S'étirer ou pas?

Il m'arrive d'assister à de formidables chorégraphies avant des courses organisées où des milliers de coureurs se préparent à prendre le départ. Je les vois qui s'étirent à qui mieux mieux dans des positions qui ne semblent pas toujours confortables. Certains élèvent presque leurs talons aux oreilles alors que d'autres se contorsionnent comme les meilleures artistes du Cirque du Soleil pour toucher le sol avec leurs doigts. 

Pourtant, lorsque je me déplace vers l'avant où sont massés les meilleurs coureurs, les marathoniens élites, je les aperçois légèrement gambader sur place ou faire de petits sprints qui semblent davantage les détendre que les étirer. 

Cela me pousse à me questionner sur cette sempiternelle question qui continue de faire débat: faut-il vraiment s'étirer avant de courir? Est-ce la bonne chose à faire pour l'animal que nous sommes? 

Après tout, des animaux beaucoup plus adaptés à la course, comme le cheval, le guépard ou notre simple chien de compagnie, ne font pas toutes ces simagrées avant de courir! Seuls les humains adhèrent à cette pratique. 

Je ne dis pas qu'il est inutile de s'étirer avant de faire du sport. Je parle ici uniquement de course à pied car plusieurs études démontrent que certaines activités nécessitant des sauts ou des mouvements explosifs doivent être pratiquées après des étirements. Le volley-ball, le hockey ou le basketball sont de bons exemples. 

Jogger est un sport à faible intensité et qui demande beaucoup plus un échauffement que des étirements. C'est la même chose pour la natation ou le cyclisme. Plutôt que d'étirer des ligaments et tendons pendant de longues minutes, il est préférable de simplement partir à un rythme agréable et tolérable pour permettre à tous les muscles du corps de mieux se relaxer pour la suite de l'activité. 

La bonne façon de faire avant une course est de répéter des mouvements en augmentant leur amplitude pour permettre aux muscles de bien « monter en température ».  Le rythme cardiaque s'accélérera également pour mieux pourvoir les muscles en oxygène. Nul besoin de préciser que plus il fait froid, plus ces échauffements sont importants. Avis donc à ceux qui courent dehors en hiver. 

La plupart des blessures chez les coureurs sont causées non pas par des coups, mais par une surcharge d'entraînement ou par une augmentation trop rapide des distances. Le seul bénéfice réel des étirements est au niveau de la flexibilité général du corps, un élément qui peut aider un coureur à déployer  une meilleure amplitude de mouvements et ainsi améliorer sa technique de course. 

Un jeune coureur pourrait être porté à croire qu'il n'a pas besoin de faire des étirements puisqu'il est toujours frais et dispo au lendemain d'une course, mais le coureur vieillissant comprendra le besoin quasi essentiel de les faire pour garder son corps souple et retarder les effets du vieillissement sur ses tendons et articulations. Il est cependant à noter que ces étirements n'ont pas à être faits obligatoirement avant le départ d'une course. Une séance hebdomadaire de yoga pourrait être une bonne idée. 

Cela nous amène à parler de l'après course. Qu'en est-il exactement des étirements à ce moment là? Ici encore, personne n'a jamais vu d'animaux s'étirer après une galopade dans un pré. Pourtant cette fois de nombreuses études ont prouvé qu'il existait un réel bienfait à le faire dans les deux heures suivant la fin de l'activité. 

Il faut mettre les muscles en tension avant de les relâcher puis de les étirer. Au passage, il s'agit d'un excellent moyen pour détendre les muscles tout en se relaxant après un effort soutenu. 

En résumé, s'étirer a ses vertus et son utilité,  mais pas vraiment avant de courir. Si vous aviez toutefois l'habitude le faire, alors ne changez rien à votre rassurante routine.

Bonnes courses! 

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