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RÉSULTATS

Davis Alexander a convaincu les Alouettes par son talent et son caractère

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MONTRÉAL – En 2024, Davis Alexander a prouvé son talent sur le terrain, mais c'est sa façon de composer avec le décès de son père qui a convaincu toute l'organisation des Alouettes de bâtir l'avenir autour de lui.

 

Il va de soi que l'athlète de 26 ans a immédiatement pensé à son père quand il a eu, lundi soir, la confirmation que les Alouettes lui accordaient un contrat digne d'un quart-arrière partant pour les trois prochaines années.

 

Dès qu'on a posé cette question délicate – avec le plus grand respect possible – Alexander a eu besoin d'une pause et ses yeux ont été embués par les larmes.

 

Comme il a l'habitude de le faire, il a choisi de parler avec son cœur et avec ses émotions. Il a reculé dans le temps, en 2022, quand il a signé son premier contrat avec les Alouettes.

 

« J'habitais chez mon oncle pour m'entraîner. Il m'a laissé emprunter l'auto, il payait ma nourriture, je devais seulement payer l'essence. Je m'entraînais huit à neuf heures par jour pour ne rien négliger, je me battais pour ma carrière. Ensuite, j'allais travailler comme livreur pour remplir le réservoir d'essence. Je poussais mon agent pour que les Alouettes m'embauchent, peu importe la NFL », s'est rappelé Alexander.

 

« Quand j'ai eu l'appel de mon agent et que j'ai reçu le contrat, j'avais les larmes aux yeux. Mon père a été le premier que j'ai appelé, c'était un moment très spécial que je ne vais jamais oublier », a poursuivi Alexander avec émotion.

 

Il a effectué ce petit détour pour arriver à la grande nouvelle de cette semaine.   

 

« Même si mon père n'est plus avec moi, je sais qu'il sera toujours à mes côtés. Je sais qu'il est extrêmement fier et je n'aurais jamais pu me rendre aussi loin sans lui », a confié Alexander en s'essuyant quelques larmes.

 

Cette saison, quand son père était rendu au dernier droit de sa vie, Alexander n'a jamais négligé son boulot avec les Alouettes. Il n'a jamais tardé à revenir avec l'équipe même après son décès. Il vante le magnifique soutien de ses proches, mais c'est son caractère qui lui a donné cette force.

 

Avec cette résilience et tout ce qu'il a démontré sur le terrain en l'absence de Cody Fajardo, le directeur général Danny Maciocia a choisi de retirer le ballon des mains du vétéran.

 

« Comme DG, je dois m'occuper du présent, mais également de l'avenir. Je savais que ce serait difficile de garder les deux. Ça fait environ quatre à six semaines que je travaille là-dessus et que ça me travaille entre les deux oreilles. Ce n'était pas une décision facile à prendre, mais c'était la bonne décision pour l'organisation », a exposé Maciocia.  

 

« Je comprends aussi comment les entraîneurs pensent - j'ai occupé ce poste - ils veulent gagner aujourd'hui. Je suis assez confiant qu'on pourra gagner immédiatement », a ajouté le dirigeant qui indique qu'un consensus a régné auprès des entraîneurs.

 

Alexander a épaté avec sa fiche de 4-0 comme partant, mais ça prenait tout de même de l'audace pour investir sur lui avec un échantillon si succinct.

 

« Il y a toujours des risques. Quand j'ai engagé (Jason) Maas (l'entraîneur-chef) et Fajardo, des gens disaient que c'était un risque. Je dirais que c'est un risque calculé. Je le dis assez souvent scared money doesn't win at the casino. On va prendre les décisions qui sont les meilleures pour l'organisation. Si tu as peur de prendre des décisions, comment fais-tu pour progresser? », a réagi Maciocia qui se fie sur l'encadrement de Maas et Anthony Calvillo pour guider Alexander.

 

Pour donner une idée de sa confiance en Alexander, Maciocia s'est placé dans une situation hypothétique plutôt déchirante. Celle que les Alouettes auraient vaincu les Argonauts de Toronto en finale de l'Est et qu'ils auraient ensuite défendu, avec succès, leur titre de la coupe Grey avec Fajardo nommé joueur par excellence pour une deuxième année d'affilée.

 

« Ça représentait le scénario le plus corsé. Même avec un tel contexte, ç'aurait été difficile de ne pas y aller avec Davis pour la suite. Il a huit à dix devant lui comparativement à une année à la fois avec Cody », a justifié Maciocia.

 

On y reviendra en détails vendredi, mais Maciocia a assuré Fajardo qu'il allait l'accommoder. S'il ne trouve pas un contrat de partant ailleurs dans la LCF, il évaluera s'il veut accepter une baisse de salaire pour demeurer à Montréal et la retraite représente la troisième option.

 

La pression, Alexander en raffole

 

Comme dans la vie, le sport professionnel fait parfois drôlement les choses.

 

« La première chose que Cody m'a dite en arrivant avec les Alouettes, c'est que je devais être prêt pour mes occasions et que, si j'en profitais, la vie pouvait changer d'un seul coup », s'est remémoré Alexander.

 

Voilà exactement ce qui s'est produit quand Fajardo s'est blessé le 11 juillet contre Toronto. Le chemin s'est ouvert pour Alexander, mais les Alouettes avaient d'abord délégué Caleb Evans comme remplaçant.

 

« Je n'ai jamais cru que je n'avais pas d'avenir avec les Alouettes. Oui, je suis un compétiteur et j'ai vécu des frustrations, mais on a discuté pour déterminer comment je pourrais mériter une occasion de me faire valoir », a réagi Alexander.

 

En raison de son gabarit modeste, Alexander a dû se contenter d'un parcours à l'Université Portland State. Quelques années plus tard, il devient le visage et l'avenir des Alouettes.

 

« Ce n'est pas de la pression à mes yeux. Je sais que les attentes sont élevées, mais ça ne m'effraie pas du tout. Oui, c'est une position importante, mais j'ai une bonne équipe autour de moi. C'est ce que j'aime faire, je vais rester la même personne peu importe mon statut », a évoqué Alexander qui rêve de jouer jusqu'à 45 ans.

 

Transparent, Alexander a avoué qu'il aurait regardé ailleurs si les Alouettes n'avaient pas voulu lui consentir un contrat de partant.

 

D'ailleurs, étant donné que c'est sa première entente du genre, il s'agit d'un contrat pont – comme le disait Maciocia – ce qui confère une petite marge de manœuvre aux Alouettes.

 

Mais Alexander s'en réjouit, il entend saisir cette occasion et repousser ses limites. Tout ça, en intégrant ce qu'il a appris de Fajardo.

 

« Cody a permis à l'attaque de croire qu'elle pouvait exceller. Il a été merveilleux avec moi et je ne lui souhaite que le meilleur », a exprimé Alexander qui était le documentaire The Dynasty sur les Patriots de la Nouvelle-Angleterre pendant son voyagement vers Montréal.

 

Puisqu'on a entamé l'article sur une note émotive, terminons sur un ton léger. Alexander était un peu gêné de révéler son inspiration de jeunesse.

 

« Je ne pense pas que vous allez aimer cette réponse, mais c'était assurément Johnny Manziel. Il était un compétiteur si féroce avec un grand talent et de belles habiletés. Il voulait toujours que le jeu se poursuive et il n'abandonnait jamais. J'ai toujours aimé sa passion », a noté Alexander en promettant d'être plus sérieux que Manziel à l'extérieur du terrain.