Un dur retour à la réalité pour Stroll et Aston Martin
Ah, le retour des vacances. On espère toujours revenir au boulot reposé, motivé et plus performant que jamais... mais vous savez comme moi que ce n'est pas toujours le cas.
Disons que dans le cas de Lance Stroll, il aurait certainement aimé que la pause estivale se prolonge un peu, car le retour est extrêmement ardu pour le pilote canadien.
Les statistiques sont sans appel. En quatre courses (je compte bien sûr le Grand Prix de Singapour, même s'il n'a pas pris le départ), il n'a inscrit aucun point, s'est qualifié dernier à deux occasions en plus d'être éliminé en Q1 trois fois. Avant la pause estivale, la plus longue disette de Stroll hors des points a été de deux courses, soit à Miami et Monaco.
Évidemment, tout ne doit pas revenir sur les épaules de Lance Stroll. Il est devenu évident qu'Aston Martin n'a pas été capable de suivre le rythme de développement des autres équipes en cours de saison. Ferrari, Mercedes et surtout McLaren ont progressé beaucoup plus rapidement qu'Aston Martin.
Ce ralentissement se remarque des deux côtés du garage. Par exemple, lors des huit premières épreuves de la saison, la position moyenne de Stroll lors des courses où il a rallié l'arrivée était de 7,3. Lors des huit courses suivantes, sa position moyenne à l'arrivée est de 11,5, soit une baisse de 4,2 places.
Du côté de Fernando Alonso, on remarque exactement la même baisse dans ses positions moyennes à l'arrivée. En première moitié de saison, sa moyenne à l'arrivée était à la 3,3e place, alors qu'en deuxième moitié, elle pointe à la 7,5e position, une baisse de 4,2 positions. (À noter que ces résultats ne comptent pas les courses sprints).
La différence, c'est que cette baisse sort le Québécois du top-10, et donc des points, alors qu'Alonso continue à mettre des unités au compteur d'Aston Martin. Seulement 12% des points de Lance Stroll ont été amassés lors des huit dernières épreuves, alors que dans le cas d'Alonso, c'est tout de même 31%.
Ainsi, l'écurie perd du terrain. Au deuxième rang derrière Red Bull en début de saison, Aston Martin a vu Mercedes passer devant, puis Ferrari. Désormais, l'écurie doit regarder dans ses rétroviseurs, parce que McLaren s'approche rapidement.
Questionné sur la possibilité que McLaren devance Aston Martin, Lando Norris ne s'est d'ailleurs pas gêné pour souligner ce qu'il considère comme le plus grand avantage de son écurie, comme le rapporte le site motorsport.com.
« Je pense que notre avantage actuel par rapport à quasiment toutes les équipes est que l'on a deux pilotes au niveau, qui se battent pour ces places et pour ces points. Actuellement, toutes les équipes n'ont pas ça, alors je pense que ça nous aide. »
Il s'est bien gardé de nommer un ou des noms... alors à vous d'essayer de deviner à qui il pouvait bien penser.
Car, comme Norris le sous-entend, les performances à la baisse d'Aston Martin n'expliquent pas tous les problèmes de Lance Stroll, et l'implacable comparaison avec Fernando Alonso le démontre de façon claire et nette.
Les problèmes de Stroll en qualifications, son talon d'Achille depuis son arrivée en F1, sont toujours bien présents. Pendant qu'Alonso est toujours le seul pilote à avoir atteint la Q3 à chacune des 16 courses cette saison, Stroll n'y a accédé que sept fois.
C'est un cliché qui revient sans cesse dans son cas, mais il est beaucoup plus difficile d'inscrire des points lorsqu'on s'élance d'aussi loin sur la grille de départ, surtout dans un peloton si relevé en milieu de classement. Je sais, c'est un énoncé digne des meilleures répliques de Will Buxton dans Drive to Survive, mais ça demeure la réalité.
Ce qu'on remarque aussi de Stroll dernièrement, c'est son manque d'explications à offrir pour ses mauvais résultats, à tout de moins devant les médias. Évidemment, nous n'avons pas accès aux « debriefs » de l'écurie, et il est tout à fait possible, voir probable, que Stroll soit en mesure de donner des explications plus détaillées à ses ingénieurs que devant les médias.
Sauf que ce que les médias, et donc les partisans, voient, c'est un pilote souvent abattu qui offre des réponses courtes et sèches qui se résument principalement par « la voiture manque de rythme, on va devoir trouver pourquoi ».
Par exemple, lors du dernier Grand Prix du Japon, il a expliqué sa 17e place en qualifications de cette façon : « Je croyais pourtant avoir fait un bon tour, mais nous ne sommes pas rapides. Nous éprouvons des difficultés cette fin de semaine ».
Je comprends très bien qu'il n'affiche pas un grand sourire jusqu'aux oreilles au cours d'une séquence comme celle qu'il traverse. Sauf que j'aimerais l'entendre expliquer davantage ce qui l'incommode dans sa conduite. Est-ce que la voiture a du survirage? Du sous-virage? De l'instabilité au freinage, un manque d'adhérence dans les virages rapides, un manque de vitesse de pointe? Répéter sans cesse que la voiture n'a pas de rythme alors que son coéquipier a inscrit sept podiums n'aide pas beaucoup les spectateurs à comprendre pourquoi il éprouve autant de difficultés.
Mais surtout, ça ne dit rien aux ingénieurs qui tentent d'améliorer la voiture et de l'adapter à sa conduite. Stroll en est à sa septième saison en Formule 1, et donner une rétroaction précise et complète à son équipe peut faire la différence entre un excellent et un bon pilote, particulièrement pour le développement en cours de saison.
J'aimerais aussi l'entendre faire davantage preuve d'introspection. Quand on est exclu en Q1 trois fois de suite alors que son coéquipier continue d'atteindre Q3 chaque week-end, peut-on vraiment toujours rejeter la faute sur la voiture, précisant même avoir fait un bon tour?
On sait que Stroll n'a jamais été particulièrement volubile avec les médias, et c'est correct. Son travail est d'amasser des points pour son équipe. Sauf qu'il faut vraiment espérer qu'il soit plus constructif une fois les portes des réunions d'équipes fermées. C'est primordial pour suivre le rythme des autres équipes.
L'action reprend donc cette fin de semaine avec une course sprint au menu au Qatar. C'est donc dire que la séance de qualifications se tiendra vendredi à midi 45 sur les ondes de RDS. Samedi, c'est à 13 heures pour la course sprint et dimanche, midi 30 pour la course principale, toujours sur RDS.