Tammara Thibeault prête pour le grand saut
L'année 2024 marque un tournant dans la vie de la boxeuse québécoise Tammara Thibeault. Après avoir déménagé en Angleterre pour faire une maîtrise, elle effectuera la semaine prochaine ses débuts professionnels à 27 ans.
Mettant un terme à une carrière amateur ponctuée de nombreux succès, Thibeault croisera le fer avec Natasha Spence (8-6-2, 6 K.-O.). Ce duel des poids moyens aura lieu à Orlando, dans le cadre du gala organisé par le promoteur Most Valuable Promotion (MVP).
« Je suis extrêmement contente d'annoncer mes débuts professionnels, a lancé d'entrée Thibeault lors d'une visioconférence, jeudi. C'est un grand moment, on a pris cette décision en équipe. Je suis vraiment excitée de montrer tout le travail que j'ai fait malgré le fait que je suis restée silencieuse dans mes démarches. »
En compagnie de sa gérante, Katia Banel, Thibeault prépare en effet son passage chez les professionnelles depuis plusieurs années. Banel a révélé avoir frappé « à toutes les portes » pour trouver la meilleure opportunité, et sans dévoiler le montant de la bourse, elle a indiqué que la boxeuse sera « rémunérée à la hauteur de ce qu'elle est capable de faire ».
« C'est beaucoup plus haut que la moyenne », a dit Banel, tout en prenant bien soin de préciser que sa protégée n'avait pas signé de contrat avec le promoteur.
Thibeault pourra compter sur un énorme bagage d'expérience lors de son premier combat professionnel. Elle a notamment été sacrée championne du monde des poids moyens en 2022 et a également été décorée d'or aux Jeux du Commonwealth, en 2022, ainsi qu'aux Jeux panaméricains de Santiago, en 2023.
Elle a participé aux Jeux olympiques de Tokyo, où elle a terminé cinquième chez les moins de 75 kg, puis à ceux de Paris, l'été dernier, au cours desquels elle a été éliminée dès son premier combat.
Reconnaissant d‘emblée qu'elle aura à s'ajuster au monde professionnel, elle croit néanmoins pouvoir se servir de ce qu'elle a appris au niveau amateur pour bien amorcer ce nouveau chapitre.
« C'est une question de style, d'intensité de pression, ce sont toutes des choses que je peux amener avec moi dans ma carrière professionnelle, a-t-elle fait valoir. C'est aussi l'expérience dans le ring, de savoir quoi faire et quand le faire. C'est un avantage que j'ai et que toutes les boxeuses n'ont peut-être pas. »
Thibeault souhaite entre autres conserver son approche malgré les différences qui séparent les deux mondes.
Un tournoi de boxe amateur amène les pugilistes à se lancer dans le vide sans connaître l'identité de leurs adversaires ni le nombre de combats qu'ils disputeront. Or, chez les professionnelles, il n'y a qu'un combat – et une adversaire connue d'avance – pour lequel se préparer.
Ainsi, comme elle l'a répété plusieurs fois, Thibeault compte bien y aller « un combat à la fois », sans révéler publiquement ses objectifs.
« C'est une nouvelle aventure, a-t-elle déclaré. Mon approche est la même que n'importe quel combat. Je pense que ce sera intéressant. Je pense que je vais devoir rester flexible dans mes attentes, mais mon processus reste le même.
« Dans des tournois amateurs, on ne sait pas combien de combats on va faire. Donc, on y va un combat à la fois. C'est cool parce que, maintenant, je sais qui [j'affronte] d'avance. C'est un avantage que je n'avais pas chez les amateurs. Mais le processus reste pareil. »
À Orlando, Thibeault profitera dans son coin de l'appui de Vincent Auclair, qui a été son entraîneur pendant deux ans jusqu'aux Jeux de Paris. Sa famille ne pourra pas assister au combat, mais elle y sera bien entourée malgré tout, comptant sur des habitués de la boxe professionnelle pour la préparer.
La vie après Paris
Thibeault est revenue sur sa dernière année, reconnaissant avoir été plutôt discrète après son élimination surprise aux Jeux de Paris alors qu'elle représentait un espoir de médaille.
Détentrice d'un baccalauréat en études urbaines de l'Université Concordia depuis le mois de mai, Thibeault a décidé de prioriser les études. C'est pour cette raison qu'elle a déménagé à Sheffield, au Royaume-Uni, où elle fait actuellement une maîtrise en planification urbaine.
« J'ai pris le temps d'être un être humain simplement, a-t-elle expliqué. Ça fait des années que je suis à fond et la maîtrise faisait partie de ça: prendre du temps pour moi et explorer mes autres passions. Je voulais prendre un pas de recul juste pour vivre, sans attente ni d'obligation.
« J'ai décidé avant les Jeux de faire une maîtrise. J'ai fait mon bac et j'avais le goût de voir autre chose dans un domaine différent de la boxe. Ceux qui me connaissent savent que j'en fais beaucoup. C'était ma chance de prendre un an, pour moi, et d'avancer dans ma carrière professionnelle autant que celle d'athlète. »
Pas question, toutefois, d'accrocher ses gants. À 27 ans, Thibeault estime qu'elle entre tout juste dans la fleur de l'âge pour exceller dans la boxe féminine, et elle prendra son temps pour faire les choses de la bonne façon.
« J'arrive au bon moment, a-t-elle affirmé. Je n'ai aucun sentiment d'urgence, j'ai plein de belles années devant moi et je tiens vraiment à les exploiter et à en prendre avantage. »