LES GRANDS BOXEURS - DAVID LEMIEUX
Champion des poids moyens de l’IBF de juin à octobre 2015, David Lemieux présente une fiche de 41-4, 34 K.-O. Sa victoire par knock-out contre Curtis Stevens a été nommée K.-O. de l’année par The Ring en 2017. Il a été choisi comme étant le 8e plus grand boxeur québécois du XXIe siècle à la suite d’une consultation auprès d’experts et d’amateurs à RDS.ca.
« David Lemieux est le Sidney Crosby de la boxe canadienne », titrait un quotidien montréalais le matin du 30 mars 2007. La veille, Yvon Michel avait annoncé les embauches d’Antonin Décaire, Dierry Jean et David Lemieux, mais c’est de cette dernière que le promoteur était le plus fier.
Elle sera réutilisée avec un autre boxeur quelques années plus, mais cette comparaison avec le premier choix du repêchage de la Ligue nationale de hockey en 2005 était déjà audacieuse. À quelques matchs de compléter sa deuxième saison dans la LNH à ce moment-là, l’ex-attaquant de l’Océanic de Rimouski était en voie de remporter son premier championnat des pointeurs.
Il est aujourd’hui possible d’accuser Michel d’avoir prêché par excès d’enthousiasme, mais d’un autre côté, comment pouvait-il en être autrement? Lemieux n’arrivait pas auréolé d’un titre aux Jeux olympiques ou aux Championnats du monde de boxe amateur, sauf qu’un survol rapide de ses quelques résultats disponibles donne néanmoins une excellente mesure de son grand talent.
Aux Championnats canadiens juniors présentés à Saint-Hyacinthe en janvier 2006, Lemieux rafle les grands honneurs chez les moins de 59 kilos en liquidant ses adversaires de la demi-finale et de la finale dès le premier round. Lemieux vient alors tout juste de célébrer ses 17 ans, mais déjà, il est possible de constater que le prodige possède une force de frappe hors du commun.
Il reste évidemment une tonne de choses à peaufiner comme en témoigne sa défaite au premier tour des Mondiaux juniors tenus au Maroc en 2006, mais Lemieux mise sur un précieux atout.
C’est ainsi qu’il effectue ses débuts chez les professionnels quelques mois plus tard et couche ses adversaires les uns après les autres. Son premier rival, Jose Candelario Torres, jette l’éponge après seulement deux rounds. Il y a en aura dix-neuf comme cela jusqu’à ce que Lemieux ne retrouve Jason Naugler, un Néo-Écossais qui survivra à l’enfer pendant dix interminables rounds.
Dès lors, Michel souhaite augmenter le niveau d’opposition pour voir ce que son protégé à dans le ventre, mais rien à faire. Les adversaires choisis ne font pas le poids. Elvin Ayala et Hector Camacho fils tombent au premier round sous les coups de l’enfant prodigue, qui maintenant âgé de 22 ans attire de plus en plus l’attention des dirigeants des réseaux de télévision américains.
Lemieux n’a ainsi plus qu’à battre Marco Antonio Rubio le 8 avril 2011 pour obtenir un combat de championnat du monde ainsi qu’un contrat avec HBO. Favori des preneurs aux livres jusqu’à 8-contre-1, le Montréalais semble invincible. Avec le recul, il est cependant possible de dire que c’était plutôt l’époque où l’insouciance règne avant le commencement des temps plus difficiles.
Rubio survit en effet aux premières explosions de Lemieux, qui ne comprend pas comment un Mexicain qui paye si bonne mine peut lui résister. Excédé, il tirera même la langue en regardant la foule. Rubio prend l’ascendant et l’entraîneur Russ Anber finit par jeter l’éponge. Lemieux a encore tout l’avenir devant lui qu’il serait bête de le gâcher pour une simple question d’orgueil.
La décision sera difficile à accepter et les deux hommes se sépareront. Après une autre défaite surprise contre Joachim Alcine, Lemieux se reconstruit peu à peu et mettra deux ans et demi avant d’obtenir une chance comparable à celle face à Rubio qu’il avait loupée. Cette fois, il ne la rate pas en terrassant Fernando Guerrero à l’aide d’un uppercut de la droite devant les caméras de Showtime. Il défigurera Gabriel Rosado moins de sept mois plus tard devant celles de HBO.
La consécration survient le 20 juin 2015 au Centre Bell alors que Lemieux est sacré champion du monde des poids moyens de l’IBF en battant Hassan N’Dam par décision unanime des juges après l’avoir envoyé quatre fois au plancher. Le premier Sidney Crosby de la boxe québécoise peut enfin dire mission accomplie en soulevant – ce qui est à ce jour – sa seule coupe Stanley.
« Une étoile est née », avait alors déclaré son copromoteur Oscar De La Hoya. Une étoile qui brillera ensuite très fort avec des victoires spectaculaires par knock-out contre Curtis Stevens et Gary O’Sullivan, mais qui pâlira avec des revers face à Gennady Golovkin et Billy Joe Saunders.