Chris Boucher inspire la relève avec son parcours et du plaisir
MONTRÉAL – En plus de passer la matinée à prodiguer des conseils, Chris Boucher empoignait parfois son calepin de la NBA pour prendre quelques notes. À 30 ans et avec plus de 300 matchs derrière la cravate, le joueur des Raptors de Toronto prenait son rôle au sérieux.
Boucher collabore avec enthousiasme à la 12e édition du camp de Basketball Sans Frontières des Amériques. Depuis 2001, ce programme, qui existe aussi à l'échelle internationale, a accueilli plus de 4000 participants de 135 pays. Jusqu'à présent, 106 de ces joueurs (dont Luguentz Dort et Bennedict Mathurin) et joueuses sont parvenus à accéder à la NBA ou la WNBA.
« Voir le meilleur talent à travers le pays, c'est une opportunité pour moi de redonner, mais aussi de mieux comprendre la réalité d'un recruteur ou d'un entraîneur. Quand tu es un joueur, tu ne vois pas tout ça et c'est une belle occasion d'apprendre », a expliqué Boucher coiffé d'une casquette noire.
Boucher se reconnaît dans ces athlètes qui aspirent à une carrière professionnelle.
Chris Boucher« J'étais l'un de ces joueurs. Ça fait du bien d'être à Montréal et d'avoir la chance d'examiner les joueurs, leur parler et leur donner des conseils. Mon but, c'est surtout de les aider à devenir de meilleurs joueurs et c'est une occasion de le faire », a-t-il noté devant les médias.
Pendant son allocution à la soixantaine de jeunes de moins de 18 ans, Boucher a insisté sur l'importance de la persévérance, mais également du plaisir.
« Ça m'a pris du temps pour réaliser que j'ai été chanceux et que ce n'est pas tout le monde qui se rend dans la NBA. Et aussi pour apprécier chaque moment même dans les entraînements, quand c'est exigeant », a expliqué le sympathique athlète qui ne semble pas avoir trop changé.
Sans que ce soit parfait, Boucher est rendu à une belle étape de sa carrière et il apprécie le tout. Bien sûr, il souhaiterait jouer davantage et exercer un rôle prépondérant sur les succès de son équipe. Mais il sent qu'il avance encore dans la direction désirée.
« Je veux devenir meilleur chaque jour et beaucoup de facettes de mon arsenal ressortent davantage. Le jeu devient plus lent à mes yeux et ça se produit avec l'expérience. Plus je vais ajouter de saisons, mieux je vais jouer », a précisé le joueur de six pieds neuf pouces.
Sans le dire de manière très directe, Boucher voit d'un bon œil l'entrée en scène du nouvel entraîneur-chef des Raptors, Darko Rajakovic. S'il a grandi sous les ordres de Nick Nurse, ce changement pourrait aider sa carrière.
« Il arrive avec un bon et différent système. Il est très enthousiaste et c'est un entraîneur axé sur les joueurs, il veut vraiment que les gars s'améliorent. J'ai été là, à son arrivée, pendant deux semaines et je n'ai que de bonnes choses à dire, il a l'air très dévoué », a raconté Boucher.
« La saison dernière, on a eu des hauts et des bas et ce fut difficile de remonter la pente. Avec un nouvel entraîneur, ça nous procure un nouveau départ. On est tous prêts à montrer ce qu'on peut faire, on est une bonne équipe et on est jeunes. Quand tu regardes la finale avec des équipes comme Denver et Miami, ça nous donne beaucoup d'espoir », a-t-il enchaîné.
L'inspiration se sentait chez la relève
Boucher vit de nombreuses émotions en participant à un tel camp. Étant plus vieux, il a vu Luguentz Dort, « on a joué dans les mêmes parcs » et il a assisté à l'émergence de Bennedict Mathurin, « je l'ai vu avec Équipe Canada ». Il est donc touché de voir qu'il a déjà inspiré les autres Québécois de la NBA et que ça se poursuit avec ceux présents à Longueuil.
« Quand ils disent qu'ils sont dans la NBA parce qu'ils t'ont vu, ça fait toujours du bien », a-t-il admis.Ramogi Ibrahim Nyagudi
Les terrains du Cégep Édouard-Montpetit étaient remplis de jeunes avec une histoire inspirante. Un recruteur nous parlait d'un athlète montréalais qui s'est taillé une place même s'il n'a commencé le basket que depuis un an. Il était aussi emballé par le talent du Brésilien Gabriel Ferreira Guedes De Souza et des qualités athlètes du Manitobain Ramogi Ibrahim Nyagudi (28).
Pour demeurer dans le volet local, on a discuté avec Anthony Ponga et Patricia Augustin qui se démarquent parmi les espoirs du Québec.
« C'est magique d'avoir reçu cette invitation ! Je sais aussi que les joueurs de Montréal dans la NBA l'ont fait avant moi. Je veux montrer mon véritable talent aux entraîneurs et prouver aux jeunes du Québec qu'on peut réussir en investissant le travail », a confié Ponga qui se promettait de poser quelques questions à Boucher, Dort et Mathurin.
En raison des nombreux exercices, Augustin (29) ne pouvait pas accorder de longues minutes. Mais on se promet de suivre la suite de son parcours qui est déjà fascinant. La joueuse de 16 ans a quitté Haïti, en 2016, avec son père et son frère pour rejoindre sa mère au Québec.
Patricia Augustin« C'est incroyable. Il y a quelques années, je n'aurais jamais cru qu'une telle chose serait possible. Je suis vraiment chanceuse, ce n'est que du bonheur de partager cette expérience avec tout le monde. J'ai commencé le basket il n'y a pas très longtemps et je sors d'un pays où ce fut un peu difficile. Je me dis que le travail effectué depuis cinq ans a vraiment payé », a exposé Augustin.
Cette saison, Augustin a accompli de petits miracles, selon ce qu'on nous a raconté, avec le Collège Charles-Lemoyne.
« Notre saison a été incroyable, on a fini avec une fiche sans aucune défaite, 16-0, et on a gagné tous les tournois ainsi que la finale RSEQ. C'est devenu un record pour notre école », a décrit celle qui vise la NCAA et une carrière professionnelle.
Augustin a délaissé le soccer pour se concentrer sur le basketball et ses qualités athlétiques sautent aux yeux.