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Le moment de vérité de Christian Mbilli

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QUÉBEC – Dans le monde impitoyable de la boxe professionnelle, les aspirants champions n'ont jamais réellement de pause pendant leur ascension vers le sommet. Comme dans une partie de serpents et échelles, où chaque lancer de dé a une incidence directe sur le déroulement du jeu.

Cela s'avère exact dans les dernières cases, alors qu'il y a nettement plus d'occasions de multiplier les faux pas. C'est précisément le cas de Christian Mbilli, qui voit la fin de la planche se profiler à l'horizon et qui affrontera Sergiy Derevyanchenko samedi soir au Centre Vidéotron.

Un choc présenté en finale d'un gala d'Eye of the Tiger qui pourrait bien être le dernier rempart avant l'obtention d'un duel de championnat du monde dans un avenir plus ou moins rapproché.

« C'est un combat risqué, mais nous en sommes rendus là dans ma carrière, a expliqué le Montréal d'origine française aux journalistes venus assister à une conférence de presse tenue dans le vaste et lumineux hall d'entrée de l'amphithéâtre multifonctionnel de la Vieille Capitale.

« Nous devons affronter les meilleurs et battre les meilleurs. [Derevyanchenko], a combattu les meilleurs et c'est maintenant à moi de lui infliger une défaite comme il n'a encore jamais subie. »

Pas exactement une mince tâche en regardant les noms des boxeurs contre qui l'Ukrainien s'est incliné depuis le début de sa carrière : Daniel Jacobs, Gennadiy Golovkin, Jermall Charlo, Carlos Adames et Jaime Munguia. Du lot, seul Charlo l'a eu « facile » en s'offrant une large victoire aux points. Et même si Derevyanchenko a embrassé quelques fois le tapis, il n'a jamais été arrêté.

« Ça va être le combat le plus important de ma carrière, a suggéré Mbilli (27-0, 23 K.-O.). Je ne pense pas que la télévision américaine s'est déplacée pour rien. Une grosse victoire sera la clé pour m'ouvrir les portes des gros combats. Contre Munguia ou encore n'importe qui d'autre.

« Ça va être le combat de l'année, s'était-il même permis de prédire précédemment. Pourquoi? Parce que nous avons deux styles spectaculaires. Tout comme moi, il est vraiment axé sur le combat, sur l'attaque. Je ne sais pas si vous avez vu le combat contre Munguia [en juin 2023], mais ça risque d'être dix fois plus intense. Dix fois plus d'explosivité, dix fois plus de spectacle. »

« Christian prend une marche ici, a renchéri son entraîneur Marc Ramsay. Avant ce combat-là (contre Derevyanchenko, NDLR), Carlos Congora était peut-être le meilleur boxeur qu'il avait affronté. Comme lui, Christian avait connu une grande carrière dans les rangs amateurs. Là, nous faisons le lien entre tout ce qu'il a vécu et là où il souhaite aller : en championnat du monde.

« C'est un combat de très haut niveau et nous sommes prêts à toutes les options possibles. C'est un boxeur complet, un bon boxeur, qui est résistant et qui l'a prouvé avec les meilleurs boxeurs de la division [des poids moyens et super-moyens]. Maintenant, nous pensons que Christian amène quelque chose de nouveau, quelque chose que son rival n'a jamais vu chez les professionnels.

« L'important, c'est vraiment d'offrir une bonne performance, de laisser une belle signature... »

Car devant les caméras du réseau américain ESPN et les yeux de l'influent promoteur Bob Arum qui continue de parcourir la planète à 92 ans bien sonnés, Mbilli est condamné à répéter ses exploits de janvier dernier contre Rohan Murdock – qu'il a forcé à l'abandon après 6 rounds – et de mai dernier face à Mark Heffron – à qui il a passé le knock-out après seulement 40 secondes.

« Le timing ne pourrait être meilleur que ça, a affirmé le promoteur Camille Estephan. Cela dit, ça prend des finales et des combats comme celui-là. Et ça prend évidemment des victoires... »

« J'ai échangé quelques mots avec Bob Arum et il avait quelques bonnes nouvelles pour moi, a ajouté Mbilli sans préciser de quoi il s'agissait. C'est maintenant à mon tour de faire le travail. »

Il est évidemment facile de comprendre pourquoi tout le monde dans le camp Mbilli semble très enthousiaste, mais la prudence est de mise selon certains observateurs. Si les preneurs aux livres ne semblent pas particulièrement nerveux, des experts comme l'ancien analyste d'ESPN et poète devant l'éternel Teddy Atlas croit fermement que Derevyancheko sortira vainqueur du combat.

« C'est quelqu'un de très tough, a reconnu Mbilli. Il a vu de gros combats, de gros cogneurs et a la capacité de durer dix rounds. Mais tout cela est entre mes mains. À moi d'être convaincant. » 

« C'est un gars qui apporte beaucoup de choses sur la table, a ajouté Ramsay. Il peut être bagarreur, il peut être technicien. C'est quelqu'un que j'ai souvent eu en camp d'entraînement à Montréal. C'est un bon contre-attaquant qui est très brillant. Il faut continuellement se méfier. »

Malgré tout, Ramsay ne sera pas inquiet lorsque la cloche annonçant le début du combat se fera entendre. « Depuis que Christian est arrivé dans mon gymnase, il est armé d'un côté compétitif. Il se nourrit de l'énergie [entourant un combat comme celui-là]. Je n'ai aucune appréhension. »

À noter que plus de 5000 spectateurs sont attendus au cours de la soirée qui commencera exceptionnellement à 17 h. Neuf combats seront présentés, dont la demi-finale – qui mettra en vedette les lourds Arslanbek Makhmudov et Guido Vianello – et la finale à compter de 22 h.