Leon Edwards devra être plus fonceur et agressif pour espérer vaincre Kamaru Usman à l'UFC 278

Suivez les combats de la carte préliminaire de l'UFC 278 samedi 20 h avec RDS Info et le RDS.ca.

Kamaru Usman tentera de défendre pour la sixième fois consécutive son titre des mi-moyens, samedi à l'UFC 278, contre Leon Edwards.

Les deux combattants se retrouvent sept ans après leur premier rendez-vous, qu'Usman avait remporté par décision unanime. À l'époque, Usman était principalement un lutteur, mais aujourd'hui, il est devenu tellement complet; c'est un bon boxeur, super dur à affronter, qui a de la puissance dans les mains. On ne le voit plus lutter autant qu'avant. Avec sa nouvelle équipe d'entraîneurs depuis quelques années, il a probablement découvert une nouvelle façon de s'entraîner dans le combat debout. Il a gagné en confiance avec ses mains. Quand tu es un lutteur aussi solide qu'Usman, tu as tendance à t'en remettre à tes instincts de lutteur, mais maintenant il a ajouté une nouvelle corde à son arc qui est devenue très solide. Il s'est amélioré beaucoup, et ce, rapidement. Il a confiance et il a du succès avec ses poings; suffit de penser à son K.-O. contre Jorge Masvidal qui est l'un des plus violents des dernières années. Il a démontré sa puissance.

Edwards est plutôt un technicien qui se bat pour ne pas se faire faire mal on dirait. Il n'aime pas vraiment aller dans le trafic ou embarquer dans une guerre coup pour coup. C'est un peu la raison pourquoi ça lui a pris autant de temps avant d'obtenir un combat de championnat du monde. Même si tout le monde dit qu'il le mérite, le problème est qu'il n'est pas spectaculaire, et aujourd'hui il faut être capable de vendre dans l'UFC. Bien que ce soit techniquement un combat revanche entre les deux têtes d'affiche qui nous attend en fin de semaine, c'est quand même difficile à vendre comme évènement principal d'une carte.

Ça va être une tâche gigantesque pour Edwards, mais l'important c'est qu'il y croit. Si on regarde les cotes de paris et l'opinion générale, on s'attend à ce qu'Usman sorte victorieux haut la main.

Edwards est plus technique, axé sur les détails, mais dans un combat, parfois la technique ne fait pas foi de tout. Il faut savoir passer en deuxième vitesse et ne pas se battre simplement pour ne pas perdre. Je sais que ça peut sonner étrange de dire ça en parlant d'un gars qui n'a pas perdu depuis sept ans, mais ça reste qu'il a souvent offert des performances safe. À sa dernière sortie contre Nate Diaz, en juin 2021, ç'a failli lui jouer un tour. Edwards était en avance sur les cartes de pointage, mais parce qu'il jouait peut-être trop de prudence, Diaz a failli le coucher au cinquième round. Rendu à ce niveau, contre un gars comme Nate Diaz, tu dois avoir l'instinct du tueur, avoir l'instinct de terminer le combat. On dirait que c'est cet aspect qui manque à Edwards comparativement aux champions.

Edwards a par ailleurs mentionné qu'à son avis, c'était le moment idéal pour lui d'affronter Usman car son corps se dégradait après avoir été beaucoup actif et avoir été impliqué dans de rudes batailles. Usman revient d'une opération au poignet, je ne sais pas si c'est ce à quoi il fait référence exactement. Mais dans tous les cas, Usman est à la base un lutteur élite, All-American, et c'est une discipline qui fait beaucoup de dommage et qui laisse des traces. Avec les arts martiaux mixtes, ça rajoute une couche. En même temps, même si son corps est hypothéqué, je ne crois pas qu'il le soit plus qu'un autre, c'est pareil pour n'importe qui à ce niveau, surtout en vieillissant.

Je crois qu'Edwards devra mettre beaucoup plus de pression pour espérer triompher, il devra foncer dans la bagarre et rester debout. Il ne doit pas sortir de son style habituel, mais être plus agressif et insistant pour déboussoler son adversaire. Habituellement, Usman peut s'attendre à un début de combat un peu relax, mais Edwards devrait avoir comme stratégie de commencer de façon agressive, tout en restant intelligent dans ses attaques. Il doit s'imposer physiquement et avec ses frappes pour mettre un doute dans la tête d'Usman, qui n'aura pas le choix de revenir à sa lutte s'il n'est pas capable de suivre le rythme au niveau du combat debout.

Par ailleurs, Usman a mentionné vouloir tenter sa chance chez les mi-lourds afin de devenir un double champion. Cela voudrait dire qu'il sauterait une catégorie de poids étant donné que son ami Israel Adesanya est champion des poids moyens. Je trouve ça gros. Il cherche à gagner en respect là-dedans, mais je ne comprends pas trop ce désir qu'il a. Je pense que c'est dangereux. Adesanya a lui-même tenté de monter à 205 livres et ça n'a pas été fructueux. C'est aussi dangereux s'il pense déjà à ce genre de chose plutôt que de se concentrer sur Edwards. Je ne pense pas qu'il devrait dépenser son énergie à penser à autre chose que ce qui s'en vient à court terme. C'est une des erreurs les plus graves que tu peux faire en arts martiaux mixtes. Même si tu es champion et que tu es au sommet de ton art, tu ne peux pas te mettre à penser que c'est gagné d'avance et que ce sera une balade dans le parc.

Un retour intriguant

Outre la finale, deux autres duels retiennent mon attention.

D'abord celui entre Paulo Costa et Luke Rockhold, qui ne s'est pas battu depuis trois ans. C'est un combat très intriguant entre deux gros cogneurs. Les deux sont sur des séquences de deux défaites, et Rockhold a subi deux K.-O. particulièrement violents. C'est donc une grosse commande que d'encaisser les frappes de Costa. Je pense qu'une des faiblesses de Rockhold est qu'il n'est pas le gars le plus humble au monde. Il dit même qu'il s'attend à obtenir un combat de championnat du monde grâce à une victoire, ce dont je doute.

Il faut avoir de l'humilité dans la victoire comme dans la défaite, mais dans son cas, après un revers, on dirait qu'il a de la misère à s'asseoir et à analyser ce qui a fait défaut. Il n'est jamais complètement revenu de sa défaite en championnat du monde contre Michael Bisping en 2016, à part une victoire contre David Branch. Contre des gros cogneurs, je ne pense pas qu'il a vraiment confiance en son menton, et affronter Costa ne va pas lui simplifier la vie. Je suis curieux de voir ce qui va se passer.

Un des autres combats qui m'intéresse est celui entre le spécialiste de lutte Merab Dvalishvili et l'un des préférés de la foule en Jose Aldo, le « King de Rio ». C'est un clash de styles. Aldo a seulement 35 ans, mais on l'oublie presque tellement ça fait longtemps qu'il œuvre dans l'UFC, où il a été champion pendant de nombreuses années. Il lui reste encore de bon combats en réserve. Il est sur une lancée de trois victoires de suite contre Marlon Vera, Pedro Munhoz et Rob Font, alors on dirait qu'il a retrouvé un élan de jeunesse vers la fin de sa carrière. J'ai bien hâte les voir en action.

* Propos recueillis par Audrey Roy