Patrice Volny corrige Steven Butler avant de l'arrêter au 9e round
Il y a matière à débat à savoir si l'arbitre Alain Villeneuve a arrêté le combat entre Steven Butler et Patrice Volny un peu trop tôt dans les derniers instants du neuvième round... mais il y a une chose sur laquelle tout le monde s'entendra : cela n'aurait absolument rien changé au résultat.
Fort attendu depuis plusieurs années, le duel présenté en finale d'un gala d'Eye of the Tiger tenu jeudi soir au Cabaret du Casino de Montréal a rempli toutes ses promesses et c'est Volny qui a eu le dernier mot en s'imposant alors qu'il ne restait que 20 secondes à l'avant-dernier assaut.
Dans une stratégie que Jean Pascal – qui a incidemment annoncé son retour dans le ring le 20 juillet prochain un peu plus tôt dans la journée – n'aurait pas reniée, Volny (19-1, 13 K.-O.) a su exploser juste aux bons moments pour arracher la plupart des rounds de l'affrontement. Au moment de l'arrêt, le Montréalais âgé de 34 ans était d'ailleurs en avance 78-74, 77-75 et 77-75 sur les cartes des trois juges. RDS.ca avait également « Vicious » devant 78-74 après huit rounds.
Et lorsqu'il ne se portait pas en attaque, Volny gardait ses mains bien hautes tout en regardant Butler (34-5-1) s'époumoner à frapper dans ses gants. C'est précisément en ouvrant la machine à la fin du neuvième assaut que Volny est parvenu à ébranler son adversaire comme il n'avait pas réussi à le faire jusqu'à maintenant dans le combat qui a convaincu l'arbitre Villeneuve de s'interposer.
« J'ai un travail à faire et c'est de frapper. Peu importe la manière dont le combat est arrêté, moi ça m'est totalement égal », a déclaré Volny après sa victoire, sa 3e de suite depuis qu'il a subi sa seule défaite en carrière contre l'ancien médaillé olympique Esquiva Falcao en novembre 2021.
« J'ai fait plein de sacrifices. Je suis parti à Las Vegas pour mon camp d'entraînement, loin de ma famille, de ma copine ainsi que de mes amis pour éviter toutes les distractions de la vie de tous les jours. Je travaille sans relâche tous les jours pour obtenir un résultat comme celui de ce soir », a continué le nouveau détenteur de la ceinture « francophone » des poids moyens du WBC.
Butler en avait évidemment gros sur le cœur et il n'a pas manqué de souligner son insatisfaction à Alain Villeneuve, qui avait été le « troisième homme » de huit de ses précédents affrontements
« Je suis beaucoup déçu de l'arrêt de l'arbitre, a lâché Butler devant les journalistes. C'était un combat qui était serré, c'était une bonne guerre, mais je n'ai jamais été en difficulté au point d'être arrêté. C'est pour ça que je me suis fâché après l'arbitre. Je suis beaucoup déçu et démoralisé. Il faudra que je revisionne le combat avec mon entraîneur et le reste de mon équipe.
« Je pensais que c'était un combat serré qui pouvait aller d'un côté comme de l'autre, mais les derniers rounds allaient être importants. Oui, il y avait de petites séquences où il faisait de belles explosions, mais je n'ai jamais ébranlé comme avec Zhanibek [Alimkhanuly] et [Ryota] Murata. »
Reste que Butler aurait eu besoin d'un knock-out pour l'emporter s'il était revenu au dixième et dernier round. Et à aucun moment pendant le combat, il n'a semblé réellement faire mal à Volny.
« Je suis fait solide, il n'y a pas grand-chose qui peut me casser, s'est vanté Volny. Ma défense est un gros atout, mon attaque est un gros atout. Ma puissance ne peut pas être sous-estimée. Si quelqu'un pense que je ne frappe pas très fort, c'est parce qu'il n'a absolument rien compris! »
« Je me suis battu un peu moi-même, a analysé Butler. J'ai été orgueilleux à vouloir me battre et me bagarrer avec lui. J'aurais dû plus utiliser mes jambes et mes angles. J'aurais dû plus jabber et bouger ma tête. J'aurais dû un peu plus boxer au lieu d'essayer de le pousser de le faire reculer. »
La fin controversée ouvre évidemment la porte à une revanche que Butler désire ardemment, mais Volny et son entraîneur donnaient plutôt l'impression de vouloir passer à un autre dossier.
« [Le directeur général d'Eye of the Tiger] Antonin Décarie a dit que Patrice n'avait pas la force de frapper pour inquiéter Butler et c'est certain que le résultat de ce soir me faire sourire, s'est amusé à rappeler l'entraîneur de Volny, Éric Bélanger. Je pensais que Patrice était le favori de ce combat il y a quatre ans et il le sera encore dans deux ans. Je crois vraiment en mon protégé. »
« C'est certain qu'il y aura des ajustements à faire, mais le combat de ce soir me dit que je suis loin d'être fini, a conclu Butler. Je me disais que je n'avais plus le droit à la défaite, mais je ne vois pas le résultat de ce soir comme un véritable revers. Nous avons livré une vraie bonne guerre. »
Effectivement une vraie bonne guerre, mais une guerre qu'il a perdue sans l'ombre d'un doute.
Un knock-out spectaculaire pour Iglesias
Le super-moyen allemand d'origine cubaine Osleys Iglesias (11-0, 10 K.-O.) a réussi un knock-out spectaculaire contre l'Américain d'origine russe Evgeny Shvedenko (16-2-1) à 2:48 du 1er round pour la 2e défense de son titre de l'IBO. Iglesias a atteint Shvedenko avec une droite sur le côté de la tête et alors que l'aspirant tombait, il a effectué une vrille avant de convulser sur le tapis. L'arbitre n'a pas hésité à arrêter immédiatement le combat et fort heureusement, Shvedenko a vite retrouvé ses esprits et a été capable de retraiter vers son vestiaire par ses propres moyens.
Arthur Biyarslanov (15-0, 13 K.-O.) a mis la main sur son premier titre mineur en carrière – la ceinture des super-légers de la NABF – en battant Elias Maricio Haedo (14-6) par knock-out à 2:59 du 4e round. Celui qui a représenté le Canada aux Jeux olympiques de Rio en 2016 a d'abord joué de prudence en contenant les ardeurs de son adversaire argentin avec son jab qu'il appuyait parfois avec sa main arrière. Il a ensuite ouvert la machine à compter du 3e round en se portant énormément à l'attaque avant d'achever Haedo avec un vif crochet de gauche au corps.
Le poids moyen russe Shamil Khataev (12-0-1) n'a certainement pas connu les débuts espérés avec Eye of the Tiger en arrachant un verdict nul majoritaire (96-94, 95-95 et 95-95) au Suisse Ramadan Hiseni (18-1-2), qui semblait en avoir fait assez pour remporter le combat. Khataev, le frère cadet du champion des mi-lourds de la NABF Imam Khataev, a parfois montré de très bons flashes, mais a surtout démontré que sa défense poreuse ne pardonnera pas contre un cogneur.
Jhon Orobio (10-0, 9 K.-O.) est devenu le premier boxeur à arrêter José de León Jasso (13-5-1) après lui avoir passé le knock-out au à 0:53 du 2e round. Le super-léger montréalais d'origine colombienne a été sans pitié pour le Mexicain en lui faisant visiter le plancher dès le 1er round après l'avoir atteint à la tête avec une droite avant de lui infliger un crochet de gauche de gauche au menton dont il ne s'est jamais remis. Jasso avait réussi à atteindre la limite de 8 rounds à son dernier duel face à Mathieu Germain en septembre dernier au Cabaret du Casino de Montréal.
En lever de rideau, le super-léger montréalais Luis Santana (12-0, 6 K.-O.) s'est offert une autre victoire expéditive en l'emportant contre Guillermo Leonel Crocco (20-4-1) par knock-out à 2:03 du 3e round. Après un 1er assaut tranquille, Santana a ouvert la machine au 2e en envoyant son adversaire au plancher à deux reprises grâce à des crochets de droite au corps, puis a terminé le travail en couchant l'Américain à l'aide d'une droite particulièrement vicieuse au menton. Il s'agit d'un 4e gain consécutif avant le 3e round pour le Québécois, qui est entraîné par Vincent Auclair.