Au Grand Prix du Japon, le souvenir de Jules Bianchi a resurgi
SUZUKA, Japon – La présence d'un engin de dépannage sur la piste du Grand Prix du Japon, remporté dimanche sous la pluie par Max Verstappen, a fait resurgir le souvenir de l'accident qui avait causé la mort du Français Jules Bianchi sur ce même circuit de Suzuka en 2014.
C'est la controverse du Grand Prix du Japon 2022 qui a provoqué la colère unanime du paddock : au 2e tour de la course, Pierre Gasly (AlphaTauri) a eu la surprise de voir sur la piste un camion de dépannage signalé par son feu clignotant alors que les conditions pluvieuses étaient particulièrement délicates pour les pilotes.
L'incident s'est passé sous régime de drapeau rouge quand les pilotes roulaient pour revenir aux puits, sous une pluie battante et avec une très mauvaise visibilité.
Pour les pilotes, Gasly en tête, la présence de ce camion leur a rappelé les circonstances tragiques qui avaient conduit à la mort de Jules Bianchi, jeune espoir de la F1 française au 42e tour du GP du Japon, le 5 octobre 2014.
Sous la pluie, Bianchi avait perdu le contrôle de sa Marussia dans le virage 7 et sa monoplace s'était encastrée sous un engin de levage qui finissait d'évacuer la Sauber de l'Allemand Adrian Sutil, sortie de la piste au tour précédent.
« J'aurais pu me tuer »
Le pilote français était mort après plusieurs mois de coma à Nice, sa ville natale, en juillet 2015.
« Aucun respect pour la vie des pilotes, aucun respect pour la mémoire de Jules, incroyable », a aussitôt réagi sur Instagram son père Philippe Bianchi, capture d'écran de l'incident à l'appui.
« C'est inacceptable! Comment c'est possible? Je n'arrive pas à y croire », s'est énervé Gasly encore au volant de sa monoplace dans une séquence en caméra embarquée de F1TV. « J'aurais pu me tuer! », a-t-il ajouté un peu plus tard, une fois rentré dans son garage.
« C'est irrespectueux envers Jules, envers toute sa famille, a-t-il témoigné après la course, très ému, auprès de Canal+. Je suis juste heureux d'être en vie. »
À l'issue de la course, le Français qui rejoindra la saison prochaine l'écurie Alpine, a écopé d'une pénalité de vingt secondes qui l'a fait retrograder à la 18e place « pour avoir continué à rouler à plus de 200 km/h à plusieurs reprises sous le régime du drapeau rouge », a indiqué la Fédération internationale de l'automobile (FIA) dans un communiqué.
La FIA a également annoncé qu'elle avait lancé, « comme c'est le cas dans ces circonstances », une enquête approfondie sur le déploiement des engins de dépannage, « à la suite des témoignages d'un certain nombre de pilotes ».
« Pire qu'inacceptable »
C'est peu dire que l'incident a mis en émoi le paddock.
« C'est pire qu'inacceptable », a ainsi déclaré le directeur de l'écurie Alfa Romeo, Frédéric Vasseur.
« Totalement inacceptable », a renchéri auprès du magazine Autosport Christian Horner, le patron de l'écurie Red Bull. « Nous avons perdu Jules Bianchi ici et ça ne devrait plus jamais arriver. Il faut qu'il y ait une enquête approfondie sur la raison de la présence d'un véhicule de dépannage sur la piste. »
« La visibilité était nulle, on sait ce qui s'était passé en 2014 », a commenté Charles Leclerc (Ferrari), dont Bianchi était le parrain sportif, lui aussi au micro de Canal+.
« "WTF". Comment ça a pu arriver? Nous avons perdu une vie dans cette situation il y a quelques années. Nous risquons nos vies, surtout dans ces conditions. On veut courir. Mais ça... inacceptable », a twitté pour sa part le Britannique Lando Norris (McLaren).
« Comment pouvons-nous bien faire comprendre que nous ne voulons jamais voir une grue sur la piste? Nous avons perdu Jules à cause de cette erreur. Ce qui est arrivé aujourd'hui est totalement inacceptable!!!!! J'espère que c'est la dernière fois que je vois une grue sur la piste! », a renchéri d'un tweet Sergio Pérez (Red Bull).