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RÉSULTATS

Le rêve de la MLB passe par Saint-Joseph de Beauce

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Lundi soir, dans sa maison familiale de Saint-Georges de Beauce avec un groupe d'amis proches, Pier-Olivier Boucher suivait attentivement le repêchage de la MLB même si, pour la grande majorité des Québécois, ce n'est pas un événement marquant dans le calendrier estival.

La différence pour PO, le surnom qui lui colle à la peau, c'est qu'il savait que les Braves d'Atlanta étaient intéressés à lui donner sa chance et il attendait avec impatience la sonnerie de son téléphone pour lui confirmer le tout.

« J'avais parlé aux Braves en début de journée », confiait-il dans une conférence Zoom organisée par Jean-Philippe Roy des Canonniers de Québec, le programme de Sports-études qui a formé Boucher à la fin de son secondaire.

« On m'avait dit que je serais sélectionné autour de la 8e ou de la 9e ronde, je savais que ça s'en venait et je l'ai su officiellement environ vingt choix avant moi. »

Roy, même à distance via les écrans interposés, cachait mal sa fierté de voir Boucher sélectionné ainsi par l'organisation des Braves à l'âge de 23 ans. Alors qu'un 12e joueur de son programme se retrouve repêché par une équipe de la MLB, il garde sans doute en tête qu'à la base, le tapis n'était pas déroulé devant le jeune voltigeur de la Beauce. Il s'est faufilé à sa façon dans les craques du système pour se mettre sur le radar des dépisteurs de la MLB.

Il faut tout un village …

Saint-Georges de Beauce, vous vous en doutez, ne possède pas les mêmes infrastructures qu'un grand centre comme Québec ou Montréal pour les jeunes joueurs.

Même que, lors des années formatrices de Pier-Olivier Boucher, il n'y avait pas d'organisation dans son village.

C'est plutôt à Saint-Georges de Beauce que Boucher a joué son Pee-Wee A, à défaut d'une équipe proche de chez lui.

« Dans le temps, l'autoroute ne se rendait même pas à Saint-Georges », précise-t-il, en replaçant la chronologie de ses souvenirs mentalement. « Ça prenait environ trente minutes se rendre en auto. »

L'histoire ne dit pas si la volonté de préserver son véhicule plus longtemps a motivé Stéphane Boucher, le père de Pier-Olivier, à orchestrer une association à Beauce Centre. Ce qu'on sait, par contre, c'est qu'il était fortement impliqué dans la création d'une association à Saint-Joseph et c'était en place pour le Bantam A de Pier-Olivier, pile durant sa croissance adolescente.

Sauf qu'une association dans son village, ce n'était que le début de l'aventure et de la route, PO allait en faire encore beaucoup.

Pas mal plus que la moyenne des jeunes en Sports-études d'ailleurs.

Comme le programme des Canonniers est à Lévis, c'est en mode aller-retour que Boucher a terminé sa première année avec l'équipe en secondaire 3. Un 45 minutes, c'est peu en surface, mais deux fois par jour, cinq jours par semaine, ça use la motivation des plus téméraires.

C'est pourquoi Boucher a terminé son secondaire en appartement avec deux autres joueurs de la Beauce et un parent pour chaperonner le tout. Déraciné, du moins partiellement, avant sa majorité, Boucher a développé son autonomie et, qui sait, peut-être son désir de pousser l'aventure baseball encore plus loin, même si ça voulait dire de faire ses sacs pour les États-Unis après la graduation.

C'est à Indian Hills, un Community College de l'Iowa, que Boucher s'est installé à 19 ans pour peaufiner son jeu.

Parce qu'avant d'avoir le droit de rêver concrètement à la MLB, il faut se faire remarquer par un programme de la NCAA et jouer ses premières années universitaires dans un Community College, c'est une bonne façon de le faire.

Après deux saisons, il a rejoint les Salukis de l'Université Southern Illinois.

Sa première année, avec seulement huit circuits, n'a pas impressionné les équipes de la MLB. Son nom n'avait pas été retenu lors du repêchage et il savait qu'il devait travailler sur tous les aspects de son jeu pour changer son avenir.

En 2023, à sa dernière année d'éligibilité universitaire, Boucher a doublé sa production de circuits (de 8 à 16), en plus de mener son équipe dans plusieurs catégories offensives, dont la moyenne au bâton (,335), les coups sûrs (77) et les buts volés (19).

Avant sa graduation, il a été nommé sur la seconde équipe d'étoile de la Missouri Valley Conference.

Maintenant, la suite des choses

« Écoute, honnêtement, j'en ai aucune idée. »

C'était la réponse très franche du jeune voltigeur quand on lui a demandé les termes de sa première entente avec les Braves.

Boucher a confirmé qu'il avait signé son premier contrat professionnel en fin de soirée lundi, autour de 23h00. Il n'en revient toujours pas au lendemain de sa sélection et il devra rejoindre les autres joueurs repêchés en Floride pour connaître la suite des choses.

Pour le moment, c'est tellement frais qu'il ne sait pas ce que l'avenir lui réserve.

Pas question d'argent, de contrat ou même de lieu de résidence. Pier-Olivier Boucher s'attend à quitter la Beauce vers la Floride dans les prochains jours et la route devant lui s'imposera selon ses caprices et ses exigences.

À l'image de son parcours jusqu'ici dans le monde du baseball, la plupart du temps doublé d'un sac de voyage et de moments pour parler à sa famille au téléphone, à défaut de le faire avec de la proximité.

À 23 ans, le chemin vers la MLB ne sera pas une route de plaisance pour le voltigeur, mais il n'y a rien d'impossible quand on regarde les exploits d'autres joueurs des Canonniers avant lui, comme Édouard Julien par exemple qui tire son épingle du jeu à 24 ans dans le baseball majeur.

De toute manière, l'important pour le moment, c'est d'avoir un contrat en poche. D'une certaine façon, c'est un billet de loterie qui lui donne maintenant l'occasion de rêver de façon concrète à la MLB.

Pour la suite des choses, c'est à PO de faire ce qu'il fait de mieux depuis plusieurs années déjà : prouver qu'il est à sa place avec ses crampons dans les pieds sur les terrains les plus prestigieux du monde.