Le beau côté de la médaille
En 2024, 18 courses masculines de niveau World Tour comptaient un volet féminin. Ce nombre va augmenter dès 2025, notamment avec l'ajout d'une version féminine de Milan-San Remo, et d'autres événements suivront l'exemple à différentes échelles, comme le Tour de l'Abitibi au Québec.
La montée en popularité du cyclisme féminin a amené l'équipe de la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC) et l'organisation du Tour de l'Abitibi à ajouter un volet féminin à l'événement pour en faire une course inédite en Amérique du Nord.
« Le Tour de l'Abitibi a toujours été une course réservée aux hommes juniors, c'est le seul événement à l'extérieur de l'Europe qui fait partie de ce qu'on appelle la Coupe des nations. En 2025, on a pris la décision d'ajouter une course pour les juniors femmes en Abitibi ! Il y a quelques années, ça n'existait pas des Coupes des nations pour les femmes. Maintenant, ça se développe de plus en plus », a ajouté Louis Barbeau, directeur général de la FQSC.
Aux plus récents Championnats canadiens disputés à Saint-Georges-de-Beauce, Magdeleine Vallières-Mill s'est d'ailleurs réjouie de voir la popularité du cyclisme féminin, autant dans les estrades que sur la ligne de départ.
« Il y avait tellement de filles au départ des Championnats nationaux (NDLR : elles étaient 61 athlètes, alors qu'elles étaient 20 en 2019), c'est super positif de voir qu'il y a autant de filles de haut niveau au pays. Je sentais que l'engouement était bien là pour nos courses. Aussi, il y a de plus en plus de Canadiennes en Europe, juste dans mon équipe, on sera quatre filles du pays, c'est vraiment encourageant. »
Retraitée depuis 2021, Karol-Ann Canuel se dit emballée par l'engouement que génère le cyclisme féminin et croit que le meilleur est à venir pour toutes ces athlètes.
« Tout semble avoir changé depuis ma retraite ! Il n'y avait pas encore de Tour de France féminin quand je suis partie. Il y a tellement de grandes courses et d'opportunités de briller pour les filles aujourd'hui. Je crois vraiment que c'est un bon temps pour être une cycliste professionnelle. Je suis un peu jalouse, j'aimerais vraiment avoir 10 ans de moins aujourd'hui! » a-t-elle mentionné en riant.
Le succès des Québécoises
Les bonnes performances des athlètes québécoises sur la scène internationale sont des signes encourageants pour la province, estime Louis Barbeau.
En 2024 seulement, Clara Émond a remporté une étape du Tour d'Italie et Magdeleine Vallières-Mill s'est imposée au Trofeo Palma (1.1). Olivia Baril est sortie victorieuse au Pro Costa de Almeria (1.1) ainsi qu'à la première étape de la Vuelta Extremadura (2.2). Tout ça, en plus de contribuer en tant que coéquipières de premier plan qui jouent des rôles importants durant les courses importantes.
De quoi inspirer les jeunes filles à s'initier au cyclisme sur route.
« Sur la scène internationale, chez nos athlètes, les femmes font aussi bien, sinon mieux que les hommes. C'est inspirant pour la relève, pour les jeunes qui voient que c'est possible. Il y a une belle tradition de cyclisme féminin au Québec avec notamment Lyne Bessette, Clara Hughes, Geneviève Jeanson ou Karol-Ann Canuel. La génération d'aujourd'hui poursuit dans cette lignée et ça se ressent chez nous avec un nombre d'inscriptions record chez les jeunes filles », a soutenu M. Barbeau.
Le cyclisme féminin peut parfois être synonyme de frustration et d'injustice, mais au final, c'est la passion qui semble avoir l'avantage, menant les athlètes vers des carrières à la fois uniques et enrichissantes.
« C'est toute ma vie ! » s'est empressé de mentionner Magdeleine Vallières-Mill. « Oui, il y a des côtés négatifs, mais ces embûches font partie de la vie et mon amour pour le sport vaut plus que tout ça. J'aime rouler, j'aime la compétition, j'aime la vie d'athlète de haut niveau. C'est ma passion et ç'a toujours été mon rêve de vivre du vélo. »
Après une année plus difficile, marquée notamment par une mononucléose, Pénélope Primeau a vu sa passion revigorée lors des Championnats du monde de gravelle au début du mois d'octobre.
« Ce qui m'a permis de demeurer saine d'esprit cette année, c'est réellement tout ce qui touche aux courses de gravelle. Je participais toujours aux courses pour le plaisir et ç'a fonctionné. Je me suis dépassée et j'ai retrouvé ma confiance sur un vélo. C'était une belle surprise de participer aux mondiaux de gravelle, je pleurais de bonheur sur la ligne de départ. L'énergie de la foule était incroyable, j'ai fini 68e, mais je me sentais tellement bien. J'ai encore des frissons en y pensant. »
Si le sport leur fait vivre des émotions grandioses sur leur vélo, certaines avouent également être toujours émerveillées par les performances de leurs collègues.
« Voir Tadej Pogacar distancer tout le monde, ce n'est pas ce qu'il y a de plus excitant. Mais si vous prenez le temps de réécouter tout ce qui s'est passé lors de la dernière édition de Paris-Roubaix chez les femmes, vous allez être époustouflés. C'était une course complètement incroyable et les histoires de certaines coureuses le sont aussi. Ellen Van Dijk a terminé sixième, six mois après avoir donné naissance, c'est incroyable », a raconté Pénélope Primeau.
« C'est un sport incroyable, j'adore rouler, me dépasser. C'est ce que j'aime le plus dans la vie ! » a conclu Laury Milette qui, malgré tout, préfère rester optimiste.