Courir pour rester jeune d'esprit!
Je savais que je captais l'attention car je les regardais me regarder.
J'avais avisé les jeunes avant le début de ma conférence que s'ils avaient des questions, ils devaient lever leur main dans l'immédiat pour ne pas attendre à la fin et risquer de l'oublier. Je tenais à ce qu'ils soient bien informés.
Je devenais conscient que du même coup, il fallait me préparer à des questions intrigantes, farfelues.
Une jeune fille a levé la main. Je lui ai demandé de poser sa question.
« Vous avez quel âge monsieur ? »
La voilà, celle que je craignais le plus, celle que je n'aime pas répondre. Paf ! Sur le nez. Il me semble qu'elle revient trop souvent celle-là lorsque je créé l'ouverture.
Alors, j'ai regardé la directrice de l'école tout près de moi et je lui ai fait un clin d'œil. J'ai arrêté quelques secondes.
À vrai dire, je deviens inconfortable quand on me demande mon âge. Pasquale me dit souvent qu'au contraire, je devrais en être fier. Vous voyez, on parle d'une question de perception.
VOUS AVEZ 57 ANS MONSIEUR !
Pour répondre à l'élève, je lui ai demandé de calculer en fonction de ce que j'avais raconté jusque-là. « Tu te souviens que j'ai dit que j'avais commencé à courir à l'âge de 40 ans, que j'ai dû attendre trois ans avant de courir mon premier marathon, tellement cette distance me faisait peur. Que la réalisation de mes 100 marathons avait duré 20 ans et que j'ai été opéré pour mon cancer en 2020. Avec ces indices, tu devrais le deviner. »
Alors, les jeunes dans la salle se sont mis à calculer dans leur tête. Je les voyais regarder au plafond. C'était vraiment sympathique comme réaction et à quelque part, j'en étais bien fier.
Puis, un autre jeune a levé sa main, possiblement très heureux de m'annoncer qu'il avait trouvé la réponse. « Vous avez 57 ans monsieur ». Sans perdre un seul instant et avec un p'tit brin de fierté dans l'esprit, j'ai réagi. « C'est en plein ça mon gars, en plein dans le mille ».
JEUNE D'ESPRIT
Vous devinez que le personnel présent s'est mis à rire, sachant très bien que sans le vouloir, ce jeune m'avait rajeuni, ce que j'espérais faire en leur formulant cette énigme.
À la sortie de l'école après ma conférence, ces moments me sont revenus en tête, particulièrement durant le long chemin du retour.
Oui, il est chanceux le bonhomme de courir encore à l'approche d'un autre changement de dizaine, qu'il fallait que je commence à l'apprécier et surtout, le reconnaître pour ne pas craindre de divulguer mon âge lorsqu'on me le demande.
C'est ce qui arrive quand on désire conserver sa jeunesse éternelle.
Même si je sais que mon corps peut me trahir, je conserverai toujours un esprit jeune, animé, éveillé le plus possible, tant que la vie et la course à pied me le permettront.