Beterbiev c. Smith : le clan de Callum Smith tente de semer une controverse

QUÉBEC – C'était une conférence de presse qui n'allait pas particulièrement passer à l'histoire. Artur Beterbiev et Callum Smith avaient été très peu loquaces, tandis que les entraîneurs Marc Ramsay et Buddy McGirt avaient quant à eux convenu qu'il n'y avait absolument rien à ajouter.

En impromptu de presse par la suite, Beterbiev a continué d'esquiver les questions au sujet d'un éventuel mégacombat d'unification contre Dmitrii Bivol, alors que Ramsay a rappelé que peu importe qui se présentait devant le Montréalais d'origine russe, il finissait toujours par tomber.

Quelques minutes plus tard, Smith a avoué que la marche vers ce duel qui devait être présenté en août a été longue, mais qu'il était très heureux d'être accompagné par ses frères à Québec. Finalement, McGirt – habituellement si courtois – cherchait désespérément une façon de quitter le Centre Vidéotron et craignait d'avoir à attendre un quelconque taxi pour regagner son hôtel.

Restait donc le promoteur Eddie Hearn, qui ne s'est jamais fait prier pour répondre aux questions des journalistes et discourir sur la boxe. Comme cela avait le cas pour ses précédentes visites à Québec pour les combats de Tony Bellew contre Adonis Stevenson et de James DeGale face à Lucian Bute, l'homme qui n'aurait besoin que d'un miroir pour survivre sur une île déserte avait énormément de choses à dire. Sur Smith, bien évidemment, mais également sur Beterbiev.

Justement, comment trouve-t-il le champion unifié WBC, IBF et WBO des poids mi-lourds? Qu'a-t-il pensé de son dernier duel contre Anthony Yarde? Rappelons que Berterbiev l'a emporté par arrêt de l'arbitre au 8e round alors qu'il tirait de l'arrière sur les cartes de deux des trois juges.

« Je ne crois pas qu'il est aussi dangereux qu'il l'a déjà été dans le passé, mais il faut reconnaître qu'il s'est toujours amélioré au fil du temps, a d'abord dit Hearn. Et quand je le regarde, je pense à l'inactivité, à l'âge, aux blessures et à la controverse autour de son test antidopage? » Pardon?

Dans une sortie bien entendue calculée, Hearn faisait référence à un texte publié par le respecté chroniqueur Kevin Iole sur son site Internet mardi. Iole y écrit que les échantillons d'un test de la VADA (Voluntary Anti-Doping Association) effectué le 6 décembre dernier montraient un résultat atypique pour les hormones de croissance et une prohormone de testostérone, l'androstène-5.

« Je dois faire attention à ce que je dis : Beterbiev n'a pas échoué à un test antidopage, il y a eu un résultat atypique, a ajouté Hearn. En tant que promoteur du camp adverse, je me pose des questions et je ne suis pas du tout satisfait des réponses que j'ai obtenues. J'aimerais vraiment comprendre pourquoi il n'y a pas eu de tests supplémentaires avec les échantillons en cause...

« Mais bon, contractuellement parlant, nous ne pouvons rien faire, parce qu'il ne s'agit pas d'un résultat positif. Mais entre vous et moi, c'est noir ou blanc. C'est positif ou bien c'est négatif. »

« Leur plan, c'était de faire une petite tempête dans un verre d'eau, a immédiatement répliqué Camille Estephan, le promoteur du gala qui sera présenté samedi soir au Centre Vidéotron. Ils veulent donner tous les avantages possibles à leur combattant. Mais j'ai reçu une lettre de la VADA et les deux gars sont négatifs. [Beterbiev] est négatif, il n'a absolument rien fait de mal.

« Il y a eu quatre tests – deux d'urine et deux de sang (les 15 et 21 décembre ainsi que le 3 janvier, NDLR) – et ils sont tous revenus négatifs. Ce n'est pas mon boxeur, mais il est à 100 pour cent clean (propre). Il faut savoir que le moment des tests n'est nullement décidé à l'avance. »

« Pas plus de neuf rounds »

Avant de mettre l'accent sur une histoire qui était passée complètement inaperçue jusque-là, Hearn avait émis des doutes sur la capacité de Beterbiev à prendre les puissants coups de Smith.

Le promoteur britannique a notamment rappelé que le Montréalais d'origine a visité le plancher à plus d'une reprise depuis le début de sa carrière et que cela ne pardonnerait tout simplement pas samedi contre celui qui a été champion chez les poids super-moyens avant de subir sa seule défaite – par décision unanime des juges – face à Saul « Canelo » Alvarez en 19 décembre 2020.

Hearn s'est notamment attardé au combat que son ancien protégé Callum Johnson a livré contre Beterbiev en octobre 2018 à Chicago. À sa première défense de son titre de l'IBF, le Québécois avait été envoyé au tapis au deuxième avant de l'emporter par knock-out au quatrième assaut.

« Johnson ne frappe pas aussi fort que Smith et il aurait pu l'achever avec son crochet de gauche, a prétendu Hearn. Beterbiev a beaucoup vieilli depuis le temps et Smith est un boxeur vraiment frais. Smith possède la force de frappe pour lui passer le knock-out avec un seul coup de poing.

« Chez les super-moyens, il était très souvent diminué en raison de la perte de poids, mais nous avons quand même vu à quel point il est puissant. Beterbiev peut se faire frapper durement et si Smith parvient à l'atteindre, il va lui passer le knock-out. Je suis certain que c'est ce qui va arriver.

« Beterbiev connaît du succès parce qu'il ne laisse pas respirer ses adversaires. Il a les mains très lourdes et lance beaucoup de coups. C'est pourquoi il faut être agressif contre lui, il ne faut pas lui laisser d'espace. Smith va être agressif... je ne vois pas ce combat durer plus de neuf rounds. »

Alors que plusieurs observateurs semblent dire qu'il s'agit du plus important défi de Beterbiev en carrière, le principal intéressé croit plutôt qu'il s'agit exactement d'un combat comme un autre.

« Je ne peux pas dire que c'est le plus grand défi de ma carrière, parce que tous mes combats sont des défis, a expliqué le pugiliste âgé de 38 ans. J'essaie continuellement d'être prêt à tout. »

« Comme Artur vient de le mentionner, il y a beaucoup de boxeurs qui sont un défi et Smith en sera simplement un différent, a continué Ramsay. Il y a des boxeurs qui amènent un ou encore deux éléments, il y a des boxeurs qui sont un petit peu plus complets. Il n'y a rien qui est sorcier. »

Et les inquiétudes qui ont été soulevées pendant le combat contre Yarde? L'âge finira-t-il enfin par rattraper Beterbiev? Est-ce que Smith parviendra à lui infliger son premier revers en carrière?

« C'est un territoire que nous avions déjà visité avec [Oleksandr] Gvozdyk, a conclu Ramsay. Nous savions qu'il y aurait des rounds qui iraient des deux côtés... et nous savions ce qui s'en venait.

« Ce qui est fantastique avec Artur, c'est qu'il veut performer, il veut toujours s'améliorer. Il rêve d'aller chercher une autre ceinture (celle de Bivol, NDLR) et défendre ce qui lui appartient. Je n'ai jamais à faire le cheerleader pour essayer de trouver des raisons de le motiver. Il se motive seul. »