K. Starnes vient confronter ses démons
AMM mardi, 5 avr. 2011. 20:57 dimanche, 15 déc. 2024. 05:07
Kalib Starnes s'apprête à retourner sur les lieux du crime.
Le Britanno-Colombien de 36 ans sera de retour au Centre Bell samedi pour affronter un autre vétéran du UFC, Patrick Côté, dans le combat principal de l'événement Ringside 10.
Le dernier séjour de Starnes à Montréal, en avril 2008 dans le cadre du UFC 83, ne s'était pas particulièrement bien passé. Arrivé en ville pour se battre contre Nate Quarry, il avait passé la majeure partie du combat à se sauver de son adversaire. Le prix à payer a été élevé : il a quitté les lieux avec une étiquette de perdant, arborant le costume de l'ennemi public numéro un.
Devant la réticence de Starnes, Quarry avait tourné le combat en dérision et les 21 000 spectateurs ne s'étaient pas fait prier pour embarquer dans le cirque. Starnes est devenu une cible facile dans le monde des arts martiaux mixtes. Il a reçu du courrier haineux pendant des mois. On a dit de lui qu'il était peureux, pathétique, lâche. Une fillette. Une farce. Une disgrâce. Et pire encore.
On a même créé le site internet Watch Kalib Run (Regardez Kalib courir).
Starnes (12-5-1) a plus tard admis qu'il avait livré une "horrible performance". Mais le fait qu'il se soit fracturé un pied pendant le combat n'a certainement pas aidé. Il a complètement échoué dans l'exécution de son plan de match et il s'est rapidement retrouvé en mode survie.
Les juges ont rendu des pointages gênants de 30-26, 30-27 et 30-24 en faveur de Quarry. Les hommes de coin de ce dernier s'en étaient pris verbalement à Starnes, qui a rapidement été libéré par le UFC.
Plusieurs ne s'en seraient jamais remis. Starnes a choisi de simplement passer à autre chose.
En retournant au Centre Bell en fin de semaine, il sait qu'il se dirige directement dans la gueule du loup, mais il voit ce passage comme une opportunité unique de mettre sa force mentale à l'épreuve et d'apprendre à gérer la nervosité qui l'attend.
"Ce combat représente un réel test pour moi, a-t-il confié à la Presse Canadienne cette semaine. Je m'en vais à un endroit où j'ai connu un échec dramatique dans le passé. Le fait que je dois y retourner et me battre de nouveau signifie que je vivrai une dose importante de pression."
"Je serai le négligé, celui qui sera détesté par la foule, ajoute-t-il en riant. Il est le Québécois, il habite à Montréal, il sera le favori. Je serai probablement hué jusqu'à mon arrivée près de la cage. Mais j'ai l'intention de faire face à ces émotions et de livrer une performance à la hauteur de mes capacités. Je ne pense pas à la victoire, ni à la défaite. Je me concentre sur cette pression à laquelle je ferai face. Je veux grandir grâce à cette situation."
Starnes montre une fiche de 4-2 depuis sa défaite face à Quarry, mais aujourd'hui, les combats ne représentent qu'une partie de sa vie. Il a tout récemment ouvert son propre gymnase, Aegis Athletics, où il enseigne le jiu jitsu brésilien, les arts martiaux mixtes et est un entraîneur personnel.
Starnes adore travailler avec les enfants ou les gens de tout acabit qui veulent simplement se mettre en forme, perdre du poids ou se remettre d'une blessure. "C'est valorisant de pouvoir aider des gens de cette façon, vous savez", dit-il.
Quand il ne travaille pas, Starnes passe du temps avec sa fille de huit ans, Sienna. Il regarde des arts martiaux à la télévision à l'occasion, mais il avoue qu'il préfère ouvrir un bon livre. Les comédies et les documentaires sont davantage sa tasse de thé.
"Je l'avoue, je suis un nerd", lance-t-il en riant.
Starnes a toujours été un personnage unique. À l'époque où il était à l'emploi du UFC, il avait nommé Noam Chomsky et Bertrand Russell parmi ses héros et se réjouissait de pouvoir profiter de l'héritage culturel de Kyoto lors d'un voyage en Orient.
Un défunt site internet avait énuméré "Killing Hope: U.S. Military And CIA Interventions Since World War II'' de William Blum, "Planet of Slums'' de Mike Davis, "Guns, Germs and Steel'' de Jared Diamond, "The Future of Life'' d'Edward O. Wilson et "The New Nuclear Danger'' de Helen Caldicott parmi ses lectures favorites.
Starnes avait participé à la troisième saison de The Ultimate Fighter. Il s'était blessé aux côtes et avait perdu contre Kendall Grove, l'éventuel gagnant. Il a gagné deux de ses cinq combats au UFC. Sa victoire contre Chris Leben, qui lui a valu un bonus pour le combat de la soirée, est probablement le plus haut fait saillant de sa carrière.
Il a la couenne dure. Il s'est déjà fracturé le péroné et le nez, a survécu à une infection à la mâchoire, à une déchirure musculaire à une épaule et a déjà reçu plus de 20 points de suture pour fermer une coupure au front.
Sans compter les blessures - physiques et morales - avec lesquelles il est ressorti de Montréal. Et cette soirée, dit-il, fait maintenant partie de lui.
"J'ai beaucoup appris de cette expérience. J'ai grandi personnellement et en tant qu'athlète. Si je pouvais retourner dans le temps et changer quelque chose, je ne crois pas que je le ferais. C'est le genre d'incident qui peut faire de vous une meilleure personne, une personne plus forte."
Une question de priorités
Starnes n'est pas certain de comprendre pourquoi on s'est autant acharné sur son cas après le UFC 83, mais il croit que la réalité des nouveaux médias et la "culture dans laquelle nous vivons" peut apporter un début d'explication.
Il se souvient d'avoir récemment regardé un reportage à CNN qui traitait de la tragédie qui sévissait au Japon et de la situation précaire d'un réacteur nucléaire quand tout à coup, une mise à jour sur la vie de Lindsay Lohan est apparue à l'écran.
"Nous vivons dans un monde où les priorités des gens ne sont peut-être pas où elles devraient être", a-t-il constaté.
Starnes assure qu'il pense rarement à son combat contre Quarry.
"Certaines personnes me reconnaissent encore pour ça plutôt que pour les autres choses que j'ai faites dans ma vie, mais ça n'arrive plus aussi souvent."
Le Britanno-Colombien de 36 ans sera de retour au Centre Bell samedi pour affronter un autre vétéran du UFC, Patrick Côté, dans le combat principal de l'événement Ringside 10.
Le dernier séjour de Starnes à Montréal, en avril 2008 dans le cadre du UFC 83, ne s'était pas particulièrement bien passé. Arrivé en ville pour se battre contre Nate Quarry, il avait passé la majeure partie du combat à se sauver de son adversaire. Le prix à payer a été élevé : il a quitté les lieux avec une étiquette de perdant, arborant le costume de l'ennemi public numéro un.
Devant la réticence de Starnes, Quarry avait tourné le combat en dérision et les 21 000 spectateurs ne s'étaient pas fait prier pour embarquer dans le cirque. Starnes est devenu une cible facile dans le monde des arts martiaux mixtes. Il a reçu du courrier haineux pendant des mois. On a dit de lui qu'il était peureux, pathétique, lâche. Une fillette. Une farce. Une disgrâce. Et pire encore.
On a même créé le site internet Watch Kalib Run (Regardez Kalib courir).
Starnes (12-5-1) a plus tard admis qu'il avait livré une "horrible performance". Mais le fait qu'il se soit fracturé un pied pendant le combat n'a certainement pas aidé. Il a complètement échoué dans l'exécution de son plan de match et il s'est rapidement retrouvé en mode survie.
Les juges ont rendu des pointages gênants de 30-26, 30-27 et 30-24 en faveur de Quarry. Les hommes de coin de ce dernier s'en étaient pris verbalement à Starnes, qui a rapidement été libéré par le UFC.
Plusieurs ne s'en seraient jamais remis. Starnes a choisi de simplement passer à autre chose.
En retournant au Centre Bell en fin de semaine, il sait qu'il se dirige directement dans la gueule du loup, mais il voit ce passage comme une opportunité unique de mettre sa force mentale à l'épreuve et d'apprendre à gérer la nervosité qui l'attend.
"Ce combat représente un réel test pour moi, a-t-il confié à la Presse Canadienne cette semaine. Je m'en vais à un endroit où j'ai connu un échec dramatique dans le passé. Le fait que je dois y retourner et me battre de nouveau signifie que je vivrai une dose importante de pression."
"Je serai le négligé, celui qui sera détesté par la foule, ajoute-t-il en riant. Il est le Québécois, il habite à Montréal, il sera le favori. Je serai probablement hué jusqu'à mon arrivée près de la cage. Mais j'ai l'intention de faire face à ces émotions et de livrer une performance à la hauteur de mes capacités. Je ne pense pas à la victoire, ni à la défaite. Je me concentre sur cette pression à laquelle je ferai face. Je veux grandir grâce à cette situation."
Starnes montre une fiche de 4-2 depuis sa défaite face à Quarry, mais aujourd'hui, les combats ne représentent qu'une partie de sa vie. Il a tout récemment ouvert son propre gymnase, Aegis Athletics, où il enseigne le jiu jitsu brésilien, les arts martiaux mixtes et est un entraîneur personnel.
Starnes adore travailler avec les enfants ou les gens de tout acabit qui veulent simplement se mettre en forme, perdre du poids ou se remettre d'une blessure. "C'est valorisant de pouvoir aider des gens de cette façon, vous savez", dit-il.
Quand il ne travaille pas, Starnes passe du temps avec sa fille de huit ans, Sienna. Il regarde des arts martiaux à la télévision à l'occasion, mais il avoue qu'il préfère ouvrir un bon livre. Les comédies et les documentaires sont davantage sa tasse de thé.
"Je l'avoue, je suis un nerd", lance-t-il en riant.
Starnes a toujours été un personnage unique. À l'époque où il était à l'emploi du UFC, il avait nommé Noam Chomsky et Bertrand Russell parmi ses héros et se réjouissait de pouvoir profiter de l'héritage culturel de Kyoto lors d'un voyage en Orient.
Un défunt site internet avait énuméré "Killing Hope: U.S. Military And CIA Interventions Since World War II'' de William Blum, "Planet of Slums'' de Mike Davis, "Guns, Germs and Steel'' de Jared Diamond, "The Future of Life'' d'Edward O. Wilson et "The New Nuclear Danger'' de Helen Caldicott parmi ses lectures favorites.
Starnes avait participé à la troisième saison de The Ultimate Fighter. Il s'était blessé aux côtes et avait perdu contre Kendall Grove, l'éventuel gagnant. Il a gagné deux de ses cinq combats au UFC. Sa victoire contre Chris Leben, qui lui a valu un bonus pour le combat de la soirée, est probablement le plus haut fait saillant de sa carrière.
Il a la couenne dure. Il s'est déjà fracturé le péroné et le nez, a survécu à une infection à la mâchoire, à une déchirure musculaire à une épaule et a déjà reçu plus de 20 points de suture pour fermer une coupure au front.
Sans compter les blessures - physiques et morales - avec lesquelles il est ressorti de Montréal. Et cette soirée, dit-il, fait maintenant partie de lui.
"J'ai beaucoup appris de cette expérience. J'ai grandi personnellement et en tant qu'athlète. Si je pouvais retourner dans le temps et changer quelque chose, je ne crois pas que je le ferais. C'est le genre d'incident qui peut faire de vous une meilleure personne, une personne plus forte."
Une question de priorités
Starnes n'est pas certain de comprendre pourquoi on s'est autant acharné sur son cas après le UFC 83, mais il croit que la réalité des nouveaux médias et la "culture dans laquelle nous vivons" peut apporter un début d'explication.
Il se souvient d'avoir récemment regardé un reportage à CNN qui traitait de la tragédie qui sévissait au Japon et de la situation précaire d'un réacteur nucléaire quand tout à coup, une mise à jour sur la vie de Lindsay Lohan est apparue à l'écran.
"Nous vivons dans un monde où les priorités des gens ne sont peut-être pas où elles devraient être", a-t-il constaté.
Starnes assure qu'il pense rarement à son combat contre Quarry.
"Certaines personnes me reconnaissent encore pour ça plutôt que pour les autres choses que j'ai faites dans ma vie, mais ça n'arrive plus aussi souvent."