C'était un peu irréaliste de s'attendre à ce que le deuxième combat entre Leonard Garcia et le Korean Zombie offre le genre de spectacle auquel on avait eu droit lors du premier duel. Mais malgré tout, les deux ont livré la marchandise et nous ont réservé une fin qui aura sa place à jamais dans l'histoire du UFC.

En effet, c'était la première fois qu'on voyait un combattant utiliser le fameux twister, une prise de jiu-jitsu popularisée par Eddie Bravo. C'est d'ailleurs en regardant des vidéos de Bravo sur internet que le Coréen dit avoir appris à exécuter cette technique, dont il s'est servi pour forcer Garcia à abandonner.

En raison de la rareté de la chose, la fin du combat a suscité des réactions très fortes, mais objectivement, je trouve que le twister n'est pas une technique extraordinaire et même si ça peut être difficile à croire, ce n'est pas aussi ardu que ça en a l'air de s'en sortir. Il suffit de tourner dans le bon sens jusqu'à ce que ton adversaire se retrouve derrière toi. Évidemment, tu es alors encore loin d'être sorti du bois, mais au moins tu n'es plus étouffé et tu es encore capable de te défendre.

La grosse affaire qui a joué en faveur de Chun Jung Sung, c'est l'effet de surprise. Le twister n'est pas une technique qu'on pratique tous les jours à l'entraînement. C'est même possible que Garcia n'ait jamais vu ça de sa vie avant de se faire prendre. Et entre l'étudier à l'entraînement et se faire surprendre dans un vrai combat, il y a une marge.

Le plus dur pour Garcia, ça a probablement été de réaliser qu'il ne restait qu'une seconde à faire au round quand il a abandonné.

Ça m'est déjà arrivé de me faire prendre dans une prise de soumission qui me semblait insurmontable, mais j'avais survécu grâce à mes gars de coin. Je m'en souviens très bien, c'était contre Jason MacDonald, que j'avais éventuellement battu par étranglement arrière au cinquième round d'un combat de championnat au MFC.

Jason avait eu mon dos pendant presque tout le deuxième round. Il avait fait des ciseaux avec ses grandes jambes et j'étais incapable de me sortir de mon emprise. Heureusement pour moi, ça se passait tout près de mon coin. Fabio Holanda était juste à côté et il n'avait jamais arrêté de me parler pour me dire pendant combien de temps je devais résister.

Que je me batte devant 100 personnes ou 20 000 personnes, mon gars de coin, je l'entends toujours. Je suis tellement habitué au son de sa voix que s'il me parle, peu importe combien de personnes crient autour de nous, je vais l'entendre.

Je ne sais pas si c'est la même chose pour tout le monde, mais pour des situations comme celle dans laquelle se trouvait Garcia, les gars de coin ont un gros travail à faire. Ils doivent se défoncer la gorge pour guider leur combattant. Peut-être qu'ils n'ont pas fait leur job comme il faut ou peut-être que Garcia ne les a tout simplement pas entendus.

Mais quand il a vu le cadran, il a dû ressentir une douleur qu'aucune soumission ne peut vous infliger. Qui sait ce qui serait arrivé au troisième round?

Pourquoi moi et pas Dan Hardy?

Anthony Johnson avait promis qu'il resterait debout et qu'il n'aurait pas peur d'échanger avec Dan Hardy. Pourtant, il s'est efforcé de faire tout le contraire une fois qu'il s'est retrouvé devant lui dans l'octogone, exploitant une faiblesse bien connue du combattant britannique.

Hardy a peut-être été surpris par les actions contradictoires de Johnson. Peut-être qu'il avait pris les mots de son adversaire pour du cash. Mais c'est du combat ultime et on est là pour gagner. Je crois que Johnson a simplement été le combattant le plus intelligent des deux. Il a fait ce qu'il devait faire et a refusé d'embarquer dans le jeu de Hardy, qui voulait sûrement fermer les yeux et s'élancer jusqu'à ce que quelqu'un tombe.

Plusieurs amateurs ont critiqué Johnson pour ne pas s'être battu comme il l'avait « promis ». Mais il faut comprendre que tout va tellement vite une fois que tu entres dans l'octogone.

Tu peux avoir une stratégie, mais tu ne peux pas arriver en disant : « Je vais commencer avec une gauche, une droite et un coup de pied aux jambes ». Parfois, la façon dont tu te sens avant que l'arbitre donne le signal peut changer tes plans en une fraction de seconde.

Peut-être que c'est ce qui est arrivé. Peut-être que lorsqu'il est arrivé debout devant Hardy, Johnson ne se sentait pas aussi à l'aise qu'il l'avait prévu et a décidé de se simplifier la vie. Je vous le dis, un coup que la cloche sonne, tout va à 100 milles à l'heure et tu dois prendre des décisions très rapidement.

Pour ce qui est de Hardy, il faut faire attention pour ne pas le juger trop vite. Plusieurs personnes disent qu'il ne met pas assez d'effort pour améliorer sa lutte, mais en vérité, on n'en a aucune idée. Peut-être qu'il a vraiment consacré beaucoup de temps à cet aspect du jeu, même si ça n'a pas beaucoup paru. J'ose croire qu'il avait fait ses devoirs. Mais samedi soir, Johnson, qui est énorme pour la division des mi-moyens, lui était simplement supérieur.

Si je me mets dans la peau d'un fan, c'est sûr que je veux revoir Dan Hardy dans l'octogone aussitôt que possible. Mais mettez-vous à ma place... J'ai été foutu dehors après trois défaites consécutives, une séquence semblable à celle que traverse présentement Hardy.

Ce n'est rien de personnel et je ne souhaite évidemment à personne de perdre son emploi, mais je n'ai pas le choix de me poser des questions sur la notion de justice au UFC.

Je pourrais aussi vous parler de Joe Stevenson, qui a perdu cinq de ses sept derniers combats mais qui a pourtant toujours son emploi. Et qu'est-ce qui arrivera à Lyoto Machida s'il perd contre Randy Couture? Je sais qu'il a été champion, mais ça lui ferait lui aussi trois défaites de suite.

Je me pose simplement la question : on la trace où, la ligne?

La semaine prochaine, on ne sera qu'à quelques jours de mon combat contre Kalib Starnes. Je vous en parlerai en long et en large dans ma prochaine chronique.

À bientôt!

*Propos recueillis par Nicolas Landry.