Quel est votre seuil de douleur?
Il m'arrive parfois de dire que j'ai un seuil de douleur élevé. La plupart du temps, ceux à qui je m'adresse réagissent en riant puisqu'ils savent que c'est une blague. En effet, je grimace facilement au moindre petit bobo. Pourtant, j'ai toujours cru que la course à pied et l'endurance qui est nécessaire à la pratique de ce sport faisaient de moi un être peu plaignard capable d'endurer la douleur mieux que d'autres. Finalement, je me suis fait à l'idée que j'étais dans le champ!
Vraiment? Peut être pas!
Je suis tombé sur un article paru dans le Runners World au sujet d'une étude récente qui suggère que l'exercice régulier procure de très nombreux avantages. Des muscles plus forts et résistants, un risque réduit de maladie et une meilleure santé mentale. Surtout, un avantage inattendu, l'exercice pourrait nous rendre plus tolérants à la douleur. Voilà qui me réconforte!
Cette étude, publiée pour la première fois dans la revue PLOS One, révèle que les gens faisant régulièrement de l'exercice endurent mieux la douleur que ceux qui en font peu ou pas du tout.
La méthodologie des chercheurs est bien simple. Ils ont utilisé les données de près de 11 000 participants, hommes et femmes de tous âges, qui avaient participé à une étude norvégienne portant sur la santé et différentes maladies.
Tous les participants avaient été évalués à deux reprises à huit années d'intervalle. Lors de chacune de ces évaluations, ils devaient répondre à des questions sur leur niveau d'activité physique en plus de participer à un test de « pression à froid ». Ce test est couramment utilisé pour induire la douleur dans un environnement supervisé de laboratoire. Les participants placent leurs mains dans de l'eau à 3℃ aussi longtemps qu'ils le peuvent. Plus longtemps ils gardent celles-ci dans l'eau, plus grande est leur tolérance à la douleur. C'est simple, mais extrêmement révélateur!
Les chercheurs ont rapidement constaté en colligeant les données que plus les participants étaient actifs, plus longtemps ils pouvaient garder leurs mains dans l'eau. Les premiers de classes étaient ceux se disant très actifs puisqu'ils ont pu garder leur main dans l'eau pendant 116 secondes en moyenne contre 99 secondes pour les participants les moins actifs.
Mieux encore, les chercheurs ont mesuré que les participants qui sont restés actifs et qui faisaient de l'exercice régulièrement ou qui sont devenus encore plus actifs ont pu obtenir de meilleurs résultats en moyenne lors du deuxième test par rapport à ceux qui étaient demeurés inactifs.
Autre résultat inattendu, le vieillissement entraînerait une diminution de la résistance à la douleur car au cours des huit années entre les évaluations, la presque totalité des participants est devenue moins tolérante à la douleur en moyenne et cela peu importe le degré de forme physique. Malgré tout, les participants actifs possédaient toujours une tolérance à la douleur plus élevée que les personnes inactives, malgré cette diminution observée.
Comme dans toutes études, la prudence est de mise dans la lecture des conclusions qui s'en dégagent. Les participants sont parfois tentés de se dire plus actifs qu'ils ne le sont réellement.
Pourtant, cette étude rejoint un nombre croissant de recherches qui ont montré les avantages de l'activité physique sur la tolérance à la douleur. Compte tenu de ces résultats, on ne peut que spéculer sur le lien qui existe entre l'activité physique et la résistance à la douleur. Comment s'explique-t-il?
Il n'existe pas de réponses claires, juste des suppositions. L'activité physique entraîne la production de nombreuses hormones, comme les endorphines, qui procurent un effet « anesthésiant ». Psychologiquement, l'exercice a le pouvoir de changer la façon dont nous percevons la douleur. S'exposer à des expériences souffrantes pendant une séance d'entraînement crée un renforcement de la résilience, soit notre capacité à fonctionner lors d'évènements stressants et douloureux. Tous les marathoniens poussant leur corps à bout pour terminer leur course de 42,2 km comprendront!
L'activité physique améliore également notre humeur. Il est plus facile d'endurer la douleur lorsqu'on est de bonne humeur. Faire de l'exercice distrait! Vous avez mal à la tête ou êtes fatigués? Allez courir ou vous entraîner et ça passera.
En conclusion, l'étude dont je viens de vous parler n'explique pas tout. En tout cas certainement pas pourquoi malgré ma vie très active, je donne encore l'impression d'être peu endurant à la douleur. Je devrai la faire lire à mes proches pour grimper dans leur estime!
Ce qu'on doit retenir, c'est que faire de l'exercice c'est génial, important et bénéfique. Pas besoin d'études pour le savoir.
Bonnes courses!