LE PLUS GRAND BOXEUR QUÉBÉCOIS

Par Francis Paquin

Qui doit être considéré comme le plus grand boxeur québécois depuis le début du XXIe siècle?

C’est la question à laquelle ont répondu 11 intervenants et experts du milieu de la boxe locale ainsi que les amateurs à la suite d’une vaste consultation menée du 27 avril au 3 mai à RDS.ca.

Trente boxeurs ont été nommés, parmi lesquels plusieurs champions du monde et de nombreux pugilistes qui ont disputé des combats de championnat au cours des deux dernières décennies.

Les choix des 11 personnalités sondées* comptaient pour 60 pour cent de la note, tandis que les internautes, qui ont été exactement 1000 à participer, se partageaient les 40 pour cent restants.

Les exploits sportifs devaient évidemment être pris en compte, mais également l’impact de la carrière sur l’industrie québécoise afin de dresser un portrait le plus complet et juste possible.

Chaque boxeur recevait 10 points pour un vote de première place, 9 pour un vote de deuxième et ainsi de suite. Chaque expert et amateur était invité à soumettre le nom de 10 boxeurs.

Avec cinq votes de première place et cinq autres de deuxième, Jean Pascal est clairement l’un des incontournables des intervenants interrogés, et jumelé à la deuxième position conférée par le public, il est désigné comme le plus grand boxeur québécois depuis le début du XXIe siècle.

L’ex-champion des poids mi-lourds du WBC et actuel champion « régulier » de la WBA devance Arturo Gatti. Choix le plus prisé des amateurs, « Thunder » fait légèrement moins l’unanimité auprès des experts. Le membre du Temple de la renommée depuis 2013 a en effet obtenu deux votes de première place, quatre de deuxième, deux de troisième et trois de quatrième position.

« Wow! Je suis très flatté... je ne pensais vraiment pas gagner, a avoué le pugiliste âgé de 37 ans à RDS. Je me suis toujours perçu comme le négligé et d’apprendre cela me rend très heureux. Je persiste cependant à croire qu’il me manque peut-être quelques trophées pour devancer Gatti.

« Je suis très, très fier de la reconnaissance que j’obtiens pour tout le travail que j’ai effectué. »

Pascal (35-6-1, 20 K.-O.) a effectué quatre défenses de son titre du WBC obtenu après sa victoire contre Adrian Diaconu en juin 2009. Avant d’être détrôné par Bernard Hopkins en mai 2011, il a notamment battu Chad Dawson, qui était alors perçu comme l’un des meilleurs boxeurs « livre pour livre » de la planète, dans ce qui est considéré comme l’une de ses meilleures prestations.

À la suite de sa défaite contre Hopkins – les deux boxeurs avaient fait match nul précédemment – Pascal a connu des hauts en battant Lucian Bute et l’espoir invaincu Ahmed Elbiali, mais aussi des bas en subissant de durs revers face à Sergey Kovalev, Eleider Alvarez ainsi que Dmitry Bivol.

Et alors que plusieurs le croyaient rendu au bout du rouleau, Pascal a démontré qu’il n’avait pas dit son dernier mot en surprenant Marcus Browne pour s’offrir le titre « régulier » de la WBA en août 2019. Il a ensuite défendu sa ceinture contre Badou Jack, déjouant encore les pronostics.

Ayant fait carrière aux États-Unis, Gatti (40-9, 31 K.-O.) est devenu l’un des pugilistes les plus populaires de l’histoire du noble art grâce à ses combats où il se donnait corps et âme. En plus d’avoir été champion des super-légers de juillet 2004 à juin 2006, il a notamment été au cœur d’une formidable trilogie avec Micky Ward. Le premier et le troisième opus ont été déclarés combats de l’année en 2002 et 2003. Gatti s’est éteint dans des circonstances troubles en 2009.

L’actuel champion unifié WBC-IBF des mi-lourds Artur Beterbiev complète le podium, devançant deux ex-détenteurs d’un titre mondial : Lucian Bute et Adonis Stevenson. Beterbiev (15-0, 15 K.-O.) a récolté deux votes de première place et un de deuxième. Il est le troisième choix du public.

Après avoir connu une très brillante carrière dans les rangs amateurs, le Russe s’est amené à Montréal pour lancer sa carrière et a vaincu l’ancien champion Tavoris Cloud à son sixième duel. Il est devenu champion de l’IBF en novembre 2017 en battant Enrico Kölling et a défendu sa ceinture deux fois avant de vaincre le champion du WBC Oleksandr Gvozdyk en octobre dernier.

Bute (32-5, 25 K.-O.) a quant à lui effectué neuf défenses de son titre des super-moyens de l’IBF d’octobre 2007 à mai 2012. Après sa percutante défaite contre Carl Froch, l’athlète d’origine roumaine a tenté de redevenir champion, mais a cependant essuyé la défaite en deux occasions.

Grâce au duo qu’il a formé avec son entraîneur Stéphan Larouche pendant son règne, Bute a été au cœur de l’âge d’or vécu par la boxe québécois alors que plus d’une dizaine de milliers de spectateurs assistaient à ses affrontements. Il a officiellement annoncé sa retraite en mars 2019.

De son côté, Stevenson (29-2-1, 24 K.-O.) a défendu sa ceinture des mi-lourds du WBC neuf fois avant d’être battu par Gvozdyk en décembre 2018 à Québec. Stevenson a subi un violent knock-out qui lui a laissé des séquelles. Il a été déclaré cliniquement mort dans les heures qui ont suivi.

Après avoir tenté sa chance aux États-Unis d’où il était revenu amer, Stevenson a connu une formidable ascension jusqu’à sa conquête du titre du WBC grâce à sa victoire en 76 secondes face à Dawson. Mais alors qu’une rencontre au sommet avec Kovalev se dessinait, il s’est associé à Al Haymon et plusieurs amateurs et observateurs ont été très déçus par le choix de ses rivaux.

Éric Lucas (39-8-3, 15 K.-O.), Eleider Alvarez (25-1, 13 K.-O.), David Lemieux (41-4, 34 K.-O.), Davey Hilton (41-2-2, 26 K.-O.) et Marie-Ève Dicaire (17-0) complètent le palmarès, tandis que Leonard Dorin (22-1-1, 8 K.-O.) rate le top-10 de très peu. Onzième du classement des experts, Hilton s’est hissé en neuvième position à l’aide du vote des amateurs. Hilton n’a disputé que quatre chocs dans les années 2000, mais a été couronné champion des super-moyens du WBC.

*Les 11 personnalités sondées par RDS sont Russ Anber (analyste et cutman de réputation internationale), Benoit Beaudoin (journaliste), Roch Carignan (journaliste), Jean-Paul Chartrand père (descripteur), Antonin Décarie (directeur général d’Eye of the Tiger Management et ancien boxeur), Stéphan Larouche (entraîneur), Jean-Luc Legendre (journaliste), Adrien Meure (analyste), Yvon Michel (promoteur), Francis Paquin (journaliste) et Marc Ramsay (entraîneur).