Décathloniens, les dieux du stade!
J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt les plus récents Championnats du monde d'athlétisme qui se sont tenus à Budapest, en Hongrie. Les athlètes canadiens ont offert un grand spectacle et de grandes performances avec une récolte de six médailles. Quatre d'or et deux d'argent.
Deux de ces médailles sont venus du décathlon. Pierce LePage, 27 ans, a devancé par 105 points le champion olympique en titre Damian Warner.
On dit du décathlon qu'il s'agit de l'épreuve la plus exigeante de l'athlétisme et que le champion doit être considéré comme le dieu du stade. Je suis tout à fait en accord avec cette affirmation pour de bonnes raisons.
Le décathlon est une compétition axée sur la polyvalence des athlètes qui met à l'épreuve non seulement les capacités physiques des inscrits, mais aussi leur force mentale. Lorsque j'utilise le terme « polyvalence » c'est tout à fait approprié puisque le décathlonien doit exceller dans dix disciplines variées lors de deux journées consécutives. Chez les femmes ont parle plutôt de l'heptathlon puisqu'elles concourent sur huit épreuves.
Les dix épreuves du décathlon sont toutes présentées en plein air. Les conditions météo peuvent parfois jouer de vilains tours aux athlètes. Ces épreuves sont constituées de quatre courses (100 mètres, 400 mètres, 110 mètres haies et 1 500 mètres), de trois sauts (longueur, hauteur et perche) et de trois lancers (poids, disque et javelot). Chaque performance est convertie en points selon un barème officiel que je vous épargne et la somme de ces points détermine le classement final. Voilà pour le résumé facile.
Rien n'est facile toutefois pour ceux qui s'y adonnent puisqu'ils doivent avoir un niveau de conditionnement, de coordination et d'endurance exceptionnel. Les dix disciplines énumérées plus tôt couvrent une vaste gamme de mouvements et de compétences, allant des sprints courts et longs aux sauts en passant par les lancers. Cela signifie que les athlètes doivent exceller dans différents types d'activités, ce qui nécessite des années d'entraînement spécialisé dans chacune d'entre elles.
Comparé à d'autres épreuves plus spécialisées, comme le sprint ou le saut en hauteur, le décathlon demande donc une polyvalence extraordinaire. Un athlète peut être un excellent sprinter, mais cela ne l'avantage pas du tout pour le lancer du poids!
Dans les disciplines de lancer, comme le javelot et le disque, la force brute est inutile sans une technique appropriée. De même, les épreuves de saut, comme le saut en hauteur et le saut à la perche, nécessitent une combinaison de vitesse, de coordination et de précision. Les athlètes doivent non seulement être en excellente condition physique, mais aussi maîtriser les subtilités techniques pour réussir dans toutes les disciplines.
Ils doivent s'entraîner pendant des années pour perfectionner leurs compétences dans toutes les disciplines. Cela signifie des heures innombrables passées sur la piste, dans le gymnase et sur le terrain d'entraînement. Les blessures sont également un risque constant, car la variété des mouvements peut solliciter différentes parties du corps. La persévérance et la résilience sont essentielles pour surmonter ces obstacles.
La nature épuisante du décathlon repose sur l'accumulation de la fatigue au fil des épreuves. Pendant deux jours consécutifs, les athlètes doivent enchaîner les disciplines sans avoir beaucoup de temps de récupération entre elles. Passer d'une course à une épreuve de saut en longueur, puis à un lancer, et ainsi de suite, place un stress énorme sur le corps. La capacité à maintenir des performances de haut niveau malgré la fatigue croissante est un défi mental et physique majeur. Les athlètes doivent gérer leur énergie avec soin pour ne pas épuiser leurs réserves trop tôt dans la compétition.
Lorsqu'on assiste à la dixième et dernière épreuve du décathlon, le 1 500 mètres, on mesure bien l'ampleur de l'effort fourni par les participants. Ils s'effondrent pratiquement tous au sol après avoir franchi le fil d'arrivée. Ils sont exténuées. Puis, ils se relèvent, s'enlacent et se félicitent avant d'effectuer un tour d'honneur sur la piste pour saluer la foule. Il existe une réelle camaraderie et un respect mutuel entre les décathloniens. C'est beau à voir!
Enfin, comme si ce n'était pas assez, la pression est énorme car l'enjeu est élevé. Chaque point compte et une erreur dans l'une des disciplines peut coûter cher en termes de classement général. Les athlètes doivent gérer cette pression, la fatigue et les émotions tout en restant concentrés et en conservant une attitude positive. Cet aspect mental du décathlon est souvent sous-estimé, mais il joue un rôle crucial dans les performances finales.
Ceux qui réussissent dans le décathlon méritent un immense respect pour leur capacité à maîtriser un éventail aussi vaste de compétences athlétiques. L'exploit réalisé par nos deux canadiens, LePage et Warner, vaut la peine d'être souligné à grands traits. Dans le cas de Pierce LePage, il peut légitimement et sans gêne se déclarer le dieu du stade!
Bonnes courses!