Qui a le plus de mérite?
C'est une question qui m'est souvent posée et que je me pose souvent. À chaque fois que je prends connaissance des résultats d'un marathon, je me demande toujours quels coureurs ont le plus de mérite. Ceux qui ont couru comme des machines et terminé le parcours en 2h30 ou ceux qui ont peiné pendant plus de cinq heures avant de parvenir à compléter cette course de 42,195 kilomètres?
D'abord je dois dire que tous ceux qui terminent un marathon ont droit au respect puisqu'il s'agit d'une distance qui teste les limites physiques et mentales d'un individu. C'est une réussite en soi!
Cela étant dit, je crois qu'il n'y a pas une réponse véritable à ce questionnement. Pour certains, le coureur qui termine rapidement un marathon a plus de mérite puisque la vitesse est LA mesure la plus objective pour évaluer la performance d'un coureur. Pour ces gens, le but premier d'une course est de la boucler le plus vite possible et le chrono est le critère principal sur lequel on se base pour évaluer la performance.
En terminant rapidement, ces coureurs passent moins de temps sur le parcours et la probabilité qu'ils subissent des blessures dues à la fatigue, au surmenage ou à une mauvaise posture diminue.
J'ai longtemps été de cette école puisque, quand on y pense bien, la rapidité est un excellent indicateur de la condition physique, de la force mentale et de la capacité du coureur à gérer la douleur.
Tous ceux qui, comme moi, sont passés par là peuvent vous confirmer que terminer un marathon promptement nécessite un entraînement rigoureux, une discipline stricte, une alimentation saine et une solide préparation mentale. J'insiste sur ce dernier point.
Ma pensée a toutefois évolué au cours des dernières années. Après avoir terminé en 3h31 un marathon et pris de nombreuses photos pour immortaliser ma réussite, je m'étais dirigé vers mon hôtel pour prendre une douche, me reposer et collationner. Le parcours du marathon passait sous la fenêtre de ma chambre et j'étais fasciné de voir des participants toujours sur le tracé plus de deux heures après mon arrivée et plus de trois heures après celle des coureurs élites. Ils semblaient exténués, mais continuaient de mettre un pied devant l'autre en direction de l'arrivée. Eux aussi faisaient preuve d'une grande force mentale!
J'ai réalisé que ceux qui courent plus longtemps ont également du mérite car la durée est une mesure précise de leur ténacité et leur endurance. N'oublions pas que la course de fond est une question de résistance et que ceux qui terminent un marathon en six heures font preuve d'une détermination et d'une volonté tout aussi grande, sinon plus, que l'athlète élite qui a arrêté le chrono quelques heures plus tôt! Ils sont confrontés à des défis différents car ils doivent composer avec une plus grande fatigue et de plus grandes douleurs physiques. Pas facile de courir pendant des heures sans la perspective d'une victoire ou d'un record personnel. Cela prend de la détermination.
D'autres facteurs sont à prendre en considération. L'âge, le sexe et la condition physique varient d'un coureur à l'autre. Les objectifs diffèrent également. Alors que certains veulent gagner la course ou bien faire dans leur catégorie d'âge, d'autres veulent profiter du moment et simplement terminer. Pour les premiers, le mérite se trouve dans la vitesse alors que pour les seconds c'est dans la ténacité et le plaisir! À chacun ses objectifs !
La beauté de la course à pied est celle-ci : chaque coureur doit se concentrer sur ses propres réalisations et ses propres défis. Surtout, éviter de se comparer aux autres.
Après tout, est-il si important de terminer rapidement ou lentement? Ce qui compte c'est de participer en donnant le meilleur de soi-même.
Bonnes courses!