Chers amateurs d'arts martiaux mixtes, c'est avec grand plaisir que je me joins aujourd'hui à l'équipe de collaborateurs du RDS.ca.

Par le biais de cette nouvelle chronique, je vous amènerai avec moi à travers toutes les étapes que je franchirai pour réaliser mon objectif de retourner avec le UFC en plus de vous offrir mes opinions, mes impressions et mes prédictions sur tout ce qui se passe dans le monde des MMA. J'espère ainsi rejoindre tous les mordus, mais aussi faire découvrir un sport que j'adore à ceux qui y sont moins familiers.

Mais avant tout, laissez-moi me présenter.

Je suis né à St-Narcisse, un petit village de 500 habitants situé dans les rangs en haut de Rimouski. Vers l'âge de 4 ou 5 ans, ma famille a déménagé à Sherbrooke, où j'ai vécu mon enfance et mon adolescence. C'est là que j'ai été initié au judo, le premier art martial que j'ai pratiqué. J'en ai fait pendant six ou sept ans.

J'avais du succès à l'école primaire et au secondaire, mais quand je suis arrivé au cégep, où il fallait travailler plus sérieusement pour réussir, j'ai commencé à perdre de l'intérêt. J'ai entrepris des études en informatique et ensuite en techniques policières, mais je n'ai pas accroché. Je n'étais pas assez discipliné pour l'étude et la remise des travaux.

Mon parrain était allé dans l'armée et on avait eu une discussion à ce sujet. J'ai décidé de suivre ses traces, sans trop savoir où ça allait me mener. À 19 ans, j'ai fait mes boîtes pour Val-Cartier, près de Québec, où je me suis enrôlé dans le Royal 22e Régiment. J'ai finalement servi mon pays pendant sept ans. Je suis notamment allé en Bosnie, où j'ai rencontré ceux qui, encore aujourd'hui, sont mes meilleurs amis.

Dans l'armée, j'ai commencé à suivre un entraînement de boxe. J'ai entamé une petite carrière amateur et, par le fait même, rencontré les gens de Team Union, avec qui j'allais éventuellement faire mes débuts dans les arts martiaux mixtes. Sous les ordres de Philippe Lagacé, j'ai commencé à faire du jiu-jitsu et à apprendre la lutte.

Mon premier combat sur la scène amateur s'est passé au Skratch de Laval! Ça s'appelait des challenges jiu-jitsu. On se battait avec les paumes ouvertes, un peu comme du Pancrase. Tout ça, c'était davantage un loisir pour moi jusqu'à ce que je revienne de la Bosnie, en 2002. J'ai alors amorcé une carrière professionnelle que j'ai combinée à mes obligations militaires pendant deux ans.

J'ai fait mes débuts contre un certain Pascal Gosselin au Millenium à Laval. Je ne sais même pas si cet endroit existe encore! Je me souviens que Gosselin était très fort debout, alors je l'avais amené au sol et je l'avais étranglé au premier round.

Mon combat suivant a eu lieu à Victoriaville et le résultat a été le même : victoire au premier round. C'est après cette victoire que j'ai fait le saut chez la désormais défunte organisation TKO. Mon premier adversaire avait été le redoutable Yan Pellerin, à qui j'avais livré une guerre mémorable pendant trois rounds. Si vous parlez à ceux qui suivaient les activités de TKO à l'époque, ils vous diront tous que mon duel contre Pellerin est l'un des meilleurs combats de l'histoire de l'organisation. J'avais gagné par décision unanime.

J'ai ensuite fait face à un autre gros test. Invaincu en trois combats, j'étais maintenant confronté à Steve "Cœur de Lion" Vigneault, le champion des mi-lourds du TKO. Vigneault, un gars des Îles-de-la-Madeleine, était un très gros nom dans le monde des arts martiaux mixtes québécois à l'époque. Il était réputé pour ses mains rapides et son menton d'acier. Personne ne lui avait jamais passé le K.-O.

Il y avait peut-être une personne sur 100 qui me donnait une chance de l'emporter, mais mon équipe et moi, on y croyait. Dans tout l'aréna de Victoriaville, il y avait une seule section - la 13, je m'en souviens encore! - qui criait pour moi. Tout le reste était venu acclamer le champion. Quand je l'ai knocké au premier round, un silence presque total a enveloppé l'amphithéâtre. Tout le monde avait la mâchoire au plancher, sauf... les gens de la section 13, qui eux ne se pouvaient plus!

Après cette victoire, ma carrière a vraiment décollé. C'était aussi à une époque où j'en avais un peu ma claque de l'armée et j'essayais de trouver un moyen d'en sortir. J'avais demandé un congé d'un an sans solde pour tenter de réaliser mon rêve tout en sachant que j'avais une solution de rechange d'un point de vue financier. Si ça ne fonctionnait pas pour moi dans les arts martiaux mixtes, je ne voulais pas me retrouver devant le néant. Mais l'armée n'aimait pas mon idée et a refusé ma demande.

C'est à ce moment qu'un concours de circonstances incroyable est venu changer ma vie.

Des débuts contre une légende

Mes succès sur les circuits locaux - je m'étais bâti une fiche de 5-0 - m'ont permis de recevoir l'appel du UFC, qui m'a fait une place sur la carte de son 50e gala en octobre 2004. Selon le plan initial, je devais affronter Marvin Eastman chez les 205 livres dans le tout premier combat de la sous-carte.

Mon entraînement allait bon train. J'étais toujours à Québec avec mes gars de Team Union : Philippe Lagacé et son frère Sébastien en plus de mon entraîneur de boxe de l'époque, Patrick Claveau. Sept jours avant l'événement, Guy Mezger, qui devait affronter Tito Ortiz, avait été victime d'une attaque, d'un quelconque malaise au cerveau, et avait dû déclarer forfait.

Quand on avait appris la nouvelle, un drôle de feeling s'était installé dans le gym. On se disait, en riant, qu'on allait bientôt recevoir un appel pour remplacer Mezger, mais évidemment, on n'y croyait pas vraiment. Ça n'avait aucun bon sens que le UFC mette un parfait nobody devant une aussi grande pointure. Eh bien, trois jours plus tard, je recevais un appel! Je venais de passer du début de la sous-carte à l'attraction principale d'un gala UFC contre le gars qui était sur mon fond d'écran d'ordinateur.

Le reste de la semaine s'était déroulée tellement rapidement qu'on dirait que je n'avais pas eu le temps d'être nerveux. J'étais arrivé à Atlantic City, je m'étais ouvert les yeux et Tito était devant moi. Je n'avais rien à perdre, je m'étais lancé et finalement, ça s'était bien passé. J'avais dû encaisser 200 coups de coude cette soirée-là, mais aucune coupure n'était apparue sur mon visage. Je me demande encore comment c'est possible, d'ailleurs.

J'avais perdu par décision mais c'est drôle à dire, cette défaite est la meilleure chose qui ait pu m'arriver dans ma carrière. Je crois qu'une victoire m'aurait, d'une certaine façon, mis dans le trouble. Premièrement, je n'étais pas dans la bonne catégorie de poids pour être compétitif au niveau international. Ensuite, à cette époque, Ortiz était au sommet de la pyramide. Si je l'avais battu, j'aurais peut-être dû me frotter aux Chuck Liddell, Randy Couture et Vitor Belfort alors que je n'étais vraiment pas rendu là dans mon cheminement!

En perdant d'une façon quand même honorable, j'avais fait mon nom. J'avais montré que j'étais tough et que je n'avais peur de personne. Et avec le coup d'argent que je venais de faire, j'avais décidé de lâcher l'armée et de me concentrer sur ma carrière de combattant.

Un avenir chez les poids moyens

Pour mon combat suivant, j'étais de retour dans le TKO. On m'avait opposé à Ricardeau François dans ce que je qualifie de l'une des pires performances de ma vie. On dirait que je n'étais pas encore descendu de mon nuage. Je ne m'étais pas très bien entraîné, j'étais gras et même si j'avais réussi à gagner, je n'étais vraiment pas satisfait.

C'est à ce moment que j'ai décidé de changer de division. Quand Ortiz m'a donné la main après m'avoir battu, il m'a dit que j'avais du talent et beaucoup de cœur, mais que je n'étais pas dans la bonne catégorie de poids. Il ne m'apprenait rien. Dans l'octogone, j'avais l'air d'un enfant à côté de lui. Je n'étais pas assez grand et pas assez massif pour me battre chez les 205 livres. C'était le temps de descendre chez les poids moyens.

Je me suis associé avec Florian Bianchi, qui m'a pris sous son aile pour m'aider à prendre forme à 185 livres. C'était nouveau pour moi de travailler avec un entraîneur de conditionnement physique et la transition s'est quand même bien passée. La première fois que j'ai dû passer du temps dans le sauna pour respecter la limite, je ne l'ai pas trouvé super drôle, mais je n'ai jamais eu de problème par la suite.

C'est aussi à cette époque que je me suis séparé de mes amis de Team Union. Ce sont eux qui avaient pris soin de moi depuis le début, qui avaient fait de moi le combattant que j'étais devenu, qui étaient dans mon coin pour le combat contre Tito Ortiz... On avait vécu de belles choses ensemble, mais ce sont eux qui m'ont approché pour me dire que si je voulais vraiment avancer dans le domaine, c'était peut-être dans mon meilleur intérêt de passer à autre chose et d'aller voir ailleurs. Ils formaient une petite équipe et ils savaient qu'ils ne pouvaient plus vraiment m'apporter ce dont j'avais besoin pour passer à l'étape suivante.

Je suis donc passé chez BTT Canada avec Fabio Holanda. Je pratiquais encore ma boxe à Québec et je faisais des aller-retour à Montréal pour le reste de mon entraînement. Avec Fabio, j'ai vécu les hauts et j'ai vécu les bas. Je le considère aujourd'hui comme mon frère et je peux dire que je vais rester avec lui jusqu'à la fin de ma carrière.

UFC : les résultats se font attendre

Mon passage chez les poids moyens a coïncidé avec mon retour au UFC. En avril 2005, j'ai affronté le Canadien Joe Doerksen.

J'avais complètement dominé ce combat, tellement que j'avais probablement remporté les deux premiers rounds 10-8. Joe est aujourd'hui un de mes bons amis et il m'a déjà dit qu'il ne se souvient absolument pas de ce combat tellement je l'avais cogné souvent et solidement. Mais au troisième round, j'ai commis une erreur d'inexpérience. J'étais en position dominante au sol et j'étais passé dans le beurre en tentant de lui donner un coup de coude. Il s'était immédiatement emparé de mon dos et avait réussi l'étranglement arrière. Cette défaite avait été très difficile à encaisser.

Quatre mois plus tard, je me suis retrouvé devant Chris Leben pour le premier événement UFC Fight Night. On s'est cogné à qui mieux-mieux pendant trois rounds, sans retenue. Ça a donné un excellent combat que j'ai perdu par décision partagée. Dans les médias le lendemain, plusieurs prétendaient que je m'étais fait voler, mais je ne blâme personne. C'était à moi de ne pas laisser mon destin entre les mains des juges.

Pourtant, ce n'est pas parce que je n'avais pas essayé. J'avais réussi à toucher la cible avec mes meilleurs coups possibles et j'avais aussi encaissé ses meilleurs. Dans le vestiaire après le combat, Leben et moi étions assis l'un à côté de l'autre sans être capable de prononcer un seul mot. C'est comme si on se comprenait sans avoir besoin de prendre la parole.

J'étais donc, malgré trois bonnes performances, 0-en-3 avec le UFC. À l'époque, on disait de moi que j'étais le meilleur combattant du UFC à ne jamais avoir gagné un combat avec eux. C'était une bien mince consolation, puisque la compagnie m'a congédié après ma défaite contre Leben.

Je suis revenu au Canada. J'ai gagné le titre de King of the Cage contre Bill Mahood, puis le championnat de la MFC contre Jason MacDonald. Les deux victoires ont été obtenues par soumission.

Une fois de plus, je pouvais rêver aux ligues majeures...

Mon histoire n'est pas terminée! Vous pourrez lire la suite samedi dans ma prochaine chronique.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.