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RÉSULTATS

L'empire Top Rank

Bob Arum - Getty
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Mise à jour

COLLABORATION SPÉCIALE

Visite à Las Vegas le week-end dernier et rencontre avec le légendaire Bob Arum ainsi que le président de Top Rank Todd Duboef à leur bureau sur Pilot Road.

Todd a pris le temps de me faire visiter l'immense édifice qui abrite près de 50 employés à temps plein, dont 15 personnes uniquement pour les réseaux sociaux qui regroupe plus de 25 millions d'abonnés. Ce nombre dépasse l'ensemble de ses trois principaux concurrents qui sont PBC, Matchroom et Golden Boy. 

À ce groupe d'employés permanents, il faut ajouter les pigistes retenus lors des événements pour la diffusion télé et toute la logistique. 

Des aires de garderie sont dédiées aux enfants des travailleurs, avec encadrement, ce qui ajoute à leurs nombreux avantages de travailler avec la plus prolifique organisation de promotion de boxe professionnelle au monde.

Le plus impressionnant dans la visite est la voute scellée, imperméable aux intempéries, aux inondations et au feu qui est réglée à une température constante afin de préserver l'immense catalogue de films et vidéos de la compagnie.

Tout a déjà été numérisé, mais on conserve l'ensemble des originaux des 1774 galas de boxe organisés par Bob Arum depuis la fondation de la compagnie en 1971, alors que Muhammad Ali remportait une décision en 12 rounds sur Buster Mathis. 

Les premières implications d'Arum en boxe professionnelle ont débuté au Maple Leaf Garden de Toronto, le 29 mars 1966, alors que le grand Muhammad Ali prenait la mesure du Canadien George Chuvalo par décision, en 15 rounds, pour défendre son titre WBC pour la troisième fois.

De 1966 à 1971, la compagnie qui encadrait Ali était « Main Bout » dont Arum était l'un des propriétaires et celui qui en dirigeait les opérations. Onze combats de la légende ont été organisés sous son égide. Main Bout est en quelque sorte l'ancêtre de Top Rank.

La grande vidéothèque de la compagnie, qui contient 26 combats d'Ali, inclus également les grandes vedettes comme Sugar Ray Leonard, Larry Holmes, Oscar De La Hoya, Joe Frazier, Floyd Mayweather, Thomas Hearns, Ray Mancini, Marvin Hagler, George Foreman et nombreux autres.

ESPN CLASSIC présente une émission hebdomadaire de combats pigés dans cette voute qui est une source intarissable de grands affrontements. Combien vaut ce catalogue? On parle de plusieurs centaines de millions. 

Top Rank a une entente contractuelle exclusive avec ESPN et ESPN+ pour la présentation de galas de boxe en direct. La demande étant supérieure à la capacité de production de l'organisation, c'est pourquoi Top Rank sous-contracte avec d'autres promoteurs pour l'offre de contenu. 

Cette entente a débuté en juillet 2017 et se termine à la fin de l'année 2025. 

Actuellement plus de 60 boxeurs ont un pacte contractuel avec la firme américaine dont les plus importants sont Tyson Fury, Artur Beterbiev, Naoya Inoue et Mikaela Mayer.

Si Bob Arum a été le dynamo qui a lancé Top Rank et l'a monté parmi les plus grandes firmes de promotion de boxe de l'histoire, c'est véritablement Todd Duboef qui lui a fait prendre le tournant numérique et qui a réalisé, il y a plus de 10 ans, que l'avenir de la promotion passait par les réseaux sociaux et qu'il fallait y investir massivement.

Duboef n'est pas du genre à soigner son égo en se plaçant entre les boxeurs qui font la pose face à face, il est plutôt effacé mais en coulisse, il dirige le plus grand empire en boxe professionnelle. 

Il donne le crédit à Bob Arum de lui avoir permis de diriger la compagnie selon sa vision et ainsi distancer toute la compétition. Arum a toujours su s'entourer des meilleurs connaisseurs de boxe pour trouver les bons boxeurs et les développer. C'est ainsi que pas moins de 6 membres du personnel de la compagnie ont été intronisés au Temple international de la boxe professionnel qui sont Bob Arum lui-même, Teddy Brenner, Bruce Trampler, Lee Samuel, Brad Goodman et Brad Jacobs. 

Ils seront éventuellement rejoints par un autre membre important de l'organisation, le Vice-Président Carl Moretti. Pas étonnant que la compagnie a toujours su prendre les bonnes décisions.

Par comparaison, Don King Productions était le grand rival de Top Rank dans les années 1980 et 1990, mais Don King, 93 ans aussi, était un « One man show » et la compagnie s'éteint au fur et à mesure de la diminution des ses énergies.

Arum aura peut-être 93 ans en décembre, mais il est allumé, perspicace, opiniâtre et au courant de tout. Il ne se gêne surtout pas pour dire ce qu'il pense même si ça dérange. 

Il ne croit pas qu'un combat revanche entre Beterbiev et Bivol soit faisable avant l'automne prochain parce que ça prend les ressources financières d'Arabie Saoudite pour satisfaire les demandes. Il ne croit pas non plus que les « Riyadh's Seasons » vont opérer à nouveau en dehors du Moyen Orient comme en Californie ou à Londres cette année.

Il sait que l'IBF vient d'ordonner le combat de l'aspirant obligatoire Michael Eifert (13-1, 5 K.-O.) pour le champion unifié, mais considère que c'est un combat stupide qui ne donne rien. Il préférerait de loin opposer le Québécois d'adoption à Canelo Alvarez ou encore David Benavidez. 

Il ne sait pas à quel point Artur tient à conserver toutes les ceintures incluant l'IBF. Il a l'intention de lui demander et si c'est le cas, il va respecter son choix et agir en conséquence.

Le nonagénaire est très occupé. Il s'entraine tous les matins pendant 90 minutes sous supervision. Il est convaincu que c'est ce qui lui permet d'être toujours aussi actif.  

Trois jours par semaine, il est à son bureau de Las Vegas et quatre jours à Beverley Hill. Quand il est en Californie, il est très impliqué socialement à des sorties organisées par son épouse trois fois semaine.

Il est très engagé politiquement et participe activement à la campagne de Kamala Harris. Il connait très bien Donald Trump qu'il traite d'escroc. Il a organisé, en compagnie de Main Event, le combat entre Evander Holyfield et George Foreman au Trump Tal Mahal à Atlantic City le 18 avril 1991.

Pour obtenir le combat, Trump avait offert 11,5 M, 500 K de plus que le Ceasars. Cependant, deux semaines avant l'événement le futur président américain annula l'entente et dit aux promoteurs que s'ils n'étaient pas contents, ils n'avaient qu'à le poursuivre. 

Ne voulant pas annuler, les promoteurs ont accepté de renégocier. Trump leur offre la somme de 1 million en plus des recettes aux guichets qui se montèrent éventuellement à 8 millions. 

Bob Arum ne l'a jamais digéré : « Donc, à ce jour, je suis en colère contre Donald Trump parce qu'il nous a escroqués, et c'est la seule façon de le dire, il a escroqué Dan (Main Event) et moi-même pour 2,5 millions de dollars ».

Il m'a parlé, avec un bel éclat dans les yeux, de son récent périple qui l'a d'abord amené à Tokyo au Japon le 6 mai dernier, pour assister à la victoire par TKO au 6e round du Monster Naoya Inoue sur Luis Nery. 

Puis à Perth en Australie pour le combat Lomachenko contre George Kambosos, le 12 mai, qui a vu l'Ukrainien redevenir champion du monde. 

Le 18 mai, il était à Riyad en Arabie Saoudite pour voir son protégé, Tyson Fury, subir la défaite par décision partagée contre Oleksandr Usyk. 

Enfin le 25 mai, il était à Leeds en Angleterre pour encourager Josh Taylor qui s'est fait surprendre par Jack Catterall par décision unanime.

Il a dû revenir complètement éreinté? Pas du tout, il s'agit juste de savoir bien voyager répondit-il.

Il n'envisage aucunement de prendre sa retraite. Il est toujours aussi passionné et il assure ne pas manquer aucun combat de tous ses boxeurs, du débutant aux champions, que ce soit sur place ou bien à la télévision. 

En effet, si vous assistez à un gala de Top Rank, vous remarquerez que dès le début du premier combat Arum est à son siège au parterre, pratiquement vide, mais lui est là pour regarder évoluer ses protégés.

Il assure adorer le Québec, les villes de Québec et Montréal et souhaite avoir l'opportunité de revenir bientôt.

Quelques nouvelles de la boxe

•    La WBO tient son congrès annuel à Porto Rico cette semaine. L'organisation va rejoindre l'IBF et la WBA et permettre à nouveau des combats de championnat sur le territoire de la Russie. On se souvient que depuis l'invasion Russe en Ukraine, toutes les organisations refusaient de sanctionner des combats au pays de Micha.

•    Il y a 50 ans, le 30 octobre 1974 à Kinshasa au Zaire, Muhammad Ali causa l'une des plus grandes surprises de toute l'histoire de la boxe en passant le K.-O. au 8e round à George Foreman pour redevenir champion du monde WBC et WBA. Si ce n'est pas fait, je vous propose de regarder le brillant documentaire « When We Were Kings » qui relate toutes les péripéties autour de cet historique événement. Je vous assure que vous allez adorer.

•    L'incroyable Naoya Inoue (28-0, 25 K.-O.) va remonter sur le ring pour défendre sa suprématie totale des super coqs contre l'un de ses aspirants obligatoires l'Australien Sam Goodman (19-0, 8 K.-O.) à Tokyo le 24 décembre prochain. Ce sera le quatrième combat en un an pour « Monster » ce qui est exceptionnel à ce niveau.

•    Le poids lourd québécois Alexis Barrière (11-0, 9 K.-O.) quitte ce soir - vendredi 1er novembre - pour la République de Malte où se tient le camp d'entrainement de Tyson Fury qui se prépare pour son combat revanche contre Oleksandr Usyk, le 21 décembre à Riyad. Alexis est le principal partenaire d'entrainement de l'ex-champion WBC. Ce sera son troisième camp avec lui.

•    RIP Daniel Michel

Bonne boxe et à la semaine prochaine!