Mary Spencer encore une fois freinée par Femke Hermans
MONTRÉAL – À sa deuxième tentative et malgré une progression évidente, Mary Spencer n'a pas été capable de devenir championne du monde en boxe professionnelle en se butant à celle-là même qui l'avait empêchée de se hisser au sommet de son sport il y a dix mois : Femke Hermans
Après s'être inclinée par décision unanime des juges contre la Belge dans un choc pour le titre des poids super-mi-moyens de l'IBO en décembre dernier à Shawinigan, la Montréalaise a cette fois dû s'avouer vaincue par décision majoritaire en finale d'un événement d'Eye of the Tiger Management présenté mercredi soir devant une salle comble au Cabaret du Casino de Montréal.
L'Américaine Martha Tremblay a vu un combat nul (95-95), alors que l'Américain John Rupert et le Québécois Sylvain Leclanc ont remis des cartes de 97-93 et 96-94 en faveur de Hermans (17-4), qui a aussi ajouté la ceinture de l'IBF ayant jadis appartenue à Marie-Ève Dicaire à sa taille.
Le verdict a évidemment bouleversé toute l'équipe de Spencer (7-2), mais il n'a pas été conspué.
« Je suis amèrement déçue, mais en même temps reconnaissante envers Eye of the Tiger et ceux qui m'ont aidée à obtenir cette opportunité, a dit Spencer après sa défaite, sa deuxième d'affilée. J'ai travaillé si fort avec [mon nouvel entraîneur Samuel Décarie-Drolet] et je suis à court de mots pour expliquer ce que je ressens présentement. Ce n'est vraiment pas juste une simple défaite. »
« Je pensais qu'on l'avait, a lâché Décarie-Drolet. J'avais six rounds en notre faveur. Ç'aurait pu être cinq-cinq. C'est dommage. On a beaucoup parlé du travail que j'ai fait, mais elle a mis encore plus d'heures de son côté. Je suis déçu pour elle puisque c'était une super opportunité. »
« Honnêtement, je suis déçu, a renchéri le promoteur Camille Estephan. C'était un combat serré, mais on accepte la décision des juges. Hermans a fait tout ce qu'elle avait à faire. C'est elle la championne et pour détrôner une championne, il faut la battre clairement. Et on ne l'a pas fait. »
Les premiers rounds de l'affrontement ont été relativement serrés, la championne parvenant à marquer des points grâce à son jab qu'elle doublait fréquemment, alors que l'aspirante semblait à son mieux quand elle tournait gauchère, ce qui lui permettait de placer sa grosse main arrière.
Hermans a cependant commencé à prendre le large à compter du sixième round grâce à sa combinaison jab-jab-crochet de droite que Spencer n'était pas en mesure de contrer à cause de la vitesse inférieure évidente de ses mains. La Montréalaise a ensuite repris du poil de la bête au huitième, mais la Belge a rapidement fermé la porte en augmentant la cadence à la fin du duel.
« Le jab est l'une de mes armes les plus performantes, a expliqué Hermans après sa victoire. J'ai vraiment travaillé toute la soirée pour la tenir à distance. Notre deuxième combat a été beaucoup plus intense que le premier. Mary a très bien travaillé avec son nouvel entraîneur. »
« Souvent après avoir fait quelque chose de bien, le mouvement défensif était trop grand, a reconnu Décarie-Drolet. Mary n'a jamais été capable de revenir rapidement avec une deuxième attaque. Les coups d'impact, c'est Mary qui les donnait, mais on s'est fait battre au volume. »
Malgré la déception, Spencer a l'intention de se remettre à l'entraînement rapidement, tandis que Hermans espère que cette victoire lui apportera une certaine reconnaissance. « Devenir championne du monde en décembre dernier, c'était super bien, mais certains disaient que c'était juste l'IBO, a déploré Hermans. Avec l'IBF, je vais enfin pouvoir écrire ma propre histoire. »
Une victoire spectaculaire de Bazinyan avant la limite
En demi-finale, Ronald Ellis offrait une opposition très honnête à Erik Bazinyan jusqu'à ce que le Lavallois d'origine arménienne l'atteigne à la tête avec un puissant crochet de droite lancé en contre-attaque pour éventuellement signer la victoire par arrêt de l'arbitre à 1:44 du 6e round.
Bazinyan (31-0, 22 K.-O.), qui dominait 50-45, 49-46 et 48-47 sur les cartes des 3 juges après 5 rounds, a ainsi défendu ses ceintures de la NABA et de la NABF des poids super-moyens pour la 2e et la 5e fois respectivement. Il est également demeuré invaincu en 31 combats en carrière.
Les deux boxeurs ont commencé l'affrontement en lion et Bazinyan a été le premier à s'illustrer en touchant Ellis (18-4-2) au visage à l'aide d'une droite à la fin du premier round. Le Québécois a ensuite attaqué le corps de son adversaire avec son jab, mais ce dernier a cependant réussi à légèrement renverser la vapeur en coinçant Bazinyan contre les câbles à la quatrième reprise.
Le Québécois a toutefois mis un terme à l'affrontement en parvenant à ébranler Ellis avec sa main arrière, puis en l'envoyant au plancher avec une nouvelle droite. L'Américain est ensuite parvenu à se relever avant le compte de 10, mais il n'a pas convaincu l'arbitre Alain Villeneuve qu'il était apte à continuer. Il s'agit pour lui d'un 3e revers de suite après celui subi par décision unanime contre Christian Mbilli et par arrêt de l'arbitre au 11e round face à David Benavidez.
Cette victoire permettra finalement à Bazinyan de consolider sa 3e place au classement du WBC, de la WBA et de la WBO ainsi que sa 5e à celui de l'IBF. Et plus important encore, cette victoire lui permet d'enregistrer une spectaculaire victoire avant la limite après trois gains davantage en demi-teinte aux points contre Marcelo Esteban Coceres, Altantez Fox et Jose de Jesuis Macias.
En sous-carte
Un peu plus d'un mois après avoir vaincu Veselin Markov au Casino du Lac-Leamy à Gatineau, Christopher Guerrero (9-0, 5 K.-O.) a remis cela en malmenant Jose Lopez (30-9-2) avant de l'emporter par arrêt de l'arbitre à 2:02 du 4e round. Le mi-moyen montréalais a concrétisé sa victoire en atteignant le Mexicain grâce à un vif uppercut de la main droite dont il ne s'est jamais complètement remis. Lopez est en effet parvenu à se relever, mais n'a jamais montré le moindre intérêt à poursuivre la partie de main chaude avec celui qui l'avait envoyé au tapis au 2e round.
Disputant un premier combat depuis qu'elle a subi son premier revers en carrière en mai dernier, Leïla Beaudoin (10-1) a renoué avec la victoire en battant Estrella Valverde (19-12-2) par décision unanime (80-72, 80-72 et 80-72) au terme de huit rounds que l'athlète de Témiscouata-sur-le-Lac a totalement dominés. Ayant parfois manqué d'énergie dans les derniers assauts de ses derniers duels, Beaudoin a cette fois démontré une belle constance du début à la conclusion du combat.
Jhon Orobio (5-0, 5 K.-O.) a offert un spectacle haut en couleur avant de venir à bout de Jesus Solis Reyes (4-2) par arrêt de l'arbitre à 0:48 du 4e round. Le Colombien a vite donné le ton en envoyant le Mexicain au tapis dès les premiers instants de l'affrontement à l'aide d'un crochet de gauche au menton que n'aurait pas renié le Directeur Giroux, puis a continué de courir après son adversaire jusqu'à ce que son coin estime que le carnage avait assez duré. Médaillé de bronze aux Championnats du monde junior en 2021, le poids léger est toujours invaincu en cinq sorties.
Le super-moyen originaire de Québec Wilkens Mathieu (4-0, 3 K.-O.) ne s'est pas éternisé dans le ring en battant Cesar Lopez Romo (2-1) par arrêt de l'arbitre à 0:14 du 3e round. Mathieu a fait visiter le plancher au Mexicain à deux reprises au 3e round et son équipe n'a ensuite pas tardé avant de demander la fin des hostilités à l'arbitre Albert Padulo fils au début du 3e assaut en réalisant rapidement que Romo allait probablement encore passer un très mauvais moment. Il s'agit d'une 2e victoire de suite avant la limite pour le jeune homme âgé de seulement 18 ans.
En lever de rideau, Mehmet Nadir Ünal (6-0, 5 K.-O.) et Imam Khataev (4-0, 4 K.-O.) n'ont pas raté leurs débuts devant le public montréalais en enregistrant des victoires expéditives contre Luca Spadaccini (9-6-3) et David Benitez (9-9). Le Montréalais d'origine turque s'est imposé après l'abandon de son adversaire italien à la suite du 1er round, tandis que le Montréalais d'origine russe a prévalu après que l'arbitre eut arrêté le combat à 2:30 du 3e round. Les deux mi-lourds qui ont récemment joint les rangs d'EOTTM ont utilisé une recette éprouvée pour l'emporter : ils ont alterné entre les coups au visage ainsi qu'au corps et ces derniers sont restés sans réplique. À moins d'un imprévu, Ünal et Khataev devraient remonter dans l'arène le 14 novembre prochain.