La « sisu » de Valtteri Bottas face à la science de Lewis Hamilton au Grand Prix d'Espagne
Formule 1 jeudi, 9 mai 2019. 08:27 jeudi, 9 mai 2019. 10:22MONTMELO, Espagne – Valtteri Bottas arrive au Grand Prix d'Espagne cette fin de semaine avec un point d'avance au Championnat du monde de F1 sur son équipier chez Mercedes Lewis Hamilton, le Finlandais montrant depuis le début de la saison une vraie « sisu » après sa décevante année 2018.
Dans son pays nordique, la « sisu » est un état d'esprit national qui traduit courage, ténacité et capacité à surmonter l'adversité.
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Très déstabilisé à la fin de sa saison blanche l'an dernier, d'aucuns disaient ses jours comptés au sein de l'écurie allemande et sa place déjà promise au Français Esteban Ocon, son pilote de réserve. Mais en quatre GP, Bottas, 29 ans, a fait taire les critiques avec deux victoires, deux 2e places derrière Hamilton et un meilleur tour en Australie qui lui donne son point d'avance au championnat.
Il profite de la domination des Flèches d'argent, avec quatre doublés en autant de courses. Derrière, Ferrari doit se contenter des miettes. L'Allemand Sebastian Vettel pointe à la 3e place avec déjà 35 points de retard et son coéquipier Charles Leclerc, 5e, en accuse lui 40.
« Concurrent crédible »
Pour son patron, Louis Camilleri, Ferrari reste un « concurrent crédible » pour le titre alors qu'il reste 17 courses au calendrier, mais il concède que les premières « n'ont clairement pas répondu à nos attentes ».
L'arrivée de la F1 en Europe, après les GP d'Australie, du Bahreïn, de Chine et d'Azerbaïdjan, revêt pour la Scuderia des aspects de quasi dernière chance pour ne pas voir les Mercedes s'échapper irrémédiablement. L'écurie italienne introduit d'ailleurs cette fin de semaine une première évolution de son moteur, deux courses plus tôt que prévu.
Pour Toto Wolff, le patron de l'écurie allemande, les résultats enregistrés jusqu'à maintenant sont toutefois « trop flatteurs » et ne « reflètent pas l'équilibre des forces de la saison jusqu'à maintenant » même si Bottas a un peu tempéré ce jugement jeudi en estimant que « ce n'est pas seulement la chance, ce sont aussi les performances de l'équipe dans son ensemble ».
L'an dernier en Espagne, ses pilotes avaient réalisé le doublé, Hamilton devant Bottas, Vettel ne pouvant faire mieux que 4e, un mauvais augure pour Ferrari.
Leclerc, la nouvelle recrue monégasque des Italiens, a vu une victoire quasi certaine lui échapper à Bahreïn sur ennui mécanique après avoir réalisé la première position de tête de sa carrière. Mais c'est aussi la seule pour Ferrari depuis le début de la saison.
« Cartons jaunes et rouges »
Ce que Wolff craint par-dessus tout, c'est une réédition de 2016, qui avait vu ses deux pilotes, Hamilton, déjà, et Nico Rosberg, s'affronter jusqu'à s'éliminer mutuellement en course, notamment en Catalogne, sur ce même circuit de Montmelo.
Rosberg, qui est aussi Finlandais par son père, l'ancien champion du monde Keke Rosberg, l'avait finalement emporté au championnat avant d'annoncer sa retraite surprise à la fin de la saison, mentalement épuisé.
« Notre équipe est très solide et nous ne permettrons pas à la relation entre nos pilotes de se détériorer au point qu'elle aurait un impact négatif. Si cela devait être encore le cas, après Nico et Lewis, nous nous assurerons de mettre en place un système de cartons jaunes et rouges. Mais nous sommes loin d'en être là », a assuré Wolff dans un entretien au site officiel de la F1.
Mais Hamilton, 34 ans, quintuple champion du monde avec 75 victoires en GP pour seulement 5 à Bottas, est le roi des « joutes mentales », ces manoeuvres qui déstabilisent la concurrence, à commencer par ses équipiers. Il l'a montré avec Fernando Alonso au début de sa carrière chez McLaren puis avec Rosberg chez Mercedes. Il arrive aussi à Barcelone après avoir remporté les deux dernières éditions.
Bottas la joue pour le moment bon soldat, affirmant que le bien de l'équipe passe avant ses ambitions de devenir champion du monde pour la première fois.
Mais, interrogé après sa victoire il y a deux semaines à Bakou sur sa réponse à d'éventuels ordres de son écurie pour laisser Hamilton passer – ces fameuses consignes d'équipe qui font polémique chez Ferrari depuis le début de la saison –, il a souligné qu'il n'y en avait pas pour l'instant. Une façon d'esquiver la question.