent. Je trouve que le système marche très bien ici et je veux en profiter et c’est pour ça que je suis All In ici » poursuit le triathlète, 15e aux mondiaux juniors de l’an dernier.

Observatrice avisée, l’Olympienne des Jeux de Rio, Sarah-Anne Brault, convient qu’il n’y a pas de recette parfaite. Elle a fait partie de groupes d’entraînement en Australie et en Espagne pendant trois ans et l’important selon elle, est que l’athlète soit bien dans sa décision.

« Chaque athlète doit trouver ce qui est le mieux pour lui pour l’aider dans son cheminement sportif, mais aussi sa vie personnelle et scolaire. Moi, je voulais y aller All In et c’était la meilleure façon d’atteindre mes buts. La première course de la Série mondiale est en mars à Abou Dabi et si tu t’entraînes ici, tu ne peux pas être prêt en mars. Soit tu t’exiles, tu participes à des camps d’entraînement ou bien tu sautes les premières courses de la saison. »

L’ex-athlète rappelle que ce choix aura des impacts à long terme, car les meilleurs athlètes sont souvent à l’aube de la trentaine.

« Quand ça va bien, partir, c’est incroyable! Mais quand les choses vont moins bien et que tu n’as pas le soutien de ta famille ou ton médecin, il faut être plus à son affaire. Pour moi, ç’a fonctionné. Quand tu es bien intégrée à ton groupe, ça peut être magique. Il faut qu’ils s’écoutent eux-mêmes et qu’ils ne regardent pas les autres, leur compte Instagram ou ce qu’ils disent. »

Sans entendre ce conseil, c’est visiblement le choix qu’ont fait Élisabeth Boutin et Pavlos Antoniades.