Se démarquer à une ère de vitesse pour les lanceurs
Le gaucher des Rangers du Texas Cody Bradford a rapidement réalisé qu'il n'avait probablement pas le type de rapide qui fait écarquiller les yeux des dépisteurs. Ça ne l'a pas empêché de trouver sa niche dans les Majeures bien que ses pairs ne repoussent sans cesse la vélocité de leurs lancers.
« On ne m'a pas donné la capacité de lancer à 100 milles à l'heure, a dit Bradford. Mais on m'a donné plusieurs autres armes. »
Bradford fait partie d'une petite fraternité de lanceurs qui sont à contrecourant, connaissant une carrière remplie de succès sans miser sur une haute vélocité. Il a compilé une fiche de 6-3 avec une m.p.m. de 3,54 la saison dernière avec une rapide voyageant en moyenne à 89,8 m/h, ce qui le place dans le quatrième centile de la MLB selon Statcast.
« Dès mon jeune âge, mes entraîneurs me disaient: 'Cody, tu ne vas jamais lancer à 98 m/h. Tu vas être dans les hauts 80, bas 90. Alors ton contrôle sera la clé', a raconté Bradford, qui commencera la saison inscrit sur la liste des blessés en raison de douleurs au coude gauche. Au secondaire, je me concentrais à être précis. À l'université, j'ai vraiment adopté cette mentalité à fond, sachant que c'est mon contrôle qui allait me permettre de jouer le plus longtemps possible. »
Bien que Bradford ait principalement été utilisé comme partant en 2024, des releveurs correspondent aussi à ce profil. Le gaucher des Reds de Cincinnati Brent Suter a conservé une m.p.m. de 3,15 en 47 rencontres avec une rapide atteignant en moyenne 86,4 m/h, au premier centile selon Statcast.
« Quand je suis sur le monticule, je donne tout ce que j'ai, a indiqué Suter. Le radar ne lit pas la façon dont je me sens quand j'ai terminé ma présence. »
Les dirigeants voient encore d'un bon oeil les lanceurs misant davantage sur la ruse.
Le gérant des Reds, Terry Francona, note que tant d'accent a été mis sur les retraits sur des prises que l'impression générale était que si les frappeurs mettaient la balle en jeu, vous ne lancier pas bien. Il n'adhère pas à cette philosophie et se demande pourquoi plus de lanceurs de ne tentent pas d'imiter le membre du Temple de la renommée Greg Maddux en obtenant des retraits tôt dans le compte et de faibles contacts.
« Ce sont ces gars-là qui vont lancer en septième et huitième manches, a soulignée Francona. Les gars qui tentent d'effectuer le tir le plus rapide à chaque lancer et qui sont à effort maximal constamment sont ceux qu'on ne voit pas en fin de rencontre. Peut-être qu'ils lanceront cinq manches de très grande qualité et nous allons les prendre. Mais il est difficile de lancer tard dans le match quand tous les frappeurs se retrouvent avec des comptes de 3-2 et que chaque lancer à l'allure de ceux effectués dans le septième match de la Série mondiale. »
Le président des opérations baseball des Rangers, Chris Young, comprend très bien le sujet, puisque sa rapide atteignait rarement les 90 m/h pendant sa carrière dans la MLB, de 2004 à 2017.
« Il y a plusieurs gars qui ont connu du succès dans les Majeures et qui ne sont pas les lanceurs ayant la plus haut vélocité qui soit, a-t-il expliqué. Il faut un équilibre. De lancer a toujours été une question d'équilibre. Cela dit, il n'y a pas de doute que d'avoir une bonne vélocité est un avantage compétitif indéniable. Plus vous lancer fort, moins le frappeur a de temps pour réagir. Mais ce n'est pas l'unique option. »
Bradford a malgré tout l'air d'une exception dans une ère où les lanceurs lancent plus fort que jamais.
Selon Statcast, le nombre de lanceurs ayant effectué au moins 250 tirs en 2024 et comptant sur une rapide traditionnelle «à quatre coutures» dont la moyenne était au moins de 98 m/h se chiffrait à 22. En 2018, il n'y en avait que sept et seulement 64 avec une moyenne de 96 m/h, contre 125 la saison dernière.
« Je crois que si vous ne lancez pas aussi fort, c'est plus long d'atteindre les Majeures », a affirmé le releveur des Giants de San Francisco Tyler Rogers, un spécialiste de la sous-marine qui a percé la MLB à 28 ans.
Ça peut être plus difficile de rester dans les Majeures également. Par exemple, Dane Dunning a été nommé lanceur de l'année des Rangers par le chapitre du Texas des Chroniqueurs de baseball d'Amérique après leur conquête de la Série mondiale en 2023. Dunning se classait au 11e centile de la vélocité cette saison-là, mais a compilé une fiche de 12-7 avec une moyenne de 3,70 comme partant et releveur.
Mais après une saison 2024 décevante et un mauvais camp d'entraînement, Dunning va commencer la saison dans les ligues mineures. La rotation des Rangers comptera notamment sur deux recrues, Jack Leiter et Kumar Rocker, qui lancent à plus de 100 m/h.
D'autres survivent malgré cela. Rogers, malgré une rapide moyenne à 82,3 m/h, la pire de tous les lanceurs ayant effectué au moins 250 lancers l'an dernier, amorcera sa septième saison dans les Majeures. Il a même été utilisé comme spécialiste des fins de match, un rôle généralement attribué aux artilleurs aux balles de feu.
Suter a toujours été parmi les pires lanceurs du baseball du point de vue de la vélocité, mais il en sera à sa 10e campagne et a compilé une moyenne inférieure à 3,50 au cours des six dernières.
« Ça a été difficile, mais il faut avoir confiance en ses tirs et ils doivent avoir du mouvement près des frappeurs, a expliqué Suter. Je me suis vraiment concentré sur ce mouvement tardif au lieu d'augmenter ma vélocité. Je sais que je ne serai jamais en haut de la moyenne à ce chapitre, alors je me suis concentré sur mes forces et mon exécution. De savoir comment lancer et quelle séquence utiliser contre tel ou tel frappeur. »
« J'ai appris comment lancer des prises avec trois ou quatre lancers, peu importe le compte, et j'ai un excellent contrôle de ma rapide, a renchéri Bradford. Si vous savez comment maîtriser les deux côtés du marbre, le haut et le bas de la zone des prises, ça devient un jeu d'échecs contre le frappeur, un jeu de stratégie. »