Quel genre de saison connaîtront les Québécois?
Deux Québécois lanceront leur saison dans le Baseball majeur en 2025: Otto Lopez et Édouard Julien. Il s'agit d'un de moins qu'en 2024, alors qu'Abraham Toro s'était taillé une place avec les Athletics d'Oakland. Le Longueuillois a bien fait au camp des Red Sox de Boston ce printemps, mais il a été en quelque sorte victime de la congestion à l'avant-champ.
D'ailleurs, au moment d'écrire ces lignes, seulement l'un d'entre eux semble assuré de son poste, soit Lopez, avec les Marlins de Miami. Julien, à sa troisième saison dans les Majeures, devra prouver qu'il peut y demeurer. Voici un tour d'horizon de la situation chez nos représentants de la Belle Province:
Lopez bien en selle
Ignoré par les Blue Jays de Toronto pendant deux saisons, puis par les Giants de San Francisco, Lopez s'est retrouvé avec les Marlins en 2023. Évoluant pour une formation moins bien nantie, il a immédiatement saisi l'occasion. Rappelé à la mi-avril l'an dernier, il n'a plus jamais regardé derrière lui.
Lopez a conclu la saison avec des moyennes de ,270/,313/,377, avec 109 coups sûrs, dont 23 doubles, un triple et six circuits, en plus d'avoir volé 20 buts, en 117 matchs.
Ces performances en 2024 lui ont permis de toucher un boni de 300 000 $ US tiré d'une cagnotte de 50 millions $ partagée entre les 101 joueurs n'ayant pas droit à l'arbitrage salarial et ayant offert de bonnes performances.
Ce printemps, il a connu un excellent camp, comme en font foi ses moyennes offensives de ,319/,377/,489. Il semble acquis, à moins que sa production ne s'effondre, qu'il est bien en selle au sein de l'avant-champ des Marlins.
Chance en or pour Julien
Profitant des blessures aux joueurs d'avant-champ Royce Lewis et Brooks Lee, Julien a obtenu la confirmation qu'il amorcerait la saison avec les Twins du Minnesota, officiellement sa troisième. Mais 2024 a été particulièrement difficile pour lui, avec deux séjours dans les ligues mineures.
Après avoir terminé 2023 au septième rang du scrutin pour le titre de recrue par excellence dans l'Américaine, Julien n'a pas été en mesure de répéter ses exploits l'an dernier. Il a terminé la campagne en frappant pour seulement ,199 et, de nouveau, les retraits sur des prises sont venus le hanter.
Alors qu'en 2023, il avait conclu avec exactement deux fois plus de retraits au bâton que de buts sur balles — 128 contre 64 —, ce sont près de quatre fois plus de «K» que «BB» qui ont été inscrits à sa fiche l'an dernier, 102 contre 33. C'est une tendance qui marque sa carrière jusqu'ici. La seule fois où il a obtenu plus de buts sur balles que de retraits au bâton, c'était en 2022, dans la Ligue d'automne de l'Arizona: 23 contre 22, en 21 parties.
Il a connu un camp très respectable avec des moyennes de ,273/,344/,455... mais a aussi été retiré 13 fois au bâton contre six passes gratuites. Voyons voir ce qu'il pourra accomplir dans ce qui pourrait être son ultime audition au Minnesota.
Toro à court
Au camp des Red Sox, où il s'est retrouvé après avoir opté pour l'autonomie à la conclusion de la dernière campagne, passée à Oakland, Toro a su se mettre en valeur. Mais avec Rafael Devers et l'arrivée d'Alex Bregman, le troisième coussin semblait une destination peu probable pour lui.
Embauché en janvier avec un contrat des ligues mineures assujetti à une invitation au camp des Majeures, Toro a fait le maximum avec cette nouvelle chance qui lui a été offerte. Ses moyennes de ,310/,356/,595 parlent d'elles-mêmes, et plus de la moitié de ses 13 coups sûrs au camp ont été pour plus d'un but, lui qui a frappé quatre doubles, un triple et deux circuits, en plus de produire 10 points dans les 21 rencontres au cours desquelles il a été utilisé.
Toro avait connu tout un début de saison avec les A's en 2024, lui qui a flirté avec une moyenne au bâton de ,300 jusqu'à la fin de mai. Le reste de la saison a cependant été plus difficile, et il a conclu avec une compilation offensive de ,244/,293/,350.
Frappeur ambidextre, il aura toutes les occasions de se mettre en valeur au niveau AAA. À lui de les saisir.
Et les autres?
Charles Leblanc, qu'on a peu vu dans les Majeures l'an dernier avec les Angels de Los Angeles, a été embauché par les Braves d'Atlanta cet hiver. Ceux-ci lui ont aussi offert un contrat des ligues mineures assorti d'une invitation au camp des Majeures. Il a été cédé au camp du niveau AAA il y a quelques jours.
Cette décision n'est pas surprenante: Leblanc ne fait pas partie de la formation des 40 joueurs des Braves, et il n'a été que peu utilisé au camp. Il a cependant bien fait avec ses 16 présences au bâton, frappant cinq coups sûrs, dont un circuit.
Pour sa part, l'artilleur lavallois Miguel Cienfuegos devrait amorcer la saison au niveau AA des Padres de San Diego après s'être trempé les orteils en lançant deux tiers de manche au camp des Majeures. Les autres Québécois dans le baseball affilié commenceront tous leur saison à un niveau inférieur.
Vlad, pas Vlad?
Quant à Vladimir Guerrero fils, comme l'an dernier, nous ne le comptabiliserons pas dans cet ouvrage. S'il est vrai qu'il est né à Montréal, il n'a pas joué son baseball mineur au Québec et il représente la République dominicaine sur la scène internationale.
Guerrero a connu une résurgence l'an dernier, connaissant de loin sa meilleure saison dans la MLB depuis 2021, alors qu'il avait terminé derrière Shoehi Ohtani au scrutin du joueur par excellence dans l'Américaine, terminant sixième en 2024.
Joueur de concession des Jays, il est, de façon surprenante, toujours en attente d'une offre de contrat à long terme digne d'un joueur de son calibre de la part de l'une des formations les plus riches du baseball. Si la situation n'est pas corrigée, il deviendra joueur autonome sans compensation à la fin de la Série mondiale.
Encore une fois, nous ne pouvons passer sous silence le « travail de moine » effectué par Jacques Lanciault sur son site jacqueslanciault.com. Impliqué dans le baseball amateur depuis de nombreuses années, Lanciault y recense absolument tous les Québécois impliqués dans le baseball professionnel, ainsi qu'au baseball universitaire et indépendant. Une référence.