Les Alouettes ont été coulé par l'indiscipline et les erreurs mentales
Alouettes samedi, 21 août 2021. 16:35 dimanche, 8 déc. 2024. 19:19Les Alouettes ont raté une chance en or de repartir de Calgary avec une fiche de 2-0 après deux matchs pour la première fois depuis 2011, en subissant la défaite 28 à 22 contre les Stampeders à Calgary, vendredi. Les Stamps étaient pourtant privés de leur quart-arrière partant Bo Levi Mitchell et devaient s’en remettre à Jake Maier, un quart américain recrue qui en était à un tout premier départ dans la LCF.
Les Alouettes avaient l’occasion de mettre à mal le jeune quart de Calgary. Un quart-arrière américain recrue qui en était à un premier départ chez les professionnels dans le football de la Ligue canadienne en plus, c’est beaucoup pour un jeune quart. Il était intéressant de voir comme Maier allait réagir sous les feux de la rampe. Le début de match a été comme plusieurs pensaient, la défense des Alouettes lui a fait la vie dure en forçant deux interceptions sur ses six premières tentatives de passe et si vous avez regardé le match, vous savez que ça aurait facilement pu être trois interceptions si Wes Sutton n’avait pas échappé une passe dans ses mains sur la toute première tentative de Maier.
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À la suite des deux interceptions, l’attaque a fait ce qu’elle devait faire en honorant le travail de la défense en marquant deux touchés. C’est alors 14 à 3, les Alouettes ont le vent dans les voiles et ils ont l’occasion de sortir les Stampeders du match puis tout à coup, Vernon Adams se fait intercepter par Roy Metchie dans la zone payante. On parle souvent de moments tournants dans un match, de jeux qui ont fait basculer un match, mais j’ai rarement vu un jeu avoir un impact aussi évident et aussi significatif sur l’allure d’un match. C’était le jour et la nuit. Montréal arrive dans la zone payante avec l’occasion d’inscrire un touché et de prendre une avance de 21 à 3, de prendre un avantage de 18 points, donc trois possessions. À la limite, sans revirement, un botté de précision aurait donné 14 points d’avance aux Alouettes, mais au contraire, Vernon Adams prend une mauvaise décision et se fait intercepter en lançant dans une couverture de zone. C’était une des premières fois du match que les Stampeders utilisaient une couverture de zone après s’être un peu entêtés en début de match à faire des couvertures homme à homme. Tout d’un coup, on mélange les stratégies, Adams commet une erreur et ce sont les Stampeders qui marquent un touché en remontant le terrain. On passe d’une possibilité d’avoir un avantage de 18 points à avoir un avantage de cinq points. Et là tout d’un coup, on a senti les Stampeders retrouver de l’énergie, retrouver de la confiance, l’espoir était au rendez-vous, on a commencé à y croire et surtout, on a réveillé la foule puisqu’à 14-3, on aurait pu entendre une mouche volée dans le Stade McMahon. À partir de l’interception d’Adams, les Stampeders ont inscrit les 25 points suivants. Quand on parle d’un jeu qui a changé l’allure d’un match, c’est impossible de faire plus évident.
Une chose qui est frappante quand on illustre le travail des deux quarts-arrière, le vétéran Vernon Adams contre la recrue Jake Maier, c’est la façon dont les deux ont réagi après les erreurs. C’est Maier qui a eu l’air du vétéran et Adams de la recrue. J’ai fait les statistiques des deux quarts. Maier n’a complété que deux passes sur six tentatives en début de match en plus de lancer deux interceptions qui auraient dû être trois interceptions. Il commence le match, complète seulement 33% de ses passes, deux interceptions, pas de touché et 56 verges. Après son passage à vide de début de match, il revient et complète 14 de ses 23 passes tentées, donc 61% de passes complétées, pour 248 verges et un touché. Maier a joué son meilleur football après un début de match catastrophique. Pour un jeune homme qui en était à son premier départ professionnel, je dois dire bravo pour avoir retrouvé sa confiance, pour être resté calme et avoir conservé son sang-froid. D’ailleurs il avait démontré en conférence de presse une bonne confiance, il faut croire que ce n’était pas de la frime puisqu’avec un début de match comme ça, plusieurs quarts se seraient effondrés. De l’autre côté, le vétéran Vernon Adams commence le match 7 en 11, 109 verges et il complète 64% de ses passes. Ensuite après l’interception, énorme passage à vide. Si on fait le calcul de l’interception jusqu’au soubresaut en fin de match où on a mis du piquant dans le match, Adams a eu une séquence de 4 en 12. Il complétait 33% de ses passes seulement pour un grand total de 29 verges. La poussée en fin de match a amélioré ses statistiques, mais contrairement à Maier après son interception, ça n’a pas bien été, il a mal réagi. C’est assez intéressant à voir comme contraste. C’est décevant de voir que les Alouettes n’ont pas bien réagi à l’adversité comparativement aux Stampeders.
Pour demeurer avec Vernon Adams, il a terminé sa soirée avec 20 passes complétées en 42 tentatives. Ce n’est jamais une bonne chose quand ton quart-arrière a moins de passes complétées que de passes incomplètes. Il faut comprendre qu’il n’était pas seul là-dedans et que ses receveurs ont été inconstants pour un deuxième match de suite. Eugene Lewis s’est donné des airs de S.J. Green en début de match avec un attrapé spectaculaire en gardant un pied à l’intérieur comme l’ancien numéro 19 des Alouettes avait l’habitude de réserver aux partisans. Ensuite par contre, Lewis a été bien plus invisible et a terminé la soirée avec seulement cinq passes captées sur 12 tentatives dans sa direction. Le constat est le même dans le cas de B.J. Cunningham qui n’a capté que quatre passes en huit tentatives vers lui. Peu importe la raison, ce n’est pas un haut pourcentage de réussite, il faut que ça s’améliore et tout de suite. En même temps, Adams a manqué des opportunités exceptionnelles de faire des grands jeux et il a manqué de doigté. On a tendance à penser que la précision d’un quart-arrière vient du bras, mais tout commence en fait d’une bonne fondation avec un bon jeu de pied et souvent Adams ne prenait pas le temps de bien s’installer et ç’a donné plusieurs passes imprécises à des receveurs qui étaient démarqués. Parfois lorsqu’il était précis, c’était le receveur qui échappait le ballon. C’était un ou l’autre, ce sera à surveiller, il va falloir travailler la base. L’entraîneur-chef Khari Jones est un ancien quart-arrière qui est bien placé pour le savoir et pour analyser tout ça. C’est certain qu’on va travailler sur les fondamentaux dans les prochaines semaines.
Pour en terminer avec l’attaque, ce qui est quand même fou, c’est que si on ne regardait pas le pointage, seulement les statistiques, on croirait que les Alouettes ont gagné. Montréal a terminé le match avec 72 jeux en attaque, 27 premiers essais, 406 verges d’attaque, 157 verges au sol, aucun sac du quart alloué, on a eu le ballon 32 minutes et 15 secondes, on a été victime d’un seul revirement, on a converti 56% de nos deuxièmes essais et les Alouettes ont terminé trois en quatre dans la zone payante. En regardant ces chiffres-là, on se dit que les Als ont gagné facilement, c’est ça qui est frustrant et qui fait qu’on se gratte la tête. Un match de football c’est rempli de haut et de bas, il y a toujours des passages à vide. Le problème c’est que le passage à vide a été très long entre le début de match et la fin de match. C’est certain que ce passage à vide a affecté les Alouettes. Si on regarde du côté défensif, on se dit : « Wow, le quart-arrière adverse a complété seulement 55% de ses passes, il a été victime de trois revirements, les Stamps ont seulement 80 verges au sol, ils ont seulement 300 verges d’attaque et ils n’ont eu que 56 jeux offensifs. Voyons donc, comment ça les Alouettes ont perdu? ». Qu’est-ce qui a donc pu causer la perte des Alouettes?
Tout le monde qui a écouté le match sait où je vais aller avec mon prochain point. L’indiscipline. La plus grande différence dans le match, ç’a été l’indiscipline des Alouettes. Seize pénalités pour 149 verges. On a fait des cadeaux. Combien de pénalités ont permis à l’adversaire de garder sa séquence en vie, de traverser le terrain, d’avoir des deuxièmes chances? Combien de pénalités en attaque ont fait qu’on n’était pas capables de combler des jeux négatifs et qu’on redonnait le ballon aux Stamps? Je comprends que les Alouettes veulent avoir une équipe intense, physique et robuste et que des fois il faut vivre avec certaines pénalités, mais pas au point de perdre le contrôle, de voir des joueurs faire des gestes égoïstes et de répliquer à l’adversaire. C’est souvent celui qui réplique qui se fait prendre, c’est comme dans tous les sports. C’était décevant de voir cette indiscipline. Sur les 16 pénalités également, il y en avait six que je classerais dans la catégorie des pénalités évitables. Des manques de concentration comme des hors-jeux défensifs. Huit autres pénalités dans la catégorie de la rudesse, qui ont été entraîné parce qu’on a mal géré nos émotions. Je comprends Khari Jones qui a dit à l’issue du match que c’était gênant comme performance parce que l’indiscipline d’une équipe se reflète sur l’entraîneur. Khari Jones était gêné et il avait raison de l’être puisque c’était gênant comme indiscipline et ce n’est pas bon pour un entraîneur-chef. Il y a eu un solide travail d’autodestruction.
Dans le football, il y a toujours le cliché, perdre un match ce n’est pas la fin du monde et c’est dans la façon dont tu perds le match qu’il faut aller chercher le plus d’information. Ce qui est le plus frustrant c’est la façon dont les Alouettes ont perdu le match. Ce que je trouve le plus décevant, ce n’est pas la défaite ou les passes incomplètes, c’est la façon dont les Alouettes ont réagi à l’adversité. Ils ont perdu leur sang-froid, ils n’ont pas gardé leur calme et n’ont pas réussi à gérer leurs émotions. Un match de football, c’est rempli de haut et de bas et c’est la façon dont tu réagis à un mauvais jeu qui est importante. Je trouve que les Alouettes ont perdu les pédales. Pour la première fois de la saison, ça n’allait pas bien et ils se sont écroulés. L’interception d’Adams a eu un effet « Double Whammy », c’est-à-dire d’énergisé les Stamps et ç’a entraîné la déconfiture du côté des Als. Il faut apprendre à gérer ça. La ligne défensive n’a pas su profiter d’un deuxième match consécutif où la ligne offensive adverse était privée de ses deux bloqueurs réguliers. Contre Edmonton, ça avait très bien été avec quatre sacs du quart, mais contre les Stamps, seulement un sac et la ligne n’a pas été en mesure de rendre inconfortable le jeune quart des Stampeders.
S’il y a une leçon à retenir du côté de l’attaque, c’est qu’il faudra diversifier davantage la sélection de jeux pour aider Vernon Adams. Contre Edmonton, les Alouettes avaient effectué 29 courses et 22 passes. Contre Calgary, c’était 24 courses, 42 passes. Ce n’est pas ça la recette des Alouettes. La recette des Alouettes c’est celle de la première rencontre. Ça prend plus d’équilibre. Je comprends qu’on était dans du football de rattrapage, mais les Alouettes menaient quand même à la mi-temps. Vernon Adams est un bon quart-arrière lorsqu’il est appuyé par un jeu au sol et qu’il peut exploiter des feintes de remises au porteur de ballons suivies de passes. Ce n’est pas le genre de quart-arrière qui doit se mettre à lancer plus de 40 fois par match. Ça ne fait pas de lui un mauvais quart, mais historiquement ce n’est pas la recette pour ce genre de quart. Il faudra revenir avec plus d’équilibre. Mais comme Khari Jones l’a dit, la bonne nouvelle c’est que c’est arrivé au deuxième match et il pourra y avoir des ajustements et les Alouettes pourront apprendre de cette défaite, des fois tôt dans la saison ça permet d’ajuster et de faire passer des messages et de repartir dans la bonne direction. Je suis pas mal certain que tous les joueurs ont un goût amer en bouche et ils auront hâte à l’ouverture locale vendredi prochain contre les Tiger-Cats de Hamilton et de montrer que contre Calgary c’était une contreperformance.
Propos recueillis par Guillaume Pelletier