MONTRÉAL - La boxe a repris un peu de tonus en 2021, mais elle est loin d'avoir retrouvé la vitesse de croisière qu'elle avait atteinte avant la pandémie.

De nouveau au cours de la dernière année, les promoteurs québécois ont dû fait preuve d'ingéniosité pour permettre à leurs boxeurs de pratiquer leur art, plus souvent qu'autrement à l'étranger.

Les amateurs de boxe de la Belle Province ont terminé l'année avec toute une soirée de boxe au Centre Bell, le 17 décembre dernier, alors qu'Artur Beterbiev a défendu avec succès ses deux ceintures et que Marie-Ève Dicaire a reconquis la sienne. Mais ils sont également tombés des nues quand l'un de leurs favoris a été trouvé coupable de dopage et ont été témoins d'une terrible tragédie.

Retour sur la boxe québécoise de 2021.

En route vers les hautes sphères

Artur Beterbiev (17-0, 17 K.-O.) a confirmé sa place parmi les meilleurs boxeurs de la planète en disposant de son adversaire obligatoire Marcus Browne par knock-out au neuvième round de leur excellent combat du 17 décembre. Il a du même coup défendu ses titres de l'International Boxing Federation (IBF) et du World Boxing Council (WBC) de façon éclatante dans le premier combat d'envergure présenté au Québec depuis le début de la pandémie.

Joe Smith fils, champion de la WBO, est le prochain sur sa cible, mais son nom circule également pour un affrontement face à Saul Canelo Alvarez. Le Mexicain a préféré affronter un combattant de deuxième ordre chez les lourds-légers plutôt que de se frotter au meilleur candidat chez les mi-lourds après avoir fait le ménage à 168 livres. Il ne pourra peut-être plus éviter Beterbiev très longtemps.

Top Rank, promoteur de Beterbiev, souhaiterait tenir cet affrontement de premier plan à l'automne 2022.

La chute de Pascal

Jean Pascal (35-6-1, 20 K.-O.) était à moins d'une semaine de défendre son titre des mi-lourds de la World Boxing Association (WBA) quand la nouvelle est tombée comme une tonne de briques: le champion québécois s'est dopé.

Pas moins de trois stéroïdes anabolisants et de l'EPO ont été retrouvés dans les échantillons d'urine fournis par le double champion du monde, qui avait pourtant été un grand défenseur des tests antidopage dans la boxe par le passé.

Une fois l'analyse de l'échantillon B effectuée, aucun doute n'était plus possible: la WBA a retiré la ceinture au Québécois et l'a suspendu pour six mois.

Pascal a jeté le blâme sur son préparateur physique Angel Heredia, un habitué des cocktails spéciaux. Coincé dans le scandale BALCO, le laboratoire de San Francisco au coeur du scandale de dopage de la MLB au début des années 2000, Heredia était devenu délateur. Ses témoignages ont mené à l'emprisonnement, notamment, de la sprinteuse Marion Jones. Il jurait qu'il était devenu propre. Pourtant, il était aussi dans le clan de Lucian Bute au printemps 2016 quand ce dernier a été trouvé coupable de dopage à l'ostarine.

Pascal est discret depuis qu'il purge sa suspension. Il n'a pas fait connaître ses intentions quant à la suite de sa carrière, mais à 39 ans et avec cette tache à son dossier, les gros combats se feront rares s'il n'accroche pas ses gants.

Dicaire de retour au sommet; l'ascension de Clavel se poursuit

Marie-Ève Dicaire (18-1, 1 K.-O.) est de retour au sommet après une année qui avait plutôt mal commencé.

En mars, elle a livré l'un des combats les plus importants de la boxe féminine quand elle a affronté la redoutable Américaine Claressa Shields avec les quatre ceintures des super-mi-moyennes, dont celle de l'IBF, détenue par la Québécoise, à l'enjeu.

Shields, peut-être la meilleure boxeuse de l'histoire, a signé une victoire par décision unanime et est repartie avec toutes les récompenses, faisant le ménage dans une deuxième division de poids.

Or, Shields n'avait pas l'intention de garder ces ceintures: elle souhaite unifier une autre division, en plus de toucher aux arts martiaux mixtes. Dicaire a donc profité de l'occasion qui lui a été offerte, le 17 décembre, pour reprendre son titre de l'IBF, en défaisant Cynthia Lozano par K.-O. technique en demi-finale du choc Beterbiev-Browne.

Elle est ainsi devenue la troisième Québécoise seulement à récupérer un titre mondial après l'avoir perdu. Les deux autres sont Lou Brouillard (1933) et Jean Pascal (2019).

Un troisième championnat du monde devait avoir lieu sur cette carte relevée, alors que Kim Clavel devait affronter la championne des mi-mouches du WBC, la Mexicaine Yesenia Gómez (19-5-3, 6 K.-O.). Blessée, Clavel n'a pas pu monter sur le ring. Ce combat a été reporté à 2022.

Elle avait mérité sa place en championnat du monde en remportant un combat éliminatoire face à Maria Soledad Vargas, le 28 août dernier, au cours d'une soirée tragique.

La demi-finale a été marquée par le violent K.-O. de Marie-Pier Houle aux dépens de la Mexicaine Jeanette Zacarias Zapata.

Zapata a quitté le ring sur une civière et elle a rendu l'âme quelques jours plus tard, à l'hôpital du Sacré-Coeur.

Le Bureau du coroner du Québec a été mandaté pour faire la lumière sur les causes probables et les circonstances ayant mené au décès de l'athlète. Les résultats ne seront pas connus avant quelques mois encore.

Houle, grandement affectée par cet incident, n'est pas remontée sur le ring depuis. Elle devait le faire le 10 décembre à Trois-Rivières, mais le gala a été repoussé à 2022.

Rivas à la tête d'une nouvelle division; championnat annoncé pour Lemieux

Oscar Rivas (28-1, 19 K.-O.) a atteint son objectif: il est devenu le champion du monde de la nouvelle division des super-lourds-légers du WBC en défaisant par décision unanime le Néo-Écossais Ryan Rozicki au terme d'un combat endiablé, en octobre dernier.

Quant à David Lemieux (43-4, 36 K.-O.), il a été récompensé pour sa patience et son travail acharné chez les super-moyens alors qu'un combat de championnat du monde intérimaire du WBC a été convenu avec David Benavidez (25-0, 22 K.-O.).

Benavidez est le premier aspirant au WBC, une ceinture, comme toutes celles des super-moyens, officiellement détenue par Canelo Alvarez. L'Américain est également classé no 2 à la WBO et no 5 à l'IBF. Lemieux est le deuxième aspirant du WBC, no 3 à la WBO et no 5 à la WBA.

Il s'agit possiblement du combat de la dernière chance pour Lemieux, qui est maintenant âgé de 32 ans. Le Québécois en sera à un quatrième combat de championnat du monde en carrière: il avait remporté le titre des moyens de l'IBF face à Nassan N'Dam en 2015 avant de le perdre quelques mois plus tard dans un combat d'unification contre Gennady Golovkin. Il avait aussi mordu la poussière pour le titre des moyens de la WBO contre Billy Joe Saunders en décembre 2017.

Finalement, un autre boxeur évoluant au Québec s'est positionné pour un combat de championnat du monde en décembre. Le Français Christian Mbili a fait passer sa fiche à 20-0, 18 K.-O. en battant Ronald Ellis par décision unanime. Le protégé de Marc Ramsay, finaliste au titre d'entraîneur de l'année du WBC, a ainsi mis la main sur la ceinture continentale des Amériques du WBC et occupe le 13 rang du classement de l'organisme.