Le calendrier fait rager, l'avenir sans Fajardo inquiète
MONTRÉAL – Jason Maas a commencé son bilan d'après-match comme le font la plupart du temps les entraîneurs dont l'équipe vient de subir une rude défaite. Il a refusé de tomber dans les excuses, a applaudi les efforts de l'adversaire et a promis que ses joueurs sortiraient grandis de cet échec.
Mais il suffisait d'insister juste un peu pour que l'entraîneur des Alouettes finissent par l'admettre du bout des lèvres : son groupe partait avec deux prises contre lui pour la visite des Argonauts de Toronto.
Les Alouettes n'avaient eu que quatre jours pour reprendre leur souffle et refaire leurs forces après leur remontée spectaculaire contre les Stampeders de Calgary le week-end dernier. Il est vite devenu évident que la fatigue les a rattrapés à leur retour sur le terrain.
Kaion Julien-Grant a déclaré forfait avant même le début du match. Cody Fajardo a dû quitter pour l'infirmerie avant la fin du premier quart. Le secondeur Geoffrey Cantin-Akru, le joueur de ligne offensive Justin Lawrence et le joueur d'unités spéciales K.D. Davis sont tous sortis de la surface de jeu avec peine à un moment ou un autre de la partie.
Des absences se sont fait ressentir plus que d'autres. José Maltos, qui remplaçait David Côté à la position de botteur, a raté sa première tentative de placement en début de match. Shedler Fervius, inséré dans la formation à la place de Julien-Grant, a échappé une passe facile pour une transformation de deux points. Caleb Evans, qui a dû remplacer Fajardo à pied levé, a joué comme un quart substitut duquel on ne peut attendre de miracles.
Les soldats qui sont restés debout ont aussi montré des signes de vulnérabilité inhabituels. Les unités spéciales ont été poreuses, concédant près de 300 verges et un touché sur des retours de bottés d'envoi et de bottés de dégagement. La défensive a travaillé fort pour éviter l'inévitable, mais a elle aussi fini par manquer d'essence.
« On va me mettre à l'amende si je dis vraiment le fond de ma pensée », s'est retenu Maas avant de se délier légèrement la langue.
« Tout ce que je vais dire, je l'ai dit dans le passé : est-ce que le football est fait pour être joué après cinq jours de repos? Je ne le crois pas, c'est mon opinion. Mais il fallait le faire, donc on l'a fait. Est-ce que ça a contribué à ce qu'on a fait ce soir? Je n'aime pas l'aborder de cette façon. »
On ne parlerait malgré tout que d'une banale défaite au milieu d'un long calendrier si ce n'était de la blessure de Fajardo, de loin la plus grosse source d'inquiétude des Alouettes au terme de ce match.
Fajardo a été aperçu avec un bandage autour de la cuisse droite dans le vestiaire. Il avait l'air pensif. Oserait-on dire résigné? Rien dans sa gestuelle n'exprimait en tout cas l'optimisme et la légèreté. Et rien dans les propos de son entraîneur n'a permis de minimiser cette impression.
« Le fait qu'il n'a pas pu terminer le match en dit long, a répondu Maas. Il va subir des examens et va obtenir un échéancier pour son retour. J'espère que ça sera plus tôt que tard, j'ai confiance que les gars derrière lui peuvent faire le travail. On a gagné deux matchs sans lui l'an dernier et le plan sera de faire la même chose si on doit s'en passer une fois de plus. Mais c'est évident qu'on aimerait qu'il soit de retour et je sais qu'il fera tout en son pouvoir pour jouer. »
Evans, dont le rôle se limite habituellement à venir chercher la verge nécessaire en situation de troisième essai, risque d'avoir une semaine de congé plus chargé qu'il ne s'attendait. À 25 ans, il pourrait hériter de la responsabilité de garder une équipe ambitieuse, championne en titre de la Coupe Grey, à flot.
« Je crois que ça ne change pas tellement, a-t-il prétendu devant son casier. La semaine de repos me donnera la chance de trouver mes repères. Je serai ici à Montréal, je vais continuer à travailler, continuer à m'entraîner avec les gars. »
C'est fou ce que les choses peuvent changer en seulement quatre ou cinq jours.