Son cœur a tenu bon!
Un fichu de bon Jack.
Je connais Réjean Paradis depuis quelques années. Rapidement, j'ai perçu ses magnifiques qualités humaines lorsque nous nous étions rencontrés pour la première fois. Excellent coureur, il a dominé ce milieu dans son coin de pays, la Beauce pendant plusieurs années.
Résident de Saint-Zacharie, là où les chiens jappent lorsqu'ils aperçoivent la lune, Réjean filait le parfait bonheur jusqu'au jour ou subitement, sa charmante épouse Aline s'est envolée vers un monde meilleur.
Réjean a dû alors encaisser un véritable uppercut au menton et fut solidement ébranlé. Il l'est encore car des signes qui ne mentent pas se libèrent parfois de son comportement, démontrant toute sa peine.
Lorsqu'il va s'entraîner, il passe régulièrement devant le cimetière où elle repose, question de la saluer et de lui démontrer tout son amour.
Puis, il y a quelques temps, il a dû traverser une autre période ardue. Opéré à cœur ouvert, Réjean croyait qu'il allait mettre un terme à son sport préféré, cette discipline qui lui permet de s'évader, de laisser sortir un surplus de nervosité, une pratique qui le libère et dont il a besoin pour sortir la tête de l'eau.
DES NAUSÉES
Toutefois, grâce à sa persévérance, sa discipline et sa force intérieure, il a su rebondir et encore aujourd'hui, il peut démontrer tout son talent.
Réjean a vieilli mais ses capacités athlétiques demeurent toujours en lui. Classé pour le marathon de Boston quelques semaines avant de subir son intervention chirurgicale, il a dû reporter sa participation jusqu'à tout récemment.
De nature nerveuse, Réjean voyait que la date du 127e marathon de Boston approchait à grand pas. Seul dans sa maison, il devait assurément y jongler. Son entraînement avait pourtant été respecté, il avait la preuve que ses devoirs avaient été remplis.
Or, dans sa tête, ça ne semblait pas suffisant.
Quelques jours avant de partir pour Boston, il a été envahi par des nausées incontrôlables qu'il n'arrivait pas à comprendre. Il a commencé à s'interroger sérieusement à savoir s'il allait prendre un risque de courir le marathon. Toutefois, j'imagine que dans son for intérieur, il savait.
Il n'arrivait plus à manger et déjà, il n'a rien d'un ogre.
VAINCRE SES DÉMONS
Il a décidé de foncer et a fait le voyage en groupe avec Pierre Bourassa et d'autres participants. Un geste qui lui a sûrement permis de se changer les idées. Miraculeusement, il a commencé à se sentir un peu mieux la veille du marathon.
Il a pris le départ, fier d'être sur place.
Il avait un programme raisonnable en tête. Courir durant quelques kilomètres et marcher une minute. Une fois rendu vers le 30e kilomètre, il a réalisé qu'il pouvait se classer à nouveau pour l'an prochain dans sa catégorie d'âge. C'est à ce moment qu'il a eu une conversation avec lui-même.
Il a décidé de respecter son plan et lorsqu'il a franchi la ligne d'arrivée, il a constaté qu'il avait raté sa qualification par six minutes !
Que cela ne tienne. Tout s'était bien passé. Aucune nausée, aucun malaise, il s'était bien amusé. Il a conclu son marathon avec le sourire et le bonheur en lui.
Réjean venait de vaincre ses démons. Toutes mes félicitations cher ami.
Je suis certain que plusieurs personnes se reconnaîtront dans cette aventure.