Sept ans plus tard, la patience de Frédéric Chagnon est récompensée avec les Alouettes
MONTRÉAL – Ça faisait sept ans que Frédéric Chagnon attendait ce moment. Et ça tombe à merveille car le boni qu'il obtiendra lui permettra de payer le versement de taxe scolaire de sa nouvelle maison.
À 30 ans, ce pilier des unités spéciales était loin de se plaindre de son rôle. Mais l'ancien des Carabins de l'Université de Montréal conservait l'espoir de fouler le terrain sur une base régulière en défense.
Ce souhait, plus que légitime, s'est finalement produit alors qu'il a été au cœur de la stratégie défensive de son équipe, dimanche soir, face aux Stampeders de Calgary.
Même sa forte barbe ne cachait rien de son immense sourire de satisfaction, dans le vestiaire des Alouettes, après le triomphe de sa troupe.
C'était tout aussi plaisant pour lui de voir que des joueurs, comme Marc-Antoine Dequoy, et le directeur général Danny Maciocia viennent le féliciter pour sa grande contribution dans ce gain alors que la défense n'a alloué aucun touché.
En serrant la pince à Maciocia, Chagnon lui a lancé, le cœur léger, une phrase qui voulait tout dire « Comme dans le temps ! », en référence aux succès qu'il a obtenus en tant que secondeur avec les Carabins alors que Maciocia était son entraîneur universitaire.
Puisque l'ambiance était aux réjouissances, Maciocia a répondu avec joie « Ton 51%, tu vas l'avoir ».
« C'est correct, ça va payer l'hypothèque et j'ai un versement qui arrive pour les taxes scolaires », a répliqué Chagnon prouvant à quel point la réalité des joueurs de la LCF n'est jamais bien loin de celle de ses partisans.
Le jeune papa d'un garçon de deux ans nous a ensuite expliqué de quoi il était question.
« Dans la majorité des contrats, quand tu joues 51% des jeux défensifs, tu as un bonus. Je viens d'acheter une maison et ça va payer ma taxe scolaire », a noté Chagnon alors que les joueurs de la défense et le botteur David Côté ont été les artisans de ce triomphe.
La belle histoire de persévérance de Chagnon n'allait pas laisser l'entraîneur-chef Jason Maas impassible. Bien au contraire, Maas est parvenu à s'établir dans la LCF grâce à sa ténacité donc il se réjouissait pour ce joueur altruiste.
« C'est merveilleux ! On en a parlé ensemble, il vient de Montréal, il est dans la LCF depuis longtemps et il n'a pas beaucoup joué en défense. Il est un joueur très solide sur les unités spéciales et il connaît si bien son rôle », a d'abord lancé Maas à propos du diplômé des HEC.
« Chaque fois qu'on a eu besoin de lui en défense, il a été à la hauteur. Avec ce schéma défensif, ça lui permettait de jouer plus souvent. Je suis très heureux pour les joueurs comme lui qui doivent attendre longtemps avant d'obtenir une telle confiance. Il ne pense pas à lui, il pense à l'équipe au quotidien. C'est juste génial de voir un athlète qui se prépare adéquatement et qui réussit des jeux. Je ne pourrais pas être plus content pour lui », a enchaîné l'entraîneur.
Ce schéma défensif, c'est le front 30 qui consiste à retirer un joueur au centre de la ligne défensive au profit d'un secondeur supplémentaire. Selon la situation, le coordonnateur défensif peut décider d'appliquer une pression à cinq sur le quart adverse ou plutôt à trois pour compliquer le jeu aérien de l'adversaire. Des feintes de pression viennent aussi ralentir ses lectures.
« Parfois, il faut varier un peu les stratégies. Avec la semaine de congé, les entraîneurs sont devenus créatifs et le plan a fonctionné » a élaboré Dequoy à ce sujet.
« On savait qu'ils ont un bon quart-arrière et qu'ils avaient eu tendance à délaisser la course dernièrement », a ajouté Chagnon. Frédéric Chagnon
Au retour de la semaine de répit de son équipe, Chagnon a découvert le plan défensif élaboré par les entraîneurs. À partir de ce moment, il a commencé à croire que cette approche pourrait lui ouvrir la porte qu'il tentait d'enfoncer depuis sept ans.
Auparavant, il n'avait foulé le terrain en défense que sporadiquement lors d'une blessure d'un coéquipier ou pour accorder du repos à des partenaires.
« Rendu à mon âge et avec toutes les saisons jouées, j'avais accepté mon rôle sur les unités spéciales. Quand j'ai su que j'aurais l'occasion de jouer en défense, j'ai eu l'impression de retourner dans le temps, je me suis dit ‘Amuse-toi !' C'est vraiment la première fois que j'avais un schéma préparé pour moi », a confié Chagnon.
« C'est vraiment plaisant de voir que des dirigeants croient suffisamment en moi et surtout en fin de match comme ça », a ajouté l'athlète de six pieds quatre pouces alors que les Stampeders ont menacé jusqu'au dernier jeu.
Pour un joueur qui avait été libéré par les Alouettes avant la saison 2021, le sentiment était savoureux. Cette grande déception l'avait motivé à revenir en force. Après un passage à Ottawa en 2021, il a été rapatrié par Montréal en 2022 et il a obtenu une nouvelle entente pour 2023.
De la façon dont le plan a fonctionné face à Calgary, on reverra assurément le schéma misant sur Chagnon dans des contextes appropriés.