Champion des poids super-moyens du WBC de juillet 2001 à avril 2003, Éric Lucas a terminé sa carrière avec une fiche de 39-8-3, 15 K.-O. Il a été choisi comme étant le 6e plus grand boxeur québécois du XXIe siècle à la suite d’une consultation auprès d’experts et d’amateurs à RDS.ca.

 

Rien ne laissait présager que cet homme deviendrait le modèle qu’il est devenu : un homme encore surpris et gêné de signer un autographe ou de prendre un « selfie » avec un admirateur, même 10 ans après son dernier combat professionnel.

 

Éric Lucas a déjoué les pronostics de tout le monde : que ce soit ceux qui l’ont vu grandir modestement dans les ruelles de Montréal. Que ce soit ceux qui ont investi dans la compagnie Box-Art, fondée par Yvon Michel, et qui devait lancer la carrière de Stéphane Ouellet, avec Lucas dans le rôle de second violon. Ils ont été encore plus sceptiques après les revers de Lucas à l’issue de ses 2 premières expériences en combat de championnat du monde, alors que règne en boxe professionnelle l’obsession de la fiche vierge de défaites. Le rang des sceptiques n’a jamais été aussi grand qu’après cette chaude soirée de boxe de décembre 1996 à Chicoutimi quand Lucas, âgé de 25 ans, n’a pu faire mieux qu’un combat nul contre l’Américain Antwun Echols, alors que le soir même Ouellet embrasait le Centre Georges-Vézina ainsi que les téléspectateurs en direct sur RDS. Echols, qui avait malmené Lucas à l’aide de puissants crochets de la gauche au visage, s’est effondré de joie lorsque l’annonceur maison Michel Thiffault a annoncé le verdict. « Je peux vous assurer qu’Echols était heureux du résultat après l'annonce de la décision et nous furieux contre Éric qui est réellement tombé au neutre après le 5e », comme l’affirmait plus tard son entraîneur Yvon Michel.

 

C’est sur cette note amère que se terminait la 5e année de boxe professionnelle de Lucas. Cette année 1996 l’a vu livrer 6 combats, dont 2 combats de championnats du monde. Une année à double tranchant pour Lucas, après ses revers contre Fabrice Tiozzo et Roy Jones. Il en fallait du caractère pour se relever et remonter les classements!

 

Finalement, après 10 ans de durs labeurs, de comparaisons douloureuses, de blessures et de hauts et de bas, Lucas est finalement récompensé. Il a 30 ans et présente une fiche de 32-4-2 lorsqu’il s’apprête à livrer le combat qui marquera une génération d’amateurs québécois. Une soirée qui changera le cours de la boxe québécoise, tel que le précisera l’entraîneur Stéphan Larouche.

 

Lucas Champion

 

« Si on le frappe pendant qu’il a la main haute, sa main sera baissée au moment où on va l’atteindre. Quand tu vas le frapper, il va te tomber entre les jambes et tu vas passer par-dessus. » Cette prophétie est apparue comme une révélation pour l’entraîneur jonquiérois, lors d’un camp d’entraînement dans le nord de l’État de New York.

 

Cette préparation, racontera Larouche, était remplie d’enthousiasme, même si Lucas retournait affronter Glenn Catley, qui l’avait vaincu avant la limite deux ans plus tôt.

 

La prophétie s’est avérée le mardi 10 juillet 2001 au Centre Molson de Montréal. Après avoir répété la manœuvre contre son partenaire d’entraînement et ancien adversaire Kevin Pompey, Lucas a pu l’appliquer lors du 7e round. L’aspirant québécois avait bien travaillé son adversaire : au 6e round, une combinaison de crochets à la tête a envoyé le Britannique au tapis une première fois. Quelques secondes plus tard, après de furieux échanges, Lucas remporte l’épreuve de force et projette le champion WBC au tapis une 2e fois alors que la foule est survoltée. Catley survit à ce round, mais dans la dernière minute de la 7e reprise, Lucas confirme son rendez-vous avec son destin lorsqu’il exécute la commande de Larouche.

Éric Lucas et Glenn Catley

Éric Lucas, après avoir envoyé Glenn Catley au tapis

Éric Lucas

Éric Lucas, champion du monde

Tel que prévu, Lucas doit enjamber le corps de celui qui est aussitôt tombé inconscient. Aux abords du ring, Michel et Larouche vivent les moments les plus intenses de leurs carrières. Pour Michel, c’est le rêve devenu réalité après la création d’Interbox, et le début d’une grande aventure où la boxe québécoise devient un joueur incontournable dans l’élite de la boxe professionnelle.

 

Sur le ring, Lucas salue la foule alors qu’il est porté sur les épaules du soigneur Bob Miller. Le modeste boxeur porté en triomphe, comme « Rudy » dans le film du même nom, que Lucas a regardé en boucle lors de son camp d’entraînement : l’histoire du porteur d’eau devenu champion du monde des super-moyens du WBC!

 

Lucas sauveur de la boxe

 

En Lucas, la boxe s’est trouvé un ambassadeur hors pair : un homme droit, loin de l’image des mauvais garçons qui ont terni la réputation de la boxe. Avec Lucas, la boxe appartient au grand public et non plus aux mafieux ou aux criminels. En plus d’exceller sur le ring lors de ses défenses contre Dingaan Thobela, Vinny Pazienza, Omar Sheika et Marcus Beyer, Lucas fait rayonner la boxe et l’amène à un haut niveau de popularité pour paver la voie aux nombreux autres futurs champions québécois.

 

En 2004, Lucas sauve même Interbox de la faillite. L’organisation peut survivre et faire rayonner la carrière d’autres boxeurs comme Adrian Diaconu et Lucian Bute.

 

Lucas est trop modeste pour l’avouer, mais c’est toute une industrie qu’il a portée sur ses épaules, à coup de sueur et de sang et grâce à un cœur immense qui lui aura permis de traverser toutes les difficultés que la vie a placées devant lui.

 

Jean-Luc Legendre

Éric Lucas

C’est toute une industrie de la boxe qu’a portée sur ses épaules Éric Lucas.

LES PLUS GRANDS BOXEURS QUÉBÉCOIS DU XXIe SIÈCLE

Résultats complets | 1-Pascal
2-Gatti | 3-Beterbiev | 4-Bute
5-Stevenson | 6-Lucas | 7-Alvarez
8-Lemieux | 9-Hilton | 10-Dicaire