LES GRANDS BOXEURS - ARTUR BETERBIEV
Champion des poids mi-lourds de l’IBF depuis novembre 2017 et champion unifié WBC-IBF depuis octobre 2019, Artur Beterbiev présente une fiche de 15-0, 15 K.-O. Il a été choisi comme étant le 3e plus grand boxeur québécois du XXIe siècle à la suite d’une consultation auprès d’experts et d’amateurs à RDS.ca.
La boxe québécoise s’est résolument internationalisée au début du XXIe siècle avec l’arrivée massive de Roumains. Leonard Dorin, Lucian Bute, Adrian Diaconu et Jo Jo Dan ont notamment connu leur part de succès, les trois premiers réussissant même à devenir champions du monde.
Les Colombiens Eleider Alvarez et Oscar Rivas ont suivi, mais le plus grand coup a été frappé au printemps 2013 lorsqu’Artur Beterbiev est débarqué en ville. Le Russe avait connu une brillante carrière chez les amateurs, étant sacré champion du monde en 2009 à Milan, en Italie, en plus d’avoir participé deux fois aux Jeux olympiques, battu chaque fois par l’éventuel médaillé d’or.
À l’époque, Marc Ramsay, Bernard Barré et Yvon Michel n’en revenaient pas d’avoir mis sous contrat un surdoué comme Beterbiev. Il faut rappeler que les pugilistes de sa trempe faisaient pratiquement tous affaire avec les influents promoteurs américains, britanniques ou allemands.
Beterbiev a rapidement eu une influence sur les méthodes de son entraîneur en partageant avec lui un exercice qui consistait à frapper une balle relie à sa tête par un élastique, ce qui favorisait prodigieusement le développement de l’importante coordination entre les mains et les yeux.
Limité à des combats prévus pour quatre à six rounds à ses premières sorties, l’athlète originaire du Daghestan a donné la première mesure de son immense potentiel en se débarrassant de Tavoris Cloud en trois minutes trente-huit secondes à son sixième duel seulement chez les pros.
Ex-champion de l’IBF, l’Américain revenait de deux revers consécutifs contre Bernard Hopkins et Adonis Stevenson, mais personne ne s’attendait à ce qu’il ne soit jamais dans le coup à ce point. Après le triomphe, Ramsay avait même avoué qu’il était difficile pour lui de ne pas s’emporter.
Cette victoire a également permis de découvrir de quelle manière Beterbiev viendrait à bout de ses rivaux tout en long de sa carrière : en les faisant craquer. Pas de coup de poing unique, mais plutôt un travail de démolition qui oblige même les plus braves à poser un genou sur le canevas.
À ce moment-là, c’était clair, net et précis que ce n’était plus qu’une question de temps avant que Beterbiev ne s’empare d’un titre mondial. Il restait encore évidemment beaucoup de détails à peaufiner, comme en témoigne sa chute au plancher contre l’obscur Jeff Page fils, sauf que Ramsay avait maintenant les coudées franches pour accélérer le développement de son poulain.
Mais comme dans n’importe quelle bonne histoire, le chemin a été parsemé d’embûches. Il y a évidemment eu des blessures, mais également des différends avec son promoteur et sa gérante. En tout et pour tout, Beterbiev a passé un an sans combattre à deux reprises. Sauf que pendant tout ce temps, il continuait à s’entraîner sans relâche afin d’être prêt pour le moment de vérité.
Ce moment est finalement arrivé en novembre 2017 à Fresno, en Californie, alors que Beterbiev était opposé à l’Allemand Enrico Kölling. Le Russe filait tranquillement, mais sûrement, jusqu’à la victoire quand Ramsay lui a donné un coup de semonce avant le début du dernier round. Oui, la victoire était dans la poche, sauf qu’il fallait s’imposer avec panache pour attirer les projecteurs.
Beterbiev a répondu au défi lancé par son entraîneur en envoyant Kölling deux fois au tapis pour l’emporter par arrêt de l’arbitre. Après deux défenses très faciles, le champion obtient l’occasion d’unifier les titres, alors qu’il croise le fer avec Oleksandr Gvozyk, tombeur d’Adonis Stevenson.
Fidèle à son habitude, Beterbiev n’hésite pas à échanger avec son adversaire et tire même sur les cartes de deux des trois juges avant le commencement du dixième round. Mais l’Ukrainien finit par craquer en moins de trois minutes à la suite d’un barrage de frappes incisives du Russe.
Beterbiev lève les deux bras dans les airs et sa joie est manifestement palpable. Ç’aura pris bien du temps, mais la boxe québécoise a maintenant le premier champion unifié de son histoire.