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RÉSULTATS

Tous les espoirs sont permis avec Tammara Thibeault

Tammara Thibeault Tammara Thibeault - PC
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Mise à jour

C'est avec beaucoup d'intérêt que j'attends l'ouverture des Jeux olympiques de Paris dans une semaine, ce vendredi 26 juillet. 

Le tournoi de boxe se mettra en branle dès le lendemain, 27 juillet, pour les seizièmes de finales. Les finales sont étalées sur 3 jours les 8-9 et 10 août. Ici au Québec, nous aurons le privilège de suivre l'action à Radio-Canada ou RDS avec l'excellente Marie-Ève Dicaire à l'analyse et Jean-François Chabot comme descripteur.

Pour la première fois de l'histoire, il y a parité hommes/femmes alors qu'on retrouve 124 participants pour chaque genre répartis en 6 divisions chez les femmes et 7 pour les hommes.

Seulement deux Canadiens ont réussi à se qualifier, Tammara Thibeault de Shawinigan chez les 75 kg et Wyatt Sanford de Kennetcook N.É. Tous deux étaient également à Tokyo 2020 et en seront donc à une deuxième participation à cette compétition amateur ultime pour la boxe. 

La boxe a été inscrite pour la première fois aux Jeux olympiques de St. Louis en 1904 pour les hommes et à ceux de Londres en 2012 pour les femmes.

Le Canada a envoyé une délégation pour la première fois aux Jeux d'Anvers en 1920 avec 8 boxeurs dont un seul Québécois, le mi-moyen Albert Schneider de Montréal, qui remporta une médaille d'or et qui, jusqu'à aujourd'hui, sera la seule médaille récoltée en boxe par un boxeur du Québec.

L'équipe de 1920 reviendra avec un total de cinq médailles, une or, deux d'argent et deux de bronze. Des résultats aussi satisfaisants que prometteurs pour les porteurs du drapeau unifolié. 

Depuis 100 ans et 23 participations à ces Jeux olympiques d'Anvers en 1920 à Tokyo 2020, c'est un total de 17 médailles que les Canadiens vont remporter, dont 3 en or, 7 en argent et 7 en bronze. 

Les 2 autres médailles d'or ont été décernées au Torontois Horace « Lefty » Gwynne, chez les coqs aux Jeux de Los Angeles en 1932 et Lennox Lewis chez les super lourds à Seoul en 1988. Pour Lewis, c'était sa deuxième participation à ces Jeux après avoir combattu également au JO de Los-Angeles de 1984.

Au total, 145 Canadiens auront pris part à des Jeux en boxe, dont seulement 35 Québécois. De ce nombre, il y a eu 7 femmes, dont 4 du Québec. La première Québécoise à se qualifier fut la Montréalaise Arianne Fortin chez les poids moyens à Rio en 2016.

Les femmes n'ont pas encore été en mesure de remporter des médailles jusqu'à présent.

Parmi les représentants de notre province, plusieurs ont connu une bonne carrière professionnelle, mais un seul est devenu champion du monde chez les professionnels et c'est Jean Pascal (36-7-1, 20 K.-O.), champion du monde WBC des mi-lourds 2010-2011 et WBA 2019-2020. Il était des JO d'Athènes en 2004.

Le seul autre olympien du Canada à obtenir le titre mondial chez les professionnels est Lennox Lewis (41-2-1, 32 K.-O.), champion du monde des lourds unifiés WBC, WBA et IBF 1999.

Les autres d'ici qui ont connu une carrière notable chez les pros sont :
•    Armand Savoie (61-40-6, 33 K.-O.), Londres 1948.
•    Charley Chase (22-14-1, 8 K.-O.), Helsinki 1952.
•    Raul Sarrazin (15-7-2, 13 K.-O.), Rome 1960.
•    Gaby Mancini (11-1, 8 K.-O.), Rome 1960. Gaby participera également aux Jeux de Seoul 1988 comme arbitre et à ceux d'Atlanta 1996 comme gérant de l'équipe canadienne.
•    Donato Paduano (43-10-2, 15 K.-O.)  Mexico 1968 « L'Ange du ring”.
•    Ian Clyde (15-9-1, 9 K.-O.) Montréal 1976.
•    Howard Grant (16-2-1, 9 K.-O.) Seoul 1988.
•    Hercules Kyvelos (24-3, 12 K.-O.) Atlanta 1996.
•    Jean-François Bergeron (27-2, 19 K.-O.) Atlanta 1996.
•    Benoit Gaudet (24-3, 10 K.-O.) Athènes 2004.
•    Simon Kean (23-2, 22 K.-O.) Londres 2012.
•    Caroline Veyre (7-0, 0 K.-O.) Tokyo 2020.

À Helsinki en 1952, le Montréalais Charley Chase, chez les moyens Juniors, a remporté son premier combat, puis à sa deuxième sortie, a été confronté au légendaire Laslow Papp d'Hongrie. Ce dernier a remporté 3 médailles d'or en 3 participations aux JO, ceux de Londres 1948, Helsinki 1952 et Melbourne 1956. Il a conservé une fiche amateur de 109-3. Chez les professionnels, il n'a jamais subi la défaite 27-0-2, 15 K.-O.

À Montréal en 1976, c'est une délégation de 9 boxeurs, dont 4 du Québec, qui nous représentaient. Camille Huard de St-François de Pabos en Gaspésie a remporté 1 combat chez les plumes. Ian Clyde chez les mouches a remporté ses 2 premiers combats et a éliminé l'un des favoris, l'Anglais champion d'Europe Charlie Magri, mais s'est incliné contre Ramon Duvalon de Cuba en quart de finale.

Les autres Québécois chez les moyens Michael Prévost, par disqualification et le mi-lourd Roger Fortin, aux points, ont perdu leur premier combat. 

La plus importante délégation canadienne fut celle d'Atlanta en 1996 ou le Canada a qualifié un boxeur dans 11 des 12 divisions en compétition, dont les Québécois Claude Lambert (Coqs), Hercules Kyvelos (mi-moyens) et Jean-François Bergeron (super lourds).

C'est à ces Jeux que le Canada a remporté sa dernière médaille olympique, une d'argent chez les lourds par le Néo-écossais David Defiagbon. 

La période la plus faste de la boxe amateur canadienne sur la scène internationale fut celle de 1984 à 1996. Durant ces 12 ans, le Canada était dominant aux Jeux du Commonwealth, compétitif aux Jeux panaméricains et aux Jeux olympiques. Durant cette période, le Canada a remporté 9 médailles, une d'or, cinq d'argent et 3 de bronze. 

Une participation à des Jeux olympiques, ça marque une vie. Il n'y a aucun événement dans la carrière d'un athlète qui va surpasser cette expérience unique. On garde longtemps en mémoire le parcours olympique, les autres sports, le village, la fierté qu'on ressent de représenter son pays dans la parade des délégations des cérémonies d'ouverture comme de fermeture, les hymnes nationaux en honneur des champions, la promiscuité avec les athlètes de tous les sports de tous les pays réunis pour deux semaines!

Seulement 35 Québécois ont eu ce privilège en boxe, c'est vraiment peu, en plus de 100 ans d'histoires.

C'est également beaucoup plus difficile de gagner une médaille olympique en boxe, que de remporter un titre mondial en boxe professionnelle. Imaginez, un seul Québécois, un seul, a pu mettre la main sur une médaille olympique et il n'est plus là pour en témoigner depuis très longtemps.

En comparaison, il y a eu 21 Québécois qui ont remporté un titre mondial en boxe professionnelle. Loin de moi de vouloir diminuer le prestige et l'accomplissement de remporter une ceinture chez les pros, au contraire, c'est une réalisation phénoménale. 

Cependant, une médaille olympique c'est disponible une fois par 4 ans seulement et juste réussir à passer au travers du processus de sélection, juste pour avoir droit d'être inscrit dans le tournoi olympique c'est exceptionnel.

Je n'ai pas eu le privilège de cette expérience comme athlète. Je n'avais certainement pas les compétences requises. Cependant, j'en ai eu le privilège à 3 reprises pour la télévision à Los Angeles en 1984, à Seoul en 1988 et à Barcelone en 1992. À cette époque, on décrivait l'action sur place et non en studio et on vivait au même rythme, avec la même frénésie, que le déroulement des Jeux.

À Atlanta en 1996, j'ai dirigé l'équipe canadienne comme entraineur-chef et j'ai encore mon costume de parade! J'en conserverai toujours des souvenirs impérissables. 

Tammara Thibeault tous les espoirs sont permis

Vous entendrez parler énormément de Tammara Thibeault durant les prochaines semaines, elle qui évolue chez les 75 kg. Le Canada n'a peut-être qualifié que deux boxeurs, mais pour la Shawiniganaise tous les espoirs sont permis et on ne vise rien de moins que la médaille d'or. 

Depuis sa défaite aux Jeux de Tokyo 2020 où elle s'est inclinée à son deuxième combat contre l'éventuel médaillé de bronze, la Néerlandaise Nouchka Fontjn, la Québécoise n'a plus jamais perdu un seul combat. 

En effet elle a remporté ses 25 derniers affrontements en raflant au passage une médaille d'or en championnat du monde à Istanbul en 2022, une autre aux Jeux du Commonwealth à Birmingham la même année, des victoires en tournois internationaux à Sofia et Helsinki et la plus haute marche du podium aux Jeux panaméricains en 2023.

En préparation pour Paris, elle a remporté quatre autres combats en avril dernier au Chili.

Je me souviens qu'en 1984, on avait prédit l'or aux Jeux de Los Angeles pour le poids moyen Shawn O'Sullivan et Willie Dewitt chez les lourds. Ce fut le cas également pour Lennox Lewis chez les super lourds à Seoul en 1988. 

Les prédictions avaient été établies en fonction des performances antérieures de ces grands athlètes et elles étaient très justifiées. O'Sullivan et Dewitt durent se contenter de l'argent, mais Lewis reçut la médaille d'or à son cou pour mettre fin à une disette de 56 ans.

Mais quand on analyse le dossier de Thibeault, on réalise qu'il est encore plus solide que les trois précédents. Elle a dominé sa division sur la scène internationale comme personne avant elle ni même Lennox Lewis. 

Alors, quand on prédit la médaille d'or pour la Québécoise ce n'est pas de la frime ni du marketing, c'est du solide. Évidemment, il y a beaucoup d'impondérables qui peuvent intervenir, mais il n'est pas utopique de rêver d'une première pour quelqu'un de chez nous depuis 1920. 

Tammara est très athlétique. À 6'1'', elle est plus grande que la majorité de ses rivales et surtout elle sait comment se servir efficacement de sa plus grande allonge. Elle a une capacité d'adaptation supérieure pour solutionner le style et les stratégies opposées et contrôler le rythme des combats. 

À Paris, l'athlète de 27 ans va entrer en jeu le mercredi 31 juillet à l'Arena Paris Nord et la finale de sa division se déroulera le samedi 10 août au Stade Roland Garos… à suivre!

Mission accomplie pour Jaron « Boots » Ennis à Philadelphie.

Le champion mi-moyens IBF Jaron « Boots » Ennis (32-0, 29 K.-O.) a comblé toutes les attentes en obligeant David Avanesyan (30-5-1, 18 K.-O.) à abandonner à la fin du cinquième round, à la grande joie de plus de 14 000 spectateurs venus célébrer le retour de la grande boxe à Philadelphie, pour cette première présentation dans la résidence des Flyers et des Sixers au Wells Fargo Center.

Sur le ring le jeune champion de 27 ans n'a pas été parfait et a permis à son adversaire arménien de connaitre un certain succès, mais c'était le prix à payer pour donner un spectacle haut en intensité et en couleur. 

Pour donner suite à sa performance, on a vite fait de pointer en direction du grand Terence Crawford (40-0, 31 K.-O.) comme adversaire potentiel. Le nouveau Grand vizir de la boxe Turki Alalshikh qui sait flairer et surtout comment réaliser un grand combat aurait déjà contacté le promoteur d'Ennis, Eddie Hearn à cet effet.

Sagement, Hearn a mentionné qu'il était impératif d'unifier les titres à 147 livres avant de s'attaquer à Crawford à 154. En fait, Le jeune Philadelphien a besoin d'aller chercher plus d'expérience dans des combats majeurs et devra parfaire sa défense. 

Ennis est vraiment très bon, il va être un excellent vendeur et une grande vedette grâce à son style tout offensif, sa détermination à dominer l'opposition et sa personnalité flamboyante. Toutefois, je ne suis pas prêt à la placer au même niveau que Crawford, en ce moment, et je ne sais pas si un jour il va atteindre ce statut. Cependant « Bud » a déjà 36 ans et l'âge est un grand niveleur qui pourrait permettre « Boots » de rejoindre et éventuellement surpasser son grand rival.

Bonne semaine!