Steven Butler terrasse Steve Rolls en 65 secondes
Steven Butler en avait sûrement assez d'entendre qu'il s'agissait d'un combat déterminant pour la suite de sa carrière et il a pulvérisé Steve Rolls en 65 secondes, jeudi, au Cabaret du Casino de Montréal.
Après avoir placé une violente droite à la tête de Rolls (22-4, 12 K.-O.), Butler (34-4-1, 28 K.-O.) a enchaîné avec plusieurs gauches avant que l'arbitre Yvon Goulet ne réussisse à s'interposer.
Clairement K.-O., Rolls était assis dans les câbles tandis qu'il a encaissé cette salve de coups. On a dû le reconduire sur son tabouret: il ne tenait plus sur ses jambes.
Butler s'est immédiatement rendu dans le coin neutre, grimpant les câbles pour saluer la foule.
« J'avais besoin d'une victoire convaincante, c'est ce que je m'étais dit. Je voulais que ce soit le combat qui me serve de tremplin pour retourner dans les combats importants, ce que je veux faire dans la vie. J'ai tellement tout donné, j'ai tellement sacrifié. Ma femme me manque, mes enfants pleurent à l'école parce que papa n'est pas à la maison. Ça paie. Ça paie », a-t-il dit la voix étouffée par l'émotion.
« Ce qui m'a donné un boost d'énergie, c'est que j'étais rendu le négligé à Mise-o-Jeu, a-t-il poursuivi. Je me suis dit : "Ah oui? Les gens n'y croient pas, les gens me voient perdre?". Je suis ensuite allé lire sur les réseaux sociaux et j'ai rapidement lâché ça, les gens me voyaient perdre, me voyaient me faire knocker. Ça, c'est une victoire pour tous les haters. Ils souhaitaient que je perde, que je me fasse faire mal. Je ne souhaite de mal à personne. Ça m'a fait mal de ne pas avoir l'appui des Québécois. Mais on va tout faire pour le regagner.
« C'est ma victoire la plus satisfaisante en carrière. Steve Rolls, c'est un nom. Ne venez pas me sortir que Steve Rolls est vieux, est ci, est ça. Il est bon Steve Rolls. On a fait du sparring ensemble et je n'avais pas le dessus. Steve Rolls, c'est un vétéran qui a fait une guerre avec Austin Williams il n'y a pas longtemps, un espoir américain. J'ai toujours eu confiance en ma puissance depuis le début de ma carrière, mais je ne me fie plus uniquement sur ça. Je suis plus intelligent, rendu à 28 ans, j'ai pris un peu de maturité. »
Sur le ring, son équipe, dont le promoteur Camille Estephan, qui dirige sa carrière depuis ses tout débuts chez les professionnels il y a plus de 10 ans, était tout sourire.
« C'est une vraie relance vers les sommets, a dit le président d'Eye of the Tiger Management. Il était sur ESPN+ aux États-Unis, les gens voient bien qu'il a cet atout. C'est inné cette puissance, tu l'as ou tu ne l'as pas.
« De notre côté, comme équipe, ça nous donne une autre tête d'affiche toujours très bonne, très vivante. Personnellement, c'est comme un kid pour moi. On a grandi ensemble. »
Butler avait besoin d'une victoire spectaculaire pour retrouver les combats d'importance, il ne pouvait faire mieux que la prestation offerte devant les siens.
Lui qui avait quitté les top-15 mondiaux après sa défaite sans appel face à Zhanibek Alimkhanuly en mai dernier, il ne pourrait être qu'à un combat d'y retourner et aspirer à un titre mineur.
« On en a parlé avec Camille, on aurait facilement pu mettre une ceinture mineure en jeu [contre Rolls], l'argent ne manquait pas. Mais on va y aller étape par étape. Là, on a pris Steve Rolls, on va franchir un autre pas au prochain. Il n'y a pas de stress: j'ai 28 ans j'arrive dans mon peak. On va voir ce qui va arriver. »
C'est assurément ce que souhaite le poids moyen et son nouvel entraîneur, John Scully, qui était dans son coin pour un deuxième combat. Une association parfaite jusqu'ici, avec deux victoires par K.-O.
« Le but, c'était de l'endormir avec le double jab, pour ensuite faire double jab et main droite furtive, a expliqué Butler. John voulait que je le touche avec ma première droite. Je l'ai fait. Je ne souhaite de mal à personne, mais il ne se rappelait plus que je l'avais touché. J'ai la puissance pour passer le K.-O. à n'importe qui dans le monde. »