L'ancien joueur étoile des Expos Rusty Staub est mort jeudi matin à l'âge de 73 ans
MLB jeudi, 29 mars 2018. 08:30 jeudi, 29 mars 2018. 09:58MONTRÉAL - Après avoir fait revivre l'espoir et l'allégresse à ses plus fidèles amateurs pendant 48 heures en début de semaine, le baseball à Montréal pleure jeudi la perte de l'une de ses plus grandes figures.
Rusty Staub, la première véritable vedette de l'histoire des Expos de Montréal, est décédé. Il aurait célébré son 74e anniversaire de naissance le 1er avril.
Le New York Daily News a annoncé que Staub a rendu l'âme des suites d'une défaillance d'organes multiple tôt dans la nuit de jeudi dans un hôpital du sud de la Floride.
Le vendredi 2 mars, le même quotidien new-yorkais avait rapporté que Staub se trouvait dans un état critique dans un hôpital de West Palm Beach à la suite d'une infection à staphylocoque, survenue environ un mois plus tôt, qui avait provoqué une insuffisance rénale.
Selon diverses sources, l'ancien voltigeur de droite s'était évanoui sur un terrain de golf et avait été transporté dans un hôpital dans un état affaibli et déshydraté.
Ce ne sont pas les seuls ennuis de santé dont Staub a souffert au cours des récentes années. Au début d'octobre 2015, il a été victime d'une crise cardiaque lors d'un vol entre l'Irlande et New York. L'avion avait dû retourner en Irlande pour soigner Staub avant qu'il ne soit trop tard.
Environ une semaine plus tard, il se portait suffisamment bien pour effectuer le lancer protocolaire avant le troisième match de la série de division entre les Dodgers de Los Angeles et les Mets de New York, avec lesquels il a passé neuf de ses 23 saisons dans les Ligues majeures.
Le décès de Staub survient le jour de l'ouverture de la saison régulière du Baseball majeur et moins de 48 heures après la présentation du dernier de deux matchs préparatoires des Blue Jays de Toronto devant plus de 51 000 spectateurs au Stade olympique. La même enceinte où Staub avait fait l'objet d'une émouvante ovation en juillet 1979 à son retour à Montréal.
Staub est le deuxième membre de l'édition inaugurale des Expos à rendre l'âme en 2018, après l'ancien troisième-but Bob Bailey, au début de janvier.
Imposant boni
Né Daniel Joseph Staub à La Nouvelle-Orléans, il a joué son premier match le 9 avril 1963 avec les Colts .45 de Houston - devenus les Astros en 1965 - à 19 ans, après avoir signé un contrat boni d'une valeur de 110 000$, une somme importante pour l'époque.
Après s'être graduellement imposé au point de devenir un joueur étoile, Staub passe aux Expos le 22 janvier 1969 en retour du premier but Donn Clendenon et du voltigeur Jesus Alou, le frère de Felipe.
La transaction doit être remodelée avec l'intervention du commissaire Bowie Kuhn, lorsque Clendenon refuse de se rapporter aux Astros.
Le 8 avril 1969, le jour du tout premier match de l'histoire de l'équipe montréalaise, le dossier se règle. Les Expos cèdent Alou, Jack Billingham et Skip Guinn, deux lanceurs, et une somme d'argent de 100 000 $ aux Astros.
Staub se fait rapidement valoir, en obtenant deux coups sûrs, dont un circuit, et en produisant deux points dans ce premier match remporté 11-10 par les Expos contre les Mets à New York.
Une histoire d'amour
Solide cogneur gaucher doté d'un bras droit puissant et précis au champ droit, Staub devient rapidement un favori de la foule du parc Jarry.
Staub contribue à cette histoire d'amour avec la qualité de son jeu et par son apprentissage du français. Il hérite du surnom « Le Grand Orange », à cause de sa taille et de ses cheveux roux.
« Il n'y a aucun doute que le fait que j'ai pris des leçons de français a aidé », avait déclaré Staub lors d'une conférence téléphonique en marge de son intronisation au Temple de la renommée du baseball du Canada, en 2012.
« Je suis allé dans toutes les grandes villes de toutes les provinces. Je faisais la promotion du baseball, des Expos et du baseball au Canada. C'était très gratifiant. J'avais l'impression d'être plus qu'un simple joueur. »
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Les Expos ne récoltent que 52 victoires en 1969, mais Staub se distingue avec une moyenne de ,302, 29 circuits, 79 points produits, une moyenne de présence sur les buts de ,426 et 16 assistances au champ droit.
En 1970, alors que la formation montréalaise franchit le cap des 70 victoires, Staub connaît une autre saison de qualité.
Sa moyenne glisse à ,274, mais il claque 30 circuits, son sommet en carrière, et produit 94 points. Il inscrit 12 buts volés et obtient 15 assistances.
En 1971, il frappe pour ,311, fait marquer 97 points et ajoute 20 assistances.
Des adieux et un retour émouvant
Malgré ces excellentes statistiques, une énorme onde de choc attendait les amateurs de baseball du Québec.
Le 5 avril 1972, les Expos l'échangent aux Mets en retour du voltigeur de droite et frappeur ambidextre Ken Singleton, de l'arrêt-court Tim Foli et du premier but Mike Jorgensen. Ces trois joueurs, âgés de moins de 25 ans, étaient perçus comme de beaux espoirs.
En 1973, Staub aide les Mets à atteindre la Série mondiale, la seule à laquelle il participera. Ils perdent en sept matchs contre les puissants Athletics d'Oakland, mais Staub vole la vedette à Reggie Jackson et compagnie.
Malgré une blessure à l'épaule droite survenue lors de la série de championnat qui avait précédé, il affiche une moyenne au bâton de ,423, la meilleure des deux équipes. La blessure le handicape à un tel point qu'il doit relayer la balle vers le champ intérieur par en-dessous.
En 1975, Staub obtient 105 points produits, le record chez les Mets jusqu'en 1990.
Le 20 juillet 1979, Staub revient à Montréal le temps d'une demi-saison. L'équipe bataille alors avec les Pirates de Pittsburgh pour le premier rang.
Exactement une semaine plus tard, à son premier match à Montréal, il reçoit une ovation monstre des quelque 59 000 spectateurs réunis au Stade olympique alors qu'il se présente comme frappeur suppléant contre les Pirates dans le premier match d'un programme double.
« Ce que ces 59 000 personnes ont fait pour moi en me donnant cette ovation, c'est l'un des moments les plus mémorables de ma vie, avait admis Staub en 2012.
« C'est l'un des rares moments dans ma vie où j'ai dû combattre mes émotions, parce que je devais me présenter au bâton. J'ai eu un bon lancer, mais j'ai frappé un ballon. Cette soirée représente l'un des plus grands moments de toute ma vie. »
Avec les Expos, Staub a participé à 518 rencontres, frappé 531 coups sûrs, dont 81 coups de circuit, et fait produire 284 points.
Sa moyenne de présence sur les buts de ,402 avec les Expos est la meilleure dans l'histoire de la concession, incluant les Nationals de Washington, parmi les joueurs ayant accumulé au moins 2000 présences au bâton.
Staub a aussi joué avec les Tigers de Detroit, de 1976 à 1979, et les Rangers du Texas en 1980. Il est retourné avec les Mets en 1981 où il a terminé sa carrière en 1985 à l'âge de 41 ans.
En 1978, avec les Tigers, il devient le premier joueur à disputer les 162 matchs exclusivement comme frappeur désigné. Il amasse 121 points produits, un sommet personnel.
Au fil de sa carrière, Staub a frappé 2716 coups sûrs en 2951 matchs. Il a enregistré une moyenne globale de ,279 avec 292 circuits et 1466 points produits.
Six fois membre des équipes d'étoiles, dont trois fois avec les Expos, Staub est le premier joueur dans l'histoire à avoir obtenu au moins 500 coups sûrs avec quatre équipes. Il est aussi l'un des rares joueurs à avoir frappé des circuits avant l'âge de 20 ans et après l'âge de 40 ans.
Le 15 mai 1993, au Stade olympique, le chandail numéro 10 qu'a porté Staub à ses premières saisons à Montréal a été retiré. Il a été le premier joueur à recevoir pareil honneur chez les Expos.
Après sa carrière, il a été analyste aux matchs télévisés des Mets entre 1986 et 1995, est demeuré longtemps associé à l'équipe à titre d'ambassadeur et a créé une fondation qui porte son nom pour venir en aide aux jeunes et aux veuves et veufs des premiers répondants.
« La famille des Mets a subi une autre perte plus tôt aujourd'hui lorsque Daniel 'Rusty' Staub est décédé dans un hôpital de West Palm Beach des suites d'une maladie », a déclaré l'organisation dans un communiqué.
« Il était presque aussi connu pour son travail philanthropique que pour sa carrière de joueur de baseball, qui s'est étendue sur 23 saisons. Il n'y a pas une cause qu'il n'a pas appuyée. Rusty a aidé les enfants, les pauvres, les aînés. Et il y avait celle qui lui a procuré tant de joie et de fierté, le "New York Police and Fire Widows and Children's Benefit Fund". »