LES DEUX VOIX DU CH - PIERRE HOUDE
Par Éric Leblanc - Pierre Houde et Michel Lacroix, les « deux voix » du Canadien démontrent une longévité épatante ce qui a incité ces deux articles sur leur fascinante carrière respective.
MONTRÉAL - La scène se passe au milieu des années 1960, les frères Pierre et Paul Houde s’amusent à recréer des petits studios de télévision dans leur chambre. Équipés de leur radio transistor, ils font aller leur imagination en imitant les grands descripteurs sportifs de l’époque que sont René Lecavalier et Richard Garneau.
Ce rêve, celui suivre les traces des monuments qu’étaient Lecavalier et Garneau, Michel Lacroix l’a vécu à partir de l’adolescence.
Bien sûr, ces deux scénarios se sont multipliés à travers le Québec puisque ces modèles ont fasciné l’imaginaire de toute une génération. Mais, dans le cas des deux hommes, ils savourent encore, plusieurs décennies plus tard, les privilèges de leur carrière respective qui dure depuis plus de 40 ans.
Cette impressionnante longévité a incité le RDS.ca à produire deux articles sur le fascinant parcours des « deux voix » du Canadien, celle à la télévision et celle au Centre Bell.
« J’étais fasciné par l’émission de Jean-Pierre Coallier (Métro-matin) qui était un peu l’ancêtre de Salut Bonjour. On était très axé sur les médias et on fait encore ce métier aujourd’hui », a cerné Houde dans un généreux entretien sur un ton décontracté.
Cadet de trois ans de son frère, Pierre Houde a fait preuve d’audace pour hériter de sa première occasion dans l’univers médiatique en 1975. Ça s’est produit lorsque Paul a accepté un poste en Outaouais après avoir animé, pendant seulement quelques mois, les nuits de la fin de semaine - la porte d’entrée de la relève - à la station radiophonique CKAC.
« J’ai pris le téléphone et j’ai appelé le directeur des programmes de l’époque pour lui dire que je pensais pouvoir remplacer mon frère. Il m’a trouvé un peu confiant, si on peut le dire ainsi, et j’ai passé une audition avant de commencer à la fin août en 1975, j’avais 18 ans », a raconté Houde en esquissant un sourire.
À une époque à laquelle les opportunités étaient nombreuses, il aurait pu se dédier à ce métier grâce à un tel point de départ, mais le fil de sa carrière ne pouvait quand même pas s’écrire aussi facilement.
« Je me suis marié très jeune, en 1978, avec ma petite amie d’école. Son père était comptable agréé et il y avait beaucoup de pression pour ne pas que je m’emballe avec la radio. C’était très intense, mais j’ai tenu à finir mon diplôme aux HEC (Hautes études commerciales) pendant que je faisais de la radio la fin de semaine la nuit », a-t-il mis en scène.
Vers la fin de son année de spécialisation, il a réalisé que les perspectives d’une carrière de comptable agréé ne le rendaient pas heureux. Il a donc demandé de prolonger son baccalauréat d’une autre année pour ajouter à son arc la corde du marketing.
Cette décision lui a d’ailleurs ouvert des portes très intéressantes à l’extérieur de son métier dans les médias. En plus d’agir comme directeur du Grand Prix du Canada en 1985 et 1986, il a notamment œuvré comme vice-président marketing à la radio CFGL et en tant que conseiller senior chez Cossette.
Ces étapes ont été formatrices, mais pas autant influentes dans la suite de sa carrière que ses débuts à la télévision. Et non, ce n’est pas par le hockey qu’il y a fait le saut.
« Ça s’est passé en 1978, j’étais encore étudiant et un réalisateur très innovateur, Julien Dion de Radio-Canada, cherchait de nouveaux visages pour différentes émissions de sport incluant des analystes pour les entractes de la NFL. Il m’a entendu le matin à CKOI alors que je faisais un résumé de sport et il m’a appelé directement pour me demander si j’aimais le football. Je lui ai dit que c’était mon sport de prédilection après le hockey », a dévoilé Houde.
« Aussi étonnant que ça puisse paraître, mon co-analyste aux entractes était Yvon Pedneault. Le destin a voulu que nous soyons le premier duo onze ans plus tard pour le hockey à RDS », a-t-il enchaîné.
Le saut de géant dans son cheminement s’est produit, six ans plus tard, lors des Jeux olympiques d’été de Los Angeles en 1984.
« Ils avaient carrément besoin de plusieurs animateurs et Guy Des Ormeaux, qui a été à l’origine de RDS, m’a offert le canoë-kayak et l’aviron ce qui a été ma grosse plate-forme pour me faire découvrir à la télé sportive. De là, ce fut tout un enchaînement jusqu’à l’arrivée de RDS en 1989 », a témoigné Houde.
D’ailleurs, son passage à RDS ressemble davantage à une scène de film ou à un extrait de livre. D’abord prévu en 1988, le lancement de la station sportive a été retardé à l’année suivante. Pendant ce temps, Houde n’avait pas pu refuser l’offre qui s’était présentée à lui, une permanence à Radio-Canada, ce qui était son rêve d’enfance.
Ce revirement de situation avait donc affecté les plans de Des Ormeaux qui souhaitait l’embaucher parmi les animateurs phares du nouveau poste avec Chantal Machabée, Jean-Paul Chartrand père et Denis Casavant notamment.
Cependant, sans tarder, Houde a constaté que le département des sports de Radio-Canada s’en allait à la dérive, mais il était trop tard pour rebrousser chemin.
« RDS a donc vu le jour le 1er septembre 1989 et je n’étais pas dans le décor. Mais, vers le 25 septembre, à trois semaines du premier match du Canadien à RDS, Mario Brisebois du Journal de Montréal avait écrit un texte racontant que RDS commençait à être dans le trouble car les dirigeants n’avaient pas encore trouvé le descripteur pour le Canadien, la grosse propriété », s’est rappelé Houde.
C’est là que Roland Saucier, le propriétaire de la radio CFGL est entré en action. Il a contacté M. Des Ormeaux, son ami, pour lui dire qu’il avait trouvé son candidat.
« Guy avait répondu que c’était impossible puisque mon rêve était de travailler à Radio-Canada. Mais Roland se doutait que je n’étais pas heureux et il voulait me ravoir pour quelques mandats précis. Ils m’ont réuni dans un restaurant de Laval, un soir de fin septembre, pour me présenter une offre conjointe. Ils m’ont exposé leur plan, je me suis levé et j’ai dit on a un ‘deal’ », a narré Houde.
Sans surprise, sa démission a causé tout un remous. Personne ne démissionnait de Radio-Canada et surtout pas pour embarquer dans l’aventure de RDS à qui la plupart des gens prévoyaient des scénarios d’apocalypse.
Les clés de la longévité et de l'adaptation
Bien sûr, RDS a fini par remporter son pari audacieux – pour l’époque – en se forgeant une place de choix dans le paysage télévisuel pour une station sportive francophone.
« Dès le lendemain du premier match du Canadien, je pense qu’on a pu prouver notre sérieux. André Turbide, qui est décédé, avait écrit un article absolument extraordinaire à notre sujet dans La Presse. Quelques semaines plus tard, Mario Brisebois avait publié un sondage et on sortait déjà en première place. On a été assez rigoureux dès le début malgré notre petite équipe », a précisé l’animateur.
Houde a, bien sûr, été au cœur de cette réussite en décrivant la plupart des grands rendez-vous de l’histoire du réseau. Il a traversé les époques à la description du Canadien où il a été jumelé à quelques partenaires aux caractéristiques différentes. Ce contexte a nécessité des ajustements, mais c’est associé à la réalité de son métier.
« Quand tu maîtrises ton sujet, tu dois être capable d’alimenter ton partenaire. Bien sûr, c’est là que la souplesse devient importante, tu peux travailler auprès d’analystes avec des forces très différentes », a expliqué Houde qui a partagé la description du Canadien avec Pedneault, Pierre Bouchard, Benoit Brunet et Marc Denis.
En quelques mots, Houde s’est replongé dans le contexte qui prévalait avec eux.
« Yvon possédait les deux côtés, son niveau 5 au hockey, mais également son parcours de journaliste donc on se ressemblait beaucoup sur l’approche de notre métier. »
« Pierre, c’était le contraire. On nous surnommait Mutt and Jeff (un vieux duo comique imaginaire). Ce fut ma période avec plus d’humour et de détachement parce que Pierre est fait comme ça. J’ai adapté notre description selon sa personnalité un peu goofie. Il nous a sorti plusieurs perles! »
« Quant à Benoit, j’ai trouvé malheureux la levée de boucliers survenue avec la nouvelle réalité des médias sociaux. Pourtant, il détient une grande connaissance technique du hockey. Pat Burns m’avait déjà dit que, parmi tous les jeunes qu’il a dirigés avec les Olympiques de Hull, c’est lui qui comprenait le plus ce qu'il exigeait. Le public n’a pas été capable d’apprécier complètement sa connaissance et sa vision du jeu. »
« Pour Marc, je le vois un peu comme la version moderne de Gilles Tremblay. On dit souvent que les gardiens ont une belle façon de voir le jeu. En plus, il a une grande rigueur sur la forme. Il veut apprendre et s’améliorer », a résumé Houde.
De son côté, Houde a démontré une longévité fascinante qu’il associe à quelques facteurs.
« Ça semble contradictoire, mais il faut être très souple et très discipliné dans sa vie. La rigueur réside dans la nécessité de garder son niveau de communication élevé autant sur la forme que le fond. À l’inverse, la souplesse est primordiale et je la conseille aux jeunes, je leur suggère de viser large au départ. Disons que décrire le hockey, c’est le rêve de bien des petits gars. J’ajoute à ceci l’ingrédient secret, la petite épice, qu’est la passion », a proposé Houde.
Par lui-même, il poursuit avec une révélation plus que pertinente.
« Ma longévité vient peut-être plus de mon amour pour mon métier que pour le hockey. Je ne suis pas une groupie de hockey et j’aime que les joueurs me laissent la paix et inversement. Ce n’est pas ça qui m’intéresse », a exprimé Houde qui se garde ainsi un détachement bénéfique.
Beaucoup de plaisir, mais éprouvant pour la famille
Dire que Houde en a vu de toutes les couleurs en 27 ans à la description des matchs du Tricolore ne serait pas une expression assez puissante. Il pourrait aisément écrire un livre captivant d’anecdotes.
Juché, la grande majorité du temps, dans les hauteurs des arénas, il s’est souvent retrouvé dans des conditions précaires.
« On a déjà travaillé sur une simple planche de bois placé dans des échafaudages avec le vide devant nous. Je me rappelle qu’Yvon avait un peu le vertige et on pouvait tomber si on avançait un peu trop… Mickey Redmond (un ancien joueur devenu analyste) avait déjà été placé dans cette position et il avait exigé un harnais pour s’attacher ! », s’est rappelé Houde en riant.
« À Long Island, on a déjà été placé dans les gradins parmi des partisans soûls. Dans le vieux Garden à Boston, c’était fantastique, on était à environ 15 rangées de la glace. Par contre, on occupait la place de sièges qui avaient été retirés et on avait les genoux des spectateurs dans notre dos. Tous les anciens arénas avaient leur histoire d’horreur surtout pour la troisième équipe de diffuseurs », a confié Houde sur la réalité souvent occupée par RDS.
Son récit d’anecdotes déborde déjà pour ses expériences télévisuelles, mais Houde a également vécu une soirée inusitée comme descripteur à la radio … anglophone! Il ne pourra jamais oublier ce match puisque le hasard a voulu qu’il y décrive la toute dernière partie de Patrick Roy avec le Canadien en décembre 1995.
« CJAD détenait les droits radiophoniques, mais les dirigeants avaient organisé un gros party d’anniversaire en nolisant un avion pour amener le personnel dans un pays chaud. Le hic, c’est que les conditions météorologiques ont retardé le retour de l’avion. Ils n’avaient plus d’animateur à leur disposition et ils m’ont appelé à 17h, un soir de tempête, chez moi à Terrebonne. On était loin de l’époque informatique, je n’avais pas accès à un dossier sur une clé USB. Au moins, on avait fait un match des Wings quelques jours plus tôt, sur les ondes de RDS, donc j’avais encore mes notes sur eux », s’est rappelé Houde sur ce souvenir précieux.
Au fil des ans, Houde a pu décrire les tours de magie d’une multitude de hockeyeurs de renom. Sans hésiter, il place Wayne Gretzky et Mario Lemieux – le plus beau à voir selon lui – ainsi que Raymond Bourque au sommet de cette liste.
« Mais je ne peux pas oublier les événements dramatiques comme la mise en échec sur Max Pacioretty. Pour moi, c’est ce que j’ai vécu de plus proche de la description des accidents mortels d’Ayrton Senna et Greg Moore, je me disais que je venais peut-être d’en décrire un au hockey », a ajouté Houde.
À travers les nombreux moments privilégiés reliés à son rôle, Houde a dû composer avec une réalité très éprouvante sur le plan familial en raison des voyages à répétition.
« Ce fut très exigeant, j’ai traversé des moments difficiles avec ma femme. En plus, j’ai une seule fille donc j’ai trouvé ça très pénible de rater une quantité d’événements comme des pièces de théâtre », a avoué Houde qui s’est repris en étant un père très présent.
« Dieu merci, les innovations vidéos sont apparues comme les Facetime et Skype. J’ai été rapide à basculer là-dessus. Ma fille me montrait ses devoirs, ses dessins… ce fut magique dans mon cas de miser sur ça. »
Ainsi, 27 ans plus tard, Houde et sa femme Sylvie vivent encore le bonheur ensemble. Il est reconnaissant que les deux femmes de sa vie aient démontré une belle compréhension.
Le messager de plusieurs grands moments
Question de se différencier de son grand frère, Pierre Houde a d’abord accordé son amour aux Maple Leafs de Toronto. Il a toutefois craqué pour le Canadien en mai 1971 quand Henri Richard a compté son célèbre but menant à la conquête de la coupe Stanley contre les Blackhawks de Chicago.
Sans le savoir à ce moment, il allait avoir la chance de décrire, devant des millions de personnes, des moments mémorables comme celui-ci.
« Que ce soit décrire le but de la médaille d’or de Sidney Crosby aux Jeux olympiques de Vancouver ou vivre, avec le grand Garneau à mes côtés, la seconde de frénésie avant le coup de fusil lançant le 100m qui couronne Usain Bolt, ce sont des choses que la vie te redonne. Tu te dis : ‘Wow, je suis le messager d’un grand moment’. »
Émotivement, d’autres moments ont été très forts comme la description de son premier match du Canadien le 16 octobre 1989, la fameuse remontée du Canadien contre les Rangers, des grandes entrevues comme celle avec l’athlète olympique algérienne Hassiba Boulmerka qui courait en short malgré le risque d’être lapidée par des Musulmans de partout.
Justement, les Jeux olympiques occupent une place de choix dans son cœur et il compare ainsi son travail de description olympique par rapport aux matchs de hockey.
« Les Jeux olympiques, c’est spécial. Je dis toujours que c’est carrément à part. C’est une chance inouïe d’exercer ton métier à un niveau d’exception. En même temps, c’est comme retourner au CÉGEP puisqu’on se déplace avec notre sac à dos, on prend le transport en commun et on mange en gang. Je raffole de cette ambiance. J’ai adoré Vancouver, j’étais tellement fier de le vivre, mais je l’étais aussi pour RDS et TSN », a élaboré Houde qui se sent honoré d’avoir pu décrire de si grands événements comme il le fera pour l’athlétisme à Rio.
En ce qui concerne la Formule Un, un grand amour de sa vie, il a vécu dans cet univers de l’intérieur. Les amitiés et les relations bâties rendent son attachement très particulier.
Au final, en cumulant la course automobile, le hockey, les Jeux olympiques et ses autres affectations, Houde pourrait divertir une audience pendant des heures avec ses descriptions les plus inoubliables. Cela dit, à aucun moment il n’a cherché à étaler ses accomplissements qui pourraient faire rougir de gêne n’importe quel journaliste.
Mais ça ne veut pas dire qu’il a réalisé tous ses rêves ou objectifs. Partisan plus que fidèle des Packers de Green Bay, on lui suggère donc la description de l’un de leurs matchs.
« J’aimerais vraiment ça ! J’ai un lien particulier avec le football, c’est le sport que j’ai pratiqué quand j’étais adolescent. Je n’étais pas un très bon patineur, mais au football, je jouais sur les deux côtés de la ligne, je ne débarquais jamais du terrain. Mais je crois que j’aimerais plus assister à un match comme spectateur au Lambeau Field, je vais y aller éventuellement », s’est-il promis.
Outre ce souhait, il réfléchit souvent à l’évolution de RDS et il aimerait y contribuer en utilisant son expérience pour s’attaquer aussi à d’autres projets comme des grands dossiers.
« J’ai ressenti beaucoup d’émotion quand on m’a demandé d’animer les funérailles de Jean Béliveau, mais je me sentais à l’aise de le faire. Ce n’est pas plaisant de vieillir, mais certains bouts le sont. Avec l’expérience, tu te sens plus confortable pour relever ces défis », a-t-il nommé, sans prétention, comme exemple.
Composer avec la critique et le désir de modifier le métier
En travaillant dans les médias pendant plus de 40 ans, on s’expose inévitablement à la critique.
« Avant les réseaux sociaux, on a composé avec un chroniqueur qui nous a charriés pendant près de deux ans, Ronald King, pour ne pas le nommer. C’était de l’acharnement. J’ai trouvé ça difficile. Je suis de nature très sensible et je ne m’en cache pas, je ne joue pas au tough. Ça me touche parce que mon premier réflexe est toujours de me demander si la personne a raison. Il faut être humble dans ce métier, c’est important, c’est un ingrédient pour durer », a déclaré Houde avec franchise.
« Quand Facebook et Twitter ont commencé, j’étais moins à l’aise avec ça et j’avais tendance à aller lire les commentaires et ça m’affectait pendant un match. Mais j’ai appris à prendre un certain recul. »
Les réseaux sociaux constituent le changement récent le plus considérable. Par contre, ce n’est pas le plus important qu’il a pu constater en près de trois décennies à la description des matchs du Canadien.
« La plus grande révolution, c’est la technologie. Ça concerne la qualité des images, la grosseur des écrans de télévision et l’enregistreur numérique qui permet tant de choses instantanées. Auparavant, en tant que descripteur de sport, on avait un siège privilégié. Maintenant, ce n’est probablement plus le cas », a jugé Houde.
Et le but!!!!!!! avec Pierre Houde - que l'on aperçoit en 360 degrés
« Déjà, ça m’arrive d’utiliser l’écran géant à quelques reprises par match pour bien voir un élément en particulier. Dans les nouveaux édifices, la LNH nous a envoyé dans le plafond et le Centre Bell offre encore l’un des meilleurs emplacements. Maintenant, quand les gens à la maison ont un doute sur une punition, ils arrêtent et reculent la séquence plusieurs fois pour se forger leur opinion. Ils se disent ‘Comment ça il ne l’a pas vu’. Il faut vivre avec ça, mais c’est très différent de décrire en direct. »
« Je pense que notre mission va changer légèrement, on fera un survol un peu plus large que la description de tous les détails. Je sais qu’il ne faut pas trop quitter le jeu parce que les gens veulent qu’on reste fidèle à l’action. Ça fait partie des critiques qu’on méritait à l’époque. J’avais tendance à me sortir trop du jeu avec Yvon », a prononcé Houde.
Toute cette réflexion incite Houde à se dire que les outils à la disposition des descripteurs ne sont plus appropriés et il aimerait s’impliquer à ce sujet.
« Je pense que les plus jeunes qui suivront vont travailler avec un moniteur devant eux et un découpage ressemblant à ce que les gens voient à la maison. J’aimerais travailler sur un projet pilote dans ce sens. Ça nous prendra un outil complémentaire pour s’y référer rapidement », a évoqué le descripteur d’expérience.
Cela dit, il convient que l’évolution de la technologie s’accompagne aussi de côtés très positifs.
« De nos jours, l’informatique nous donne accès à de la matière instantanément. Quand la F1 a commencé en 1993 à RDS, ça me coûtait 60$ par semaine pour ramasser des publications comme L’Équipe et la Gazzetta dello Sport dans un magasin spécialisé », a-t-il décrit.
« Ensuite, on a pu miser sur les ordinateurs portables et les forums sur internet. Les gens allaient sur place et pouvaient nous envoyer des informations après avoir été accrédités au Grand Prix d’Italie par exemple. C’est fou, mais on recevait des potins et des nouvelles sur un Grand Prix avec une journée de retard et on était tout content ! Maintenant, on a une F1 qui passe en temps réel sur notre iPad. On parle d’une telle évolution en plus ou moins 20 ans. »
« C’est si important de s’adapter à la technologie, c’est hallucinant comme ça facilite notre travail. On parle d’un changement radical ! »
Un demi-siècle plus tard, un autre changement s’est opéré. Les jeunes n’imitent plus Lecavalier ou Garneau armé de leur radio transistor. Ils perfectionnent maintenant, iPad à la main, la réputée formule « Et le buuuut ! » de Pierre Houde.